ayez toujours un coup d'avance.

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Ce sale voleur patenté lui tapait sur les nerfs depuis qu'il avait passé la porte. Bien sûr, elle avait reconnu la démarche souple et furtive.Cette allure qu'ils ont tous en commun. Mais ce qui l'irritait chez celui-là, c'était la suffisance lisible dans ces yeux noirs.L'exemple même du type qui a une confiance absolue en ses capacités tout en ayant parfaitement conscience qu'il est le meilleur. Et il y avait autre chose dans son attitude, quelque chose de familier, comme une sensation de déjà-vu.

À la vue de Gwynford, il pâlit.

Bon, c'est vrai,un chatrix cela effrayait la plupart des gens, voir tous, encore plus lorsqu'il a sur son pelage blanc des rayures rouges semblables à autant de plaies sanglantes. Fourrure dont elle était particulièrement fière car 100% naturelle.

Ce voleur venait enfin de comprendre dans quel pétrin il venait de s'enfoncer jusqu'à la ceinture. Un rire intérieur lui brula la gorge. Elle appela le félin d'un claquement de langue. Il redressa la tête,un vrai pacha, et se dirigea vers sa maîtresse avec la souples puissance due aux prédateurs. Elle s'accroupit de sorte que son visage soit à peu près à la hauteur de son museau, et le gratta derrière les oreilles.

« Alors, tu m'as gardé une place au chaud, c'est gentil », lui susurra-t-elle.

La bête ronronna,aussi étrange que cela puisse paraitre. On voit très bien un chat ronronner, mais remplacer ce chat par une boule de poils plus grosse qu'un tigre. Le bruit qui sortait de sa gorge résonna dans toute la salle, provocant de-ci de-là des hoquets de stupeur. Elle se redressa, le voleur patenté n'avait pas bougé d'un millimètre.

« Installez-vous messire Meven, les invités d'abord », le ton bien qu'ironique, ne dissimulait nullement l'ordre derrière ses paroles courtoises.

À sa grande surprise son regard s'éclaira, il se détendit et s'assit,parfaitement à son aise. Elle comprit que le contrôle de la situation venait à l'instant de lui glissait entre les doigts.

Il commença l'offensive :

« Alors, si je comprends bien tu es Ill'or.

- C'est...exact. Lentement elle prit place à son tour, méfiante, Gwynford à ses pieds.

Il se redressa pour se pencher vers elle, sur le ton de la confidence.

- En un sens ça m'arrange un peu.

Elle se crispa, ce qui lui arracha un sourire, il poursuivit :

- Vois-tu,demain je suis convié à un petit diner, et je n'ai toujours pas la cavalière appropriée.

- C'est pour ça que tu voulais me rencontrer ! Pour jouer les faire-valoir, cracha-t-elle dégoutée.

- Non, pas exactement. Je n'ai pas eu le temps, je fais donc d'une pierre deux coups. Et puis cela m'évite de contracter une faveur.

- Trouve-toi quelqu'un d'autre, je suis sûre que des tas de cavalières ne rêvent que de ça, et conviendraient beaucoup mieux. Trancha-t-elle avec mépris.

- Elles ne sont pas aussi intéressantes, l'insistance sur « intéressante »la mit mal à l'aise. Il se pencha plus en avant, la suite ne futq u'un murmure à son oreille. Elle n'oserait pas toute un plongeon dans le vide suivi d'une chute de 15 mètres. Le tout, pour atterrir sur le type qui par malchance passait juste dans le coin.

Elle sentit le sang fuir son visage, peut-être à jamais. Il s'adossa à la banquette, croisa les bras visiblement satisfaits de lui. C'était donc pour ça qu'il lui semblait familier. A présent, elle reconnaissait la couleur aile de corbeau de ses cheveux, la courbe de ses épaules, sa silhouette élancée d'adepte de l'escalade.Toutes ses pensées se résumèrent à un mot :

- Toi. S'écria-t-elle, et ce qu'elle pensa si fort, mais qu'elle tut,« toi ce fils de goule à cervelle de mrrrou qui a bien failli me devancer. »

Il approuva d'un hochement de tête, se comportant comme s'il adhérait à son déluge d'insultes intérieur. Cette pensée ne suffit pas à lui arracher un sourire.

- Bon, j'ai besoin d'un coup de main pour emprunter un objet à cette petite fête. Tu me dois bien ça après hier. Et après tout, tu es une voleuse. Tu m'aides, et en retour je ne dénonce pas ton petit marché.

Le mot dans sa bouche sonnait comme une insulte. Il ne s'en cachait même pas. Il avait abandonné son sourire narquois pour un pli sévère.

- Pardon ?!Comme toi, non ? Elle n'avait pas pu contenir sa voix qui retentit dans tout le salon.

Ses clients commençaient à se retourner, intrigués par cette scène de ménage.Les paris tournaient déjà entre les habitués.

- Ça n'a rien à voir ! Nous avons un sens de l'honneur !

- Et pas nous ! Vous alors, en quoi êtes-vous supérieurs ?!J'aimerais bien le savoir. Les Voleurs Patentés sont des imbéciles heureux à la botte du pouvoir. Seul leur orgueil démesuré les empêche d'admettre leur condition. La vérité étant qu'ils ne sont rien d'autre que de simples voleurs en laisse.

Il n'eut aucune réaction aux attaques directes qu'elle lui crachait au visage, mis à part de retrouver son sourire condescendant, comme s'il s'efforçait d'expliquer à un traco-tiranosaur la signification d'un régime végétarien.

- Tu comprendras peut-être un jour.

Il se fichait donc bien d'elle. Pour toute réponse elle grinça :

- Je ne préfère pas.

- Très bien, passons. Il se leva. Rejoins-moi demain soir à cette adresse, et habillée, même si le contraire ne me déplairais pas.

Elle ne dit mot.Ce n'était pas comme si elle avait le choix, entre supporter sa détestable compagnie quelques heures ou finir sa vie en prison.

Il le savait, car il partit sans attendre qu'on le raccompagne. Lorsqu'il passait les portes du salon privé, une vague de rage et de désespoir l'envahit. Ce faire manipuler par le bout du nez par un patenté,c'était la fin ! Gwyford le sentit et lui donna un coup de tête pour la réconforter. Tout cela allait mal finir.

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Voilà pour ce deuxième chapitre "Contact : un conseil, ayez toujours un coup d'avance". N'hésitez pas à commenter et partager vos prévisions pour la suite !

Voltige - dans l'univers d'AutreMondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant