12. Les ruines : des cailloux importants

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Ellist s'éveilla au son régulier de gouttes sur la pierre. Sa tête lui faisait mal. Elle émit un grognement, une goutte froide lui tomba sur la joue. Elle l'essuya d'un geste rageur.

Des bruits de chaine résonnèrent autour d'elle. Ses yeux s'ouvrirent instantanément.

Elle se trouvait dans ce qui ressemblait à une grotte, à ce que la faible lumière suspendue se balançant au-dessus de sa tête lui permettait de distinguer. De gros fers lui emprisonnaient les poignets reliés à un mur de roche luisant d'humidité. À leur poids, ils étaient forgés en fer d'Himlya, un métal empêchant toute pratique de la magie, exclusivement réservée aux sorceliers et créatures extrêmement dangereuses d'Autre-Monde. Autrement dit, une très, très longue liste.

« J'espère que tu apprécies le luxe de notre suite. Au moins, il y en aura peut-être un sur deux à qui ça plait. Les barreaux et les entraves n'ont jamais vraiment été l'un de mes loisirs favoris.

Elle reconnut la voix de Meven. Des bruits de chaines raclant le sol non loin lui parvinrent.

— Je ne te vois pas, ou es-tu ?

— Pas loin, évite de regarder la lumière droit dans les yeux. Et tu pourras me voir, lui répondit la voix moqueuse du voleur entrecoupé de rire moqueur à peine caché.

Elle piqua un fard. C'était bien une remarque de Vampyr.

— Nous n'avons pas tous des yeux de nyctalope, Meven. Le sarcasme avait fusé tout seul hors de sa bouche.

L'obscurité était digne d'un tombeau, évidement qu'elle se raccrochait au peu de lumière à sa disposition. Elle écouta néanmoins son conseil, et bientôt elle put distinguer clairement les barreaux de sa cellule. Et la silhouette de Meven, adossée contre la même paroi où ses fers étaient celés dans la roche. Il l'observait en silence, attendant patiemment que sa vue s'adapte.

— Me voilà, dit-il simplement. Cela fait un petit moment que j'attends que la belle s'éveille enfin. J'ai bien cru qu'il te faudrait un baiser. Il tendit une main enchainée vers elle, l'autre sur le cœur, en une parodie tragédique.

— Comment fais-tu pour plaisanter dans une telle situation ? Elle secoua la tête.

— Je me suis sortie de pire. Quand notre Elfe mégalomane se ramènera, on lui fait sa fête, on récupère, ton chat et direction la sortie.

C'est vrai, Gwynford était présent avec eux alors qu'ils tombaient dans un piège. Où était-il à présent ? Ellist parcourut la geôle des yeux, sachant qu'il n'était pas là. L'angoisse lui serra le cœur avant qu'elle ne se contraigne à la refouler.

Elle fixa ses chaines comme pour les faire voler en éclat par la seule force du regard. Une situation pire que celle-ci lui était difficilement concevable. Ils devaient sortir vite, plus le temps passait plus les chances de retrouver Gwynford s'amenuisaient. Elle s'ébroua comme un chat mouillé, pour chasser ses idées noires. Une chose à la fois.

— Où sommes-nous, selon toi ?

— Hmm, réfléchit Meven. Je dirais sous de vieilles ruines elfiques, il parlait calmement, parcourant les murs des yeux. Les murs sont tous gravés de symboles. À vu d'œil je dirais qu'ils datent d'avant l'invasion des dragons...

Il se coupa net dans son élan quand son visage retomba sur les yeux ronds de la jeune fille.

— Comment un simple voleur peut-il en savoir autant ? murmura-t-elle sombrement plus pour elle-même, consciente qu'il l'entendait parfaitement.

Il changea de position dans le noir, visiblement mal à l'aise. Elle se redressa alerte, il n'allait pas y échapper. Pas cette fois, alors qu'elle avait l'avantage. Elle reprit d'une voix plus forte :

Voltige - dans l'univers d'AutreMondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant