Secret Love

Chapitre 2

     Non mais c'est pas possible... il me suit ou quoi ? Ça veut dire qu'on est voisins ? J'ai la mauvaise impression qu'il va vouloir devenir mon ami sauf que je n'en ai pas eu depuis l'année dernière...

     Je secoue la tête pour remettre mes idées en place et leur dis d'entrer.

     Il y a une femme blonde avec un très grand monsieur brun, probablement le basketteur, Elyas et un petit garçon qui ressemble beaucoup à la madame, donc j'en déduis qu'il doit être son petit frère.

     Je leur demande de retirer leurs manteaux et de les accrocher dans le placard prévu à cette effet. Je leur montre ensuite la cuisine qui sert aussi de salle à manger et le salon juste à droite.
— Où est ta maman ? me demande la mère d'Elyas.
— Elle arrive madame.
— Ah non, pas de ça avec moi. Appelle-moi Katherine. Et voici mon mari David, mon premier fils Elyas, je ne sais pas si vous vous connaissez mais il est dans le même lycée que toi, et mon deuxième fils Gabriel.

     Je prends garde à éviter le regard d'Elyas tandis que je salue poliment sa famille.
— Enchanté, je m'appelle Adam, dis-je d'une voix monotone. Et oui je connais Elyas on est dans la même classe.
— Oh, c'est parfait ça dis donc ! Nous venons d'emménager et Elyas ne connais pas du tout la ville, tu pourrais lui montrer quelques coins sympas un de ces quatre ! dit-elle d'une voix enjouée.
— Ah euh.. ben je...
— Bonsoir, bonsoir, excusez-moi j'étais dans ma chambre à me reposer, j'ai travaillé toute la journée c'est fatiguant ! dit ma mère en arrivant en courant.

     Je la remercie du regard parce qu'elle vient de m'éviter un moment de malaise.
— Ne t'en fais pas Amélie, ton fils est très accueillant et gentil. Je suis sûre qu'Elyas et lui deviendront amis !

     Cette discussion devient trop pesante pour moi donc je prends deux pommes et me réfugie dans ma chambre. Je les entends parler et se mettre à table.

     J'ai eu chaud. Devenir ami avec Elyas ? Même pas en rêve. En sachant comment toutes mes amitiés ont finies l'an dernier, je n'ai pas envie de revivre cette expérience.

     Je remets ma série sur mon ordi et m'installe dans mon lit en mangeant mes pommes. Arcane, c'est quand même ma série préférée de tous les temps.

     Quand tout à coup, j'entends toquer à ma porte de chambre. Qui ça peut bien être ? Ma mère ? Mais qu'est ce qu'elle me veut ? Je me lève, vais ouvrir et me retrouve, encore une fois devant Elyas. Quand je vous dis qu'il me suit c'est pas une blague !
— Euh salut, ma mère et la tienne m'ont dit de monter et passer du temps avec toi pour qu'on apprenne à se connaître donc euh... me voilà... dit-il.

     Je le regarde longuement, ne m'attendant pas à sa venue.
— Euh... bah, je sais pas ce que tu veux qu'on fasse je n'ai pas de jeux...
— Ah d'accord... dit-il gêné.

     Là, c'est pesant, il y a un gros silence, c'est horrible. C'est ma hantise ces moments-là, pourtant je suis en train d'en vivre un.
— Si tu veux, je descends et je dis que tu dormais puis comme ça je te laisse tranquille.

     Attendez, pause. Pardon ? Comment a-t-il deviné que je ne veux pas de lui dans ma chambre ? Il lit dans mes pensées ou quoi ?
— Ouais, ça me va. Salut ! dis-je en lui fermant la porte au nez.

     Oui je sais, je suis méchant mais c'est pour me protéger vous comprenez ? Comme ça, si il me déteste, il ne voudra pas devenir ami avec moi et je n'aurais pas à être abandonné une nouvelle fois.

                                  ~•~

     Vers vingt-deux heures, les invités s'en vont. Ma mère m'appelle cinq minutes plus tard donc je descends d'un pas nonchalant et fatigué de ma journée.
— J'avais raison, tu ne dormais pas ! s'exclame-t-elle avec un sourire malicieux sur le visage.
— Ah oui c'est vrai, j'avais oublié. Donc non, je dormais pas maman.
— Mais pourquoi Elyas est descendu en disant ça alors ?

     J'hésite un instant mais je sais que je ne peux pas lui mentir.
— Je euh... il a proposé de faire ça quand il a vu que je ne voulais pas le faire rentrer dans ma chambre.
— Oh mon coeur. Il faut que tu surmontes ça, d'accord ? Fais-toi au moins un ami, s'il te plaît. Elyas est un très gentil garçon et je suis sûre qu'il ne te fera pas de mal.

     Ses paroles ravivent des souvenirs mais j'essaie de ne rien faire paraître.
— Maman tu n'en sais rien. Quand il va apprendre les rumeurs sur moi il ne va plus oser s'approcher. Ça m'étonne même qu'il ne les ait pas déjà entendues.
— Ses parents m'ont dit qu'il était plutôt timide donc il ne s'est sûrement pas encore fait d'amis de ta classe. Mais s'il te plaît mon cœur, fais un effort. Pour toi comme pour moi. Ça me fait mal de te voir tout seul tout le temps, et je sais que tu ne me dit pas toujours tout. Je comprends mais ça peut te faire du bien d'avoir une autre personne à qui parler non ?

     La colère que je cachais prend soudainement trop de place et je ne peux pas me retenir :
— On a déjà eu cette discussion maman ! Je ne veux pas voir de psy et encore moins avoir un ami qui me servira comme tel ! dis-je en m'énervant.
— Doucement Adam, je ne voulais pas t'énerver. Tu n'es pas obligé de prendre une décision maintenant tu sais. Mais promets-moi d'y réfléchir, d'accord ?

     J'hésite un instant avant de répondre :
— D'accord. Bonne nuit.
— Bonne nuit mon cœur.

     Elle me regarde d'un œil triste. Elle me fait de la peine, elle est crevée à cause de son boulot et moi je m'énerve contre elle.. ça y est je m'en veux d'avoir haussé le ton... peut-être que ça ne serait pas si terrible qu'Elyas soit mon ami. Il va te faire du mal comme ceux de l'année dernière. Tu vas souffrir avec lui. Fais le bon choix.

     Comment je déteste quand ces voix me parlent dans ma tête. C'est horrible. Ça fait quelques jours que je les ai pas entendues et elles ne m'avaient pas manquées.

                                  ~•~

     Je me réveille en sursaut, encore une fois. Vous l'avez deviné, j'ai fait le même rêve, encore. Je secoue la tête et essuie mes larmes.

     Il faut que je me motive pour aujourd'hui parce que le prof de français a prévu de nous donner un travail par deux pour évaluer nos compétences de seconde, c'est-à-dire, analyser un texte.

    Je déteste faire ça et je suis nul. Je n'ai pas vraiment de difficultés scolaires mais le français c'est vraiment pas mon truc. Je préfère le dessin et c'est pour ça que j'ai pris la spécialité art cette année. D'ailleurs, je crois que j'ai deux heures d'art aujourd'hui. Ça y est j'ai trouvé l'envie de sortir de mon lit.

     Arrivé au lycée avec mon casque sur les oreilles, je croise Elyas. Il est en train de discuter avec la bande « fan de moi » : c'est LA bande qui raconte à tout le monde les rumeurs à mon propos. Je te l'avais dis, il va découvrir la vérité et va te cracher dessus comme tous les autres. À quoi tu t'attendais sérieux.

     Encore ces voix... mais pour le coup je les crois... je contourne le groupe et vais devant la salle de français.

     Oh non. Qui dit français, dit devoir affronter Elyas. Et s'il me regardait mal ? Et s'il se moquait de moi ? Et s'il racontait tout à ses parents ? Il va me haïr c'est certain.

     Je commence à avoir chaud. Je respire très vite et mon cœur accélère sa cadence. Je sens que je vais tomber. Je me précipite aux toilettes les plus proches, m'enferme dans une cabine et m'écroule par terre.

     Les larmes commencent à couler. Je repense à l'année dernière quand mes « amis » ont appris les rumeurs sur moi, ils m'ont dit des choses affreuses. Je revois leur tête effrayées et leurs paroles. Leurs têtes se transforme en celle d'Elyas qui me dis la même chose.

     Je sens que j'étouffe. Je pleure tellement que je n'entend ni ne voit la personne qui ouvre la porte devant moi que j'ai pas eu le temps de la fermer, quel débile que je suis, et me dit :
— Adam ! Adam ! Respire, calme toi. Cale toi sur ma respiration ok ? Inspire... expire... inspire... expire... voilà c'est ça allez encore un peu inspire... expire. Ça va ? Qu'est ce qui s'est passé ?

     Ma vue redevient nette et je vois la personne devant moi. Je lui suis redevable d'ailleurs. Personne ne m'a aidé comme ça pendant une crise. Attendez une seconde... mais il me suit partout c'est pas possible ! Elyas !