Chapitre 19

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            Pendant tout le vol, Layla regarda par le hublot. A cause de l'altitude et de la vitesse, elle ne distinguait pas grand-chose. Cependant, elle essayait tout de même de deviner ce qu'étaient les formes indistinctes en contre-bas. Après avoir survolé les champs de Glargh et les forêts de la Péninsule, ils volaient désormais au-dessus des hautes montagnes enneigées séparant le reste du continent. Son ventre avait commencé à crier famine au moment où la neige apparue. Avant ce jour, elle n'avait vu cette pellicule blanche qu'une seule fois. Il ne neigeait jamais à Lugdum comme sur toute cette partie du continent d'ailleurs. Elle n'avait pas vu passer la matinée : entre l'assignation et leur départ, tout s'était enchainé très vite.

          Son maître ne lui avait adressé la parole que pour savoir comment elle avait réussi à se téléporter au match de Yellow Ball. Layla ne lui avait rien dit concernant Kovnur, se contentant de lui répondre qu'elle ne le savait pas. Cette réponse n'avait pas eu l'air de le satisfaire. Il s'était assis sur le premier siège venu. Il réfléchissait tout en se grattant la barbe de trois jours recouvrant son menton. Layla se doutait bien qu'il ne la croyait pas, mais elle ne pouvait pas lui parler de l'épée. Pas tout de suite en tout cas. Elle ne lui faisait pas encore confiance.

          Le silence omniprésent dans le vaisseau devenait pesant. On lui avait dit que l'apprenti devait attendre que son maître s'adresse à lui pour pouvoir lui parler, mais elle avait envie de casser le silence. Son ventre gargouilla. Cela faisait quand même une bonne heure qu'il ne parlait plus. L'avait-il oubliée ? Elle finit par dire :

« On est censé arriver dans combien de temps ?

- Ne sais-tu pas que tu dois attendre que je m'adresse à toi pour me parler. »

          Elle le savait mais le silence présent dans le vaisseau lui changeait de la tour de l'Ordre. Lorsqu'elle habitait chez sa mère à Lugdum ou chez son ancien maître, Belgar, elle adorait le silence. Elle le trouvait apaisant et récupérateur, mais depuis qu'elle avait vécu avec Maria, elle avait appris à apprécier l'animation.

« Nous ne devrions pas tarder à arriver. Tu devrais mettre un manteau ou une cape, il risque de faire froid dehors. Pourquoi demandes-tu cela ?

- Cela fait déjà un moment que nous volons, répondit Layla tout en mettant la cape que lui avait offert Belgar, et je commence à avoir faim. Aussi le silence est pesant par rapport à toute l'activité de la tour.

- Eh bien, tu en as des raisons, fit-il ironique, Le clan où vit mon maître séjourne sur les plus hauts pics au milieu de la chaîne de montagne. Cela rend plus difficile l'accès à leur temple. Ainsi, ils peuvent éviter d'être dérangés par d'éventuels curieux. Par le passé, leur position devait leur permettre de ne pas se faire envahir par les différents royaumes adjacents qui ne cherchaient que ça. Ne t'inquiète pas, nous allons les rejoindre pour le repas. »

          A peine eut-il prononcé ces mots que la voix du pilote se fit entendre à travers les microphones présents dans le transport.

« Ici votre commandant de bord. Nous avons reçu l'autorisation d'atterrir sur une des plateformes. Veuillez regagner vos sièges et attachez vos ceintures. »

          Dakiro accrocha la sienne aussitôt. Layla regagna le siège où elle avait posé ses affaires. Elle glissa son sac sous l'assise entre ses jambes et attacha sa ceinture. Layla sentit le vaisseau ralentir. Le transport fut secoué par quelques rafales de vent lors de la descente. Il finit par se poser sans problème. Layla regarda par son hublot. A l'extérieur, la seule chose visible par-dessus le blizzard était une grande plateforme circulaire. Leur vaisseau était stationné en son centre. Après quelques niveaux d'escaliers, elle crut voir un temple à la construction singulière. Les coins du toit étaient légèrement recourbés. Une rangée de colonnes faisant le tour du bâtiment permettait un prolongement du toit, créant une terrasse couverte tout autour du bâtiment. Un homme vêtu d'un manteau noir descendait l'escalier, venant à leur rencontre.

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