Voltige - dans l'univers d'AutreMonde

un art qui requièrent des années de pratique

La vérité éclatait, évidente. Sa vitesse, sa peau si blanche, ou peut-être était-ce dû à ses cheveux si noirs. Même ses yeux n'apparaissaient plus si noirs, mais teintés d'une pointe de rouge, ce qui les rendait si envoutants. Une nuance de rouge qui disparait aussitôt que l'on pensait l'avoir enfin identifiée.

Lorsqu'il reprit la parole, ce fut du ton léger de celui qui vient d'annoncer ses bonnes notes à des examens trop faciles.

— Ne restons pas là ! Des racines vont finir par nous poussées !

Mais Ellist ne s'y trompa pas une gêne s'était installée entre eux, à l'instant même où elle avait énoncé les vampyrs. Quelque syllabes qu'elle regretterait sans doute avoir prononcé toute sa vie. La confiance qui s'était frayait si durement un chemin dans son cœur venait de s'écrouler.

Jamais un vampyr ne marcherait à ses côtés.

Jamais.

Ils avancèrent en silence dans la forêt, suivant les bruits de bond produit par la course de Gwyn au loin. Plus rien n'avait besoin d'être dit. Ellist regardait ses pieds repousser les feuilles. Meven, le nez constamment tourné vers les cimes évitait de la regarder, un miracle qu'il ne trébuche pas sur une souche. À croire qu'Isirann lui transmettait un plan détaillé de l'environnement. Par-ci par-là des animaux se promenaient sans être visibles, la présence du gros chatix les maintenait à une distance respectueuse.

Ils progressaient doucement, les pieds d'Ellist soulevant des amas de feuilles en décomposition. Chaque mouvement libérait un effluve de terre humide remontant jusqu'à ses narines.

Un grognement sourd traversa la masse de troncs jusqu'à eux. Meven ramena son regard sur la terre ferme, mais ses yeux le situaient toujours à des kilomètres au-dessus des feuilles vertes, volant en compagnie de son familier.

« Gwyn a trouvé son bonheur ! », il lui semblait que cela faisait des heures qu'il n'avait pas prononcé un mot. Le fantôme d'un sourire se dessina sur ses lèvres, trop fugace pour qu'elle puisse savoir si c'était seulement son imagination.

Un deuxième retentit, plus puissant.

Ellist fronça des sourcils, ce n'était pas le rugissement habituel d'un chatrix. Il résonnait, plus sauvage, rien à voir avec celui d'un prédateur. Mais plus du crie d'une proie acculée, le corps incontrôlable grondant sa rage et sa peur.

Un coup d'œil un jeune homme à sa gauche, lui suffit pour savoir. Lui aussi ressentait que quelque chose n'allait pas dans le bon sens. Elle se détourna, détruisant la première le contacte. Sans un mot, d'un accord commun la voleuse et le patanté se précipitèrent le plus silencieusement possible.

Le tapis de feuilles devenait une source d'angoisse pouvant les trahir à tout instant. La jeune fille envisagea toutes les possibilités. Le pis étant qu'il ait croisé un chasseur Elfe un peu trop zélé. Même si les Elfes restaient en général loin des autres chasseurs de la forêt, en fait tant que chacun s'ignorait, tout se passait pour le mieux. Ensuite venait, le cas où il tombait sur plus gros que lui, et plus dangereux. Dans la trempe du drago-tyrannosaure et qu'il fasse du zèle. Cette option passait à la trappe, n'entendant pas de rugissement de victoire cela semblait peu probable.

Ils zigzaguaient entre les troncs, Meven en tête avec sa vitesse surhumaine. Il se refrénait pour ne pas la froisser. Évidemment, il ne l'aurait certainement pas admis, la tension dans ses muscles parlait pour lui. Un effort qu'elle appréciait, dans un certain sens.

Enfin, une forme blanche remuant au sol apparut dans son champ de vision. Soulevant les feuilles et la terre avec qui la recouvrait tel un duvet. Gwyn. Pas la peine de s'approcher plus près pour le savoir, le chatrix et Ellist n'était pas liée par le lien, mais elle le sentait. Tout comme elle savait qu'il n'était pas blessé. Il agissait comme s'il ne pouvait pas se redresser, maintenu au sol pas quelque chose d'invisible.