Chapitre 15

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            Les boules ne devaient pas tomber ! Layla était tellement concentrée que des gouttes de sueur dégoulinaient sur son visage. Elle était sur un pied, tournant doucement sur elle-même. Elle faisait voler en orbite autour d'elle plusieurs boules d'énergie : de feu, d'argile, d'eau... C'était l'une des dernières difficultés du Kun thala, demandant souplesse et maîtrise de la magie. Son maître était assis sur une chaise à ses côtés. Un bruit dans la forêt la surprit ! La boule de feu disparut balayée par le vent, celle d'argile et d'eau s'écrasèrent au sol créant une couche de boue sur les pieds de Layla.

          Déçue, elle attendit une remarque quelconque de son maître mais celui-ci ne dit pas un mot. Il ne la regardait même pas. Il était perdu dans un de ses souvenirs. Cela lui arrivait souvent ces derniers temps. Elle l'interpella :

« Maître ?

- Ah...euh... oui c'était très bien... Désolé j'étais ailleurs. »

          Il rentra à l'intérieur de la maison sans plus un mot. Layla resta plantée là un moment, les pieds toujours recouverts de boue, surprise par sa réaction. Puis, elle rentra voulant voir ce qu'il faisait. Il était en train de mettre dans un baluchon du pain ainsi que quelques fruits. Sans la regarder, comme perdu encore dans un rêve refusant de s'en aller, il lui dit :

« Je n'ai plus rien à t'apprendre. Tu maîtrises suffisamment la magie pour devenir apprentie. Seule la pratique te fera avancer. Tu continueras d'apprendre l'ancien langage à l'école de l'Ordre jusqu'à trouver un maître qui finira ta formation. Demain tu partiras.

- Mais... et vous maître ?, commença-t-elle à protester, Je ne peux pas vous laisser seul.

- Moi, je reste ici. Je vais continuer à vivre dans ce lieu reculé jusqu'à la fin de mes jours je pense. Ne t'inquiète pas pour moi. J'ai vécu seul de nombreuses années et je pense pouvoir le faire encore une fois.

- Mais je ne veux pas vous abandonner, dit-elle en le prenant dans ses bras.

- Tu ne m'abandonnes pas, jeune fille. C'est juste qu'il est l'heure pour toi de prendre un chemin différent du mien. Tu pourras me rendre visite si c'est ton vœu mais fais quelque chose pour moi...

- Tout ce que vous voulez maître.

- Ne dit à personne que je vis ici. Cet endroit est un refuge et il doit en rester ainsi !

- Très bien, fit-elle la tête dans les plis de sa tunique »

          Deux ans s'étaient écoulés depuis qu'elle avait commencé son entraînement avec Belgar. Elle avait traversé des périodes de doutes et de difficultés mais avait toujours trouvé du soutien en la personne de son maître. Il était devenu son mentor et un père pour elle. Durant ces deux années, elle avait retrouvé la joie de vivre à travers la découverte d'un nouveau monde, d'un monde magique. Un flot de sentiments et de souvenirs la traversa, et elle ne put s'empêcher de verser quelques larmes, inondant l'épaule de son vieux maître. Il finit par dire :

« Tu devrais aller préparer tes affaires. Je t'ai mis un sac à dos sur ton lit. Nous partirons de bonne heure demain pour arriver à temps. »

          Elle hocha la tête en signe d'acquiescement tout en séchant ses larmes d'un revers de main. Elle monta à l'étage. Layla trouva, en effet, un gros sac à dos sur son lit. Il était de bonne facture et suffisamment gros, pour qu'elle y mette toutes ses affaires. Elle y rangea ses quelques tenues et affaires de toilette. Son regard se posa sur son épée, Kovnur. Elle l'avait presque oubliée, posée là sur le côté du coffre. Est-ce qu'elle devrait la prendre ? Layla hésita. Elle descendit poser la question à Belgar. Ce dernier réfléchit un moment puis lui dit :

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