15 Le maître : ne jamais désappointer son boss

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Dans la grande salle sous l'autel des titans parmi les pierres jonchant le sol, les sangraves s'agitaient en tous sens préparant le départ vers une nouvelle cache. En son centre un Elfe blessé organiser les préparatifs. À bout, il fit appeler un soigneur qui ne venait pas pour la deuxième fois en pestant sur le premier venu.

La petite lui avait laissé la vie dans un élan de faiblesse. Erreur ! Grosse erreur. Se laisser abuser par un petit sort d'illusion faisant croire à deux trois pierres tombantes, ils allaient le regretter. À présent il connaissait leur visage. Il les pourchasserait et arracherait son pouvoir au cadavre de la jeune fille.

Quant à ce Meven, cette erreur de la nature. Il s'arrangerait pour en faire un pion bien obéissant. Une quinte de toux lui déchira les entrailles, le forçant à se plier en deux. Il cracha du sang sur le sol de pierre. La garce l'avait bien amoché, mais rien de vraiment mortel, du moins pas avec la magie.

Il se redressa pour voir tous ses sangraves s'écarter sur le passage d'un homme à l'aura dangereuse, un cercle d'un pourpre malsain pulsait lentement sur sa poitrine.

Une inspiration secoua le corps blessé de l'Elfe, il réprima une forte envie de cracher ses poumons.

« Mai... Maitre bafouilla l'Elfe, ne trouvant rien d'autre à dire dans sa stupeur.

La chaleur quitta définitivement son corps à la vue du maitre des sangraves. Magister le toisait, menaçant de toute sa hauteur. Son masque se colora d'un orange contrarié.

— Je ne pensais pas que tu irais aussi loin Ar'gentael, énonça-t-il simplement comme s'il acceptait une tasse de thé froid. Sa présence emplissait tout l'espace.

— Mais comment... ? demanda Ar'gentael, comment s'avait-il pour sa mutinerie ? »

Inutile d'aller au but de sa phrase. De toute évidence, la maitre savait tout.

Tout, depuis longtemps.

Pour toute réponse un des sangraves, qu'il avait recrutés un par un, des personnes de confiance, sortit de l'ombre d'une démarche féline, létale, et se plaça au côté de son maitre.

Un frisson parcourut la dizaine de sangraves réunies dans la salle souterraine. Sa peau trop blanche pour être sainement envisageable, les yeux rouge luisant à la lueur des torches magiques. Le Chasseur se tenait droit et fier entre eux, un cercle ne tarda pas à se former autour de la vampiresse alors qu'elle faisait glisser sur eux ses yeux rouges affamés, sortant les crocs.

« Tu peux t'occuper des autres, je me charge de celui-ci. » Il claqua ses doigts, et toutes les issus se trouvèrent condamnées.

Un sourire de mauvais présage plein de crocs étira les lèvres de Sélanba. Ce fut comme le signal de débandade. Tous les sangraves présents se pressèrent contre les sorties. Le chasseur pouvait alors commencer son carnage, brisant des nuques, bras, jambes, ou plantant ses crocs dans la jugulaire de certains au grès de ses envies. S'amusant du jeu de celui qui criait le plus fort.

Le traitre se trainait par terre, asseyant en vain de mettre un peu de distance entre lui et son maitre, alors que Magister avançait vers lui, lentement. Sa peur nourrissant le masque du sangrave de bleu, satisfait de l'effet cauchemardesque qu'il produisait sur le traitre.

« La petite à eut pitié de toi, constata le maitre d'une voix de velours liquide d'où il pouvait sentir les vapeurs toxiques. Je comprends le besoin de vouloir plus de pouvoir. D'être maître. Ta petite rébellion m'a permis de faire un ménage de printemps parmi mes hommes. »

Il désigna le chasseur d'un mouvement de la tête, et les hommes qui se bousculaient pour trouver une sortie inexistante. Il n'y avait jamais d'échappatoire avec le chasseur, seule la mort.

« Je t'en suis... reconnaissant.

Les tremblements de l'Elfe fou se calmèrent.

— Vrai... Vraiment ? bégaya-t-il, un sourire hésitant sur les lèvres.

— Oui, je ne te tuerais pas pour ça, » susurra le sangrave qui s'agenouilla pour porter son visage masqué à la hauteur de l'Elfe. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais Magister comme les chats aimait jouer avec ses proies. La phrase suivante détruit tout ce bel espoir naissant.

— Mais tu as voulu jouer avec l'équilibre du monde, le détruire. Détruire ce sur quoi je veux régner. Et pour ça, je ne serais pas si magnanime. »

La peur se répandit dans les prunelles de l'ancien scientifique alors qu'il contemplait son reflet dans le masque de son maitre. Magister l'attrapa pas le cou, il le rapprocha de son masque, puis le souleva lentement du sol. Une chaleur cuisante remonta dans son corps, brulant chaque os, chaque muscle. Une légère fumée sortit de sous ses vêtements, une odeur de viande brulée se diffusa dans la salle humide.

« Ce fut distrayant. » Furent les dernières paroles d'adieu du maitre sangrave.

Magister le regarda droit dans les yeux alors que le corps du traitre se consumé sous sa main jusqu'à n'être plus qu'un tas de cendre à ses pieds auquel il n'accorda pas un regard. Tournant les talons, il prit la direction de la sortie. Le mur magique se brisa sur son passage. Il marqua une pause avant de le franchir, les transmitus étant impossible dans des lieux si anciens, et débordants d'ancienne magie.

« Sélemba, finis-les rapidement ! J'ai d'autres affaires à régler.

— À vos ordres, sombre seigneur. »

Le chasseur acquiesça d'un sourire carnassier, alors que Magister disparaissait dans l'ombre.

Voltige - dans l'univers d'AutreMondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant