Chapitre 18

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            Layla était seule. Maria n'était pas à ses côtés. Au milieu d'un champ de bataille, du sang ruisselait de ses mains. La terre rocheuse était recouverte de cadavres atriens et cromoïdes. Elle avait peur, et était essoufflée. Layla se releva. Elle vit devant elle un immense mur noir avec des portes toutes aussi énormes. Entre des créneaux, des drapeaux, représentant l'insigne de l'empire cromoïde, flottaient, agités par un vent chaud et poussiéreux. Les portes de la ville étaient légèrement ouvertes, juste assez pour laisser passer un homme. Personne n'était avec elle, juste des cadavres. Elle essaya de crier le nom de son amie mais aucun son ne sortit de sa bouche. Layla avança prudemment en direction des portes. Le ciel nuageux annonçait une tempête à venir. S'approchant de la porte, elle aperçut une rue pavée avec des maisons de pierres noires et au toit d'ardoise. Arrivée à une dizaine de mètres de la porte, un battement d'ailes passa au-dessus d'elle. Layla leva la tête mais ne vit rien.

          Soudain, une forme indistincte atterrit dans un écran de fumée noire, bloquant l'accès à la porte. D'un coup de cape, l'homme svelte dissipa la fumée. C'était Nelthyr ! Il était vêtu d'une armure de plates rouges et noires. Le feu alentour se reflétait dessus, lui donnant un aspect miroitant. Sa longue cape noire attachée à ses épaulettes entourait sa nuque d'un col relevé. Des tatouages sur son visage lui donnaient un air cruel. Il ouvrit la bouche et sa voix grave résonna tout autour d'elle :

« Rejoins-moi, et joins-toi à l'Empire ! A nous deux, nous pourrons mettre un terme à cette guerre qui n'a que trop duré ! Embrasse la voie de la raison ! »

          Layla ne put ni répondre ni réagir. D'un geste souple et rapide, Nelthyr tira sa rapière et une boule de feu quitta sa lame pointée sur Layla. Cette dernière n'eut pas le réflexe d'esquiver. Elle était clouée sur place par la peur. Le projectile la percuta, la projetant en arrière. Elle tomba à plat dos sur le sol caillouteux. Sa tête frappa brutalement la roche.

          Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle s'attendait à voir Nelthyr au-dessus d'elle prêt à la transpercer de sa lame mais il n'en fut rien. La lumière des torches avait disparue, le ciel aussi. Elle se trouvait maintenant dans une pièce à l'intérieur d'un bâtiment. Elle essaya de s'asseoir mais lorsqu'elle leva la tête du sol, celle-ci lui fit atrocement mal. Elle porta sa main au niveau de la blessure, puis la regarda. Elle ne saignait pas.

          Elle analysa la pièce. Layla était allongée sur un lit de pierre et il n'y avait nul meuble dans la salle. Cette dernière était circulaire. Je suis sûrement dans une tour. Un bruit venant de l'entrée attira son attention. Elle se leva et porta la main à sa ceinture. Elle ne portait pas Kovnur. Layla sortit prudemment de l'alcôve. Le couloir aussi n'était pas éclairé.

          Lorsqu'elle posa le pied hors de la salle, elle remarqua qu'elle était pieds nus. Les pierres du couloir n'étaient pas chauffées contrairement à celles de l'alcôve. Un frisson la gagna. Directement sur la gauche une double porte de bois était fermée, et sur la droite le corridor continuait sur une quinzaine de mètres jusqu'à une ouverture. Des vitraux le long du mur de droite laissaient passer la lumière de la lune, éclairant le tapis rouge bordeaux au centre du couloir. Après avoir vérifié que la double porte était fermée à clef, Layla se dirigea vers l'unique porte. Dès que la lumière de la lune éclaira son visage, elle s'arrêta, regardant les magnifiques vitraux. Ils racontaient une histoire. Ils décrivaient le cataclysme, s'étant déroulé à peu près mille ans auparavant. Les océans s'étaient élevés encore et encore. Ils avaient recouvert les petits îlots connus, redessinant la carte du monde. Atras et Chromos perdirent la moitié de leur superficie pour devenir ce qu'ils sont aujourd'hui.

          Tout à coup, la double porte claqua sur le mur, s'ouvrant violement. Layla se retourna. Quelqu'un en robe sombre se trouvait dans l'embrasure de la porte. Un éclair déchirant le ciel permit à Layla, dans un sursaut, de découvrir le visage de Xorus. Ses veines noires étaient encore plus visibles que d'habitude et ses yeux étaient entourés de taches sombres. Il s'écria :

AtrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant