14 : Retour en terre natale

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Malgré les protestations d'un Meven catégorique, il n'y mettrait pas un orteil. Ailill les transporta par transmitus directement devant la porte à la cour des reines de Sélanda.

À l'instant même après avoir quitté le calme de la forêt, les cris de rage des elfes protégeant leurs reines les assaillirent, bien qu'elles n'aient pas besoin de protection. Puis leurs cris se succédèrent à des pas précipités lorsque la reine des Ténèbres les menaça de tous les envoyer ad patres et pas sous une forme des plus plaisante, s'ils ne quittaient pas la pièce dans la demi-seconde.

La jeune fille pouvait sentir le poids du regard de la reine des Ténèbres glissé sur sa peau, en un crépitement de pouvoir. Elle essaya de se faire toute petite derrière l'elfe qui fit quelques pas vers ses reines, et posa un genou à terre. Un peu désuet, Ellist jeta un œil à Meven, de peur qu'il ne lui vienne une remarque désobligeante. Cependant lui aussi semblait faire profil bas. Une fois n'est pas coutume.

Évidemment, les Reines étaient au secret des origines des éléments. Elles connaissaient bien Ailill et n'appréciaient pas beaucoup son intrusion dans le palais. Il leur rapporta tous ce qui c'était passé, la mort de Aoibh'sìle, Kel'an Cinead'Rix et Caemryn Cath'Maen blessés, mais toujours vivant. L'effondrement des vestiges et le traitre à son peuple enfoui sous les décombres. Cependant, cet elfe s'était aussi allié à Magiter, il parla donc de ses craintes qu'il ait pu ébruiter leur secret. Puis il lui remit la dague et la chevalière, à peine entre les mains de la reine qu'elle les réduisit en poussière, chose que l'elfe roux profondément lié aux reliques n'avait eue pas la capacité d'accomplir.

La reine de Ténèbres sans corps pour attester de la mort définitive d'Ar'gentael, le proclama traitre à sa propre race. Et s'il advenait à ce qu'il soit retrouvé, il serait maudit par leurs soins, prisonnier de son esprit, jamais il ne trouverait de repos. Cette perspective fit frissonner la jeune femme, elle eut pitié du sangrave, et ce dit qu'elle n'aurait peut-être pas dû retenir la main d'Ailill.

Après une longue discussion comprenant beaucoup de « mais » et de « si », la terrible reine dut accepter la jeune voleuse comme étant « l'une des leurs » bien que ce fut en grinçant des dents et vraiment à contrecœur. Et les congédia dans un virevoltent de voiles et de cliquetis d'épées. Ellist fut certaine de sentir la mauvaise humeur de la reine dans son dos jusqu'à ce qu'elle et Meven eurent quitté le royaume sylvestre de Sélanda.


*****


Les taches noires devant les yeux d'Ellist se diluèrent pour laisser place à la salle de transfère du Lancovit. Par reflex, ils s'écartèrent sans vraiment entendre la sonnerie annonçant l'arrivée imminente des prochains voyageurs.

Elle était rentrée chez elle.

Seule.

Gwynford, seul souvenir de son père tant aimé et hait. Son ami chatrix qui l'accompagnait depuis toujours reposait à présent dans ses bras. Après toute cette peur et cette haine, ne demeurait que le chagrin. Les larmes brulaient les yeux d'Ellist qui refusait de couler et souiller encore plus le pelage du félin.

Meven lui serra le bras, lui rappelant sa présence à ses côtés.

— Ne te force pas.

Ellist ne pouvait faire autre chose que caresser la tête de Gwyn, ne pouvant le quitter des yeux elle ne remarqua pas que son compagnon ne détachait pas son regard d'elle.

— Je dois... aller..., dit-elle entre deux reniflements. Elle respira un grand coup et reprit. On ne peut pas le laisser comme ça.

Meven ne comprit pas tout de suite qu'elle ne parlait pas de la taille miniature du félin.

— Oh, Ellist. Tu n'es pas obligée te de charger personnellement de son assolution.

— Si, c'est à moi qui dois le faire. S'entêta Ellist serrant un peu plus fort le corps qui ressemblait à une grosse peluche sans vie.

Sans un mot, Meven acquiesça et la suivit jusqu'à un arbre au centre d'une petite clairière en retrait de la vie bourdonnante de la capitale.

Ellist offrit le dernier hommage au chatrix digne d'un sorcellier, l'assolution. Ce rituel qui rendait un corps à la terre. La jeune fille sentait un poids peser plus lourd sur ses épaules alors que Gwyn disparaissait dans l'herbe bleue. Le gros félin n'avait jamais était son familier, leur âme ne serait jamais liée. Il était son ami, le lien qui les lier n'en était pas moins fort. La douleur du chatrix était la sienne, tout comme sa mort signifiait la perte d'une partie d'elle.

Dans son dos Meven et Isirann perché sur son épaule, l'observaient faire ses adieux à Gwynford, assise dans l'herbe, les épaules voutées tressautant par moment. Il n'osait rien dire, sachant oh combien toute remarque serait mal venue. Elle avait besoin de ce silence pour faire son deuil.

Il attendit.

Ellist lui avait conseillé de partir, de retrouver sa vie, de faire comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés, car oublier Gwyn prendrait du temps. Et que le moment venu, elle se relèverait et ne reviendrait pas le voir. C'était ainsi qu'elle trouvait la volonté d'avancer.

Alors Meven attendrait que la jeune voleuse se relève, et tourne le dos à ce qui appartenait au passé.

Ellist lui ferait face. Alors, il serait là pour l'accompagner, où qu'elle décide de marcher.

Voltige - dans l'univers d'AutreMondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant