Chapitre 19

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Non, ce n'est pas plus joyeux que celui d'avant...
Bonne lecture quand même ! Ah, j'ai oublié de préciser que j'étais vendeuse chez Kleenex, vous m'excuserez mais faut bien que je fasse mon chiffre d'affaire à la fin de l'année.
* * * * *

Yoongi regarda ses cadeaux. Puis, il avisa le carton que Jin avait mis dans le salon. Jungkook y avait déjà jeté pêle-mêle ses dessins, ses albums, ses photos et son matériel à dessin. Certains étaient même déchirés. Suga mit les siens à son tour et retourna aussitôt dans son studio. Plus tard, c'est Namjoon qui l'imita. Puis, plus hésitant Taehyung. Il courait presque une fois ses affaires posées délicatement. Jin mit les siennes dans un coin de sa chambre. Quelque chose l'empêchait de les jeter. Hoseok gardait lui aussi les siens. Pour une autre raison. Cela lui semblait étrange. Il ne voulait pas non plus agir rageusement tout comme Jimin.

Les jours qui suivirent furent étranges. Ils parlaient peu, semblaient éteints, installés devant un écran sans vie. Jimin recevait de temps en temps des notifications d'Anna, mais il ne les lisait jamais. Pas plus que V, J-Hope ou Jin ne retournèrent sur leur conversation avec Anna pour lire les messages qu'elle leur envoyait.

Parfois on leur parlait d'elle. Ils faisaient semblant de s'y intéresser avant de rapidement changer de sujet. Ils avaient toujours une collaboration à tenir. Quelquefois c'était eux qui tombaient sur des articles, des photos ou des vidéos. Tous fronçaient les sourcils en la voyant. Elle était heureuse, sa garde-robe s'était légèrement raccourcie. Chose qu'elle leur avait dite impossible avant.

Ils n'allaient pas non plus tarder à la retrouver en Amérique. Ils ne savaient pas encore comment ils allaient réagir en la voyant. A quelques jours de partir pour les Americans Music Award leur coquille craqua.

Jungkook avait déchiré le seul poster d'Annabelle que Jimin n'avait pas décroché dans sa chambre. Ce qui ne plut pas du tout au chanteur. Il s'agissait de ses affaires et de sa manière de faire. Le maknae n'avait pas à intervenir. A cela s'ajoutait leur humeur ombrageuse de la dernière semaine. La dispute attira les autres membres. Yoongi prit aussitôt le côté de Jungkook à cause d'Anna, Jin celui de Jimin puisqu'il s'agissait de ses affaires. Hoseok et Namjoon tentèrent de les raisonner avant que le danseur ne se mette clairement avec Jimin. Taehyung les regardait faire. Il ne savait pas ce qu'il pouvait faire. Il ne savait plus. Tout cela le dépassait.

Il finit par prendre son téléphone, ouvrit hIDe, bloqua Annabelle et le rangea. Une larme glissa sur sa joue. Une deuxième suivie. Elles étaient calmes. Contrairement à celles qui dévalaient les joues de ses amis. Namjoon fut le dernier. Il n'en pouvait plus et alla dans le salon. Ce fut le signal pour que les cris se calment et chacun le retrouva. Ils ne dirent rien. Leurs yeux le faisaient pour eux.

— Ignorons-la.

La phrase de Jin lui attira tous les regards.

— Aux AMA, on la verra sûrement, elle voudra peut-être venir vers nous pour les médias, faisons comme si elle n'existait pas. Laissons ensuite les nouvelles de la collaboration se tasser pendant qu'on l'annule. D'une autre manière, laissons chacun gérer cette situation comme il l'entend. Personne n'a rien à y redire. Nous sommes tous différents, on a des besoins différents. Il faut que chacun se comprenne ou ça ne pourra que s'aggraver entre nous.

— Pardon Jimin. Lâcha Jungkook après le silence qui approuva les propos du plus âgé.

— Ce n'est rien Kook.

L'affaire s'arrêta là et l'ambiance s'allégea. Namjoon demanda aux managers d'arrêter la collaboration et il se remit au travail pour son groupe. Yoongi produisait de nombreux morceaux rageurs et ne pouvait pas passer à autre chose qu'Annabelle. Les maknaes restaient avec Hoseok, se concentrant sur leur physique, ou plutôt leurs chorégraphies. Jin surveillait ce beau petit monde, prêt à réagir avec Namjoon avant qu'un incident ne prenne trop d'ampleur ou si les garçons avaient besoin d'une oreille. Jusqu'à leur vol.

Annabelle continua d'envoyer des messages aux membres qu'elle pouvait encore contacter. Sans succès. Frédéric avait arrêté ses concerts et la laissait se préparer entièrement à la cérémonie. Ou plutôt Il restait près d'elle, y mettant un grain de sel malvenu. Son regard s'assombrissait au fil des jours et bientôt, elle commença à ressentir des tremblements nerveux dans ses membres à quelques jours à peine de son vol. Son manager lui avait indiqué que la collaboration était annulée, puis, en remarquant son état, il lui avait juste indiqué d'oublier tout ça et faire comme si rien ne s'était passé. Pour la jeune fille justement, il ne s'était rien passé. Elle ne comprenait pas plus la situation maintenant qu'elle ne la comprenait au début. A côté, elle ne maîtrisait rien. Tout était hors de contrôle. Ses tenues étaient révisées par son manager, qui n'écoutait pas non plus les stylistes et petit à petit, elle se sentait sombrer.

Elle détestait ce qu'était devenue sa vie. Une chanson qu'elle n'avait pas choisie. Qu'elle n'avait pas composée, allait devenir la sienne. Des tenues, non pas choquantes mais légèrement plus courtes qu'avant. Des concerts qui s'étaient enchaînés comme des machines à billets et à succès. Une séparation brutale avec ses amis. Un robot comme manager. Que lui restait-il de bien ? Chanter ? sous la douche oui.

Ah. Elle arrivait encore à se maîtriser. Ses sourires étaient plus vrais que nature, son attitude était parfaitement sous contrôle. Elle n'avait pas le choix. Elle ne voulait pas se retrouver de nouveau face à de fausses rumeurs. Frédéric lui répétait aussi de ne pas montrer la moindre faiblesse. Même devant ses amis.

Matthias et Ilona l'avaient accompagné jusqu'à l'aéroport. Henry aussi, plus discrètement. Il l'avait salué comme s'il n'avait été qu'un manager et non un ami pour elle. C'est peut-être ce qui fut la dernière goutte qu'Anna pouvait accepter. Sa tenue pour les Americans Music Awards fut celle de trop. Elle garda le sourire et plaisanta avec son équipe mais le cœur n'y était pas. Tout d'abord, les talons passaient. Elle savait marcher avec et ne tombait pas. Quelques pertes d'équilibre mais c'était plutôt en fin de soirée quand ils commençaient à lui faire mal aux pieds. Ensuite, la pochette. Tout simplement impratique. Elle ne pouvait pas être portée autrement qu'à la main et allait donc l'encombrer. Mais c'était le chic du chic. Restait sa robe. Le point positif : elle n'était pas encombrante. Au contraire. Une robe bustier d'un bleu nuit lui arrivant au-dessus du genou avec une légère traîne du même bleu mais transparent. S'il y avait une chose que détestait la chanteuse c'était le bustier. Rien que le porter était angoissant. En voir allait jusqu'à la rebuter. Si en plus il avait le malheur d'être mal ajusté, il fallait le remettre en place. Ce n'était ni très poli ni très élégant de le faire. Il fallait donc s'en occuper dans un endroit discret. Ensuite, la fin de la robe. Comme c'est une jupe style crayon, il y avait de fortes chances pour qu'elle remonte en montant des escaliers ou en s'asseyant. Bon, pour les escaliers, le tissu était suffisamment droit pour qu'elle n'ait pas besoin d'intervenir. Pour s'asseoir, c'était une autre paire de jambe. Et c'est le cas de le dire. Elle savait qu'elle ne pouvait décemment croiser les jambes. Elle allait devoir faire comme toute bonne femme le faisait au siècle précédent : croiser les chevilles en penchant ses jambes de côté. Pour avoir essayé, elle n'aimait pas trop cette position, mais il s'agissait plutôt d'habitude. Enfin, la voilure. Elle ne posait pas trop de problèmes mais enfin, elle était un peu courte pour Annabelle qui comptait la ramener sur le devant pour s'asseoir. Et peut-être un peu transparente aussi. Néanmoins, c'était mieux que rien.

— Essaye de sourire, les photographes vont t'attendre.

— Super ! Ils accueilleront une pute !

— Au moins les putes ont de l'assurance à revendre.

— C'est pour ça que vous tenez tant à ce que je ressemble à l'une d'elles ?

Frédéric jeta un regard au chauffeur américain avant d'appuyer discrètement sur un bouton près de sa portière.

— Je ne te demande pas d'être vulgaire, Annabelle. Je te demande de t'assumer. Si tu penses que ça te transforme en prostituée, soit. Pense-le. Maintenant, si tu as autre chose à dire, fais-le maintenant.

La chanteuse allait dire quelque chose mais elle se ravisa. Pouvait-elle tout dire à son manager ? Quelque chose de pire était-il à venir ? Elle ne dit rien. A la place, elle pleura, découvrant une boite de mouchoirs sur le siège du milieu. Au milieu de ses larmes, elle alluma son écran et tous les mots, les sentiments qu'elle emprisonnait, elle les envoya ailleurs. Frédéric ne dit rien. Il vérifiait la route. Lorsqu'il parla, c'était pour lui demander son maquillage pour la remaquiller.

De Dijon à Séoul tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant