Chapitre 8 - Whispers

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« Une question parfois me laisse perplexe : Est-ce moi ou les autres qui sont fous ? » - Albert Einstein.

Le soir, Elena était toujours plongée dans ses pensées. Ses parents ayant été absents toute la journée et n'étant toujours pas rentrés, elle avait diné en vitesse avant de regagner les quatre murs qui constituaient sa chaleureuse chambre.

Elle avait été distraite depuis l'après-midi. Cette même question qui revenait : « qui a mon journal ? ». Et puis, il y avait ces fichus messages qu'elle recevait... Bon, jusqu'ici, elle n'en avait eu que deux. Mais la peur la gagnait à chaque fois qu'elle se rappelait qu'une personne de trop est au courant de ce qu'elle avait fait.

Meurtrière.

Elena se mit à regarder partout autour d'elle. D'où venait cette voix ?

Meurtrière.

Elle commençait à s'affoler.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle sans même savoir à qui elle s'adressait.

Meurtrière.

- S'il vous plait...

Meurtrière.

Cette fois, elle se couvera les oreilles des mains.

- Taisez-vous !

Meurtrière, chuchotèrent de nouveau plusieurs petites voix moqueuses.

Elena pleurait à présent, assise au sol sur les genoux, les mains toujours plaquées contre ses oreilles.

- Ça suffit ! sanglota-t-elle. Taisez-vous !

Meurtrière. Meurtrière. Meurtrière.

Les voix s'enchaînaient, répétant à chaque fois le même mot, la poussant à bout.

- ARRÊTEZ !

Elle commença à trembler violemment. Les chuchotements ne voulaient pas s'arrêter. Soudain, dans son agitation, elle leva les yeux, et vit... Un homme ? Il était immobile, habillé tout en noir, et lui faisait dos.

Qui est-ce ?

À peine se l'était-elle demandé que l'inconnu se retournait. Il se retournait très lentement, devant une Elena qui sanglotait toujours et morte de peur. Quand il se tint enfin face à elle, elle constata une chose qui lui avait coupé le souffle pendant deux secondes. En dessous de sa capuche noire relevée sur sa tête, cette personne... Elle était sans visage.

Elena hurla de toutes ses forces.

Ses yeux s'ouvrèrent brusquement. Elle était dans son lit, haletante. Quelques larmes étaient coulées sur ses joues, et elle avait l'horrible sensation de ne pas pouvoir respirer. Son armoire lui faisait face, à l'autre bout de la pièce. La fenêtre était à sa droite. Son bureau était juste devant, contre le mur. Son miroir accroché au dessus de sa coiffeuse à sa gauche. Sa table de chevet était là. La porte était fermée. Tout était à sa place et parfaitement normal.

Elle s'était endormie quelques minutes plus tôt sans s'en rendre compte. Elle soupira de soulagement.

Ce n'était qu'un cauchemar, il n'y a rien à craindre, se répétait-elle d'une toute petite voix, essayant de retrouver son calme.

Et quel cauchemar ! Quand elle eut le courage d'y repenser, elle vit à nouveau l'inconnu sans visage. Avait-elle, sans vraiment le vouloir, visualisé son maître chanteur ? D'après l'image de lui qu'elle avait gardé malgré elle dans sa tête, c'était un homme. Non... Tout compte fait, ça pouvait très bien être une femme.

Elle entendit la porte claquer en bas.

- On est rentrés, Elena ! cria une voix féminine.

Ses parents venaient d'arriver.

Elena se leva, chassa tant bien que mal l'affreux souvenir de son cauchemar et quitta sa chambre.

- L'une de vous a une idée ?

Toby était adossé à un arbre à l'entrée des bois, au même endroit où lui et Katherine avaient retrouvé Morgane la première fois.

- Pourquoi ne pas utiliser son journal ? suggéra cette dernière. La plupart du temps, les gens écrivent des choses qu'ils ne veulent pas vraiment raconter à tout le monde. Il y a sûrement des infos croustillantes sur Elena là-dedans !

- Je n'ai rien lu à part ce qui concerne Rebecca. Mais, oui, peut-être.

- Vous voulez balancer des trucs sur elle au lycée ?

- Je suis sûre qu'il y a au moins un truc qui pourrait lui foutre la honte ! répondit Morgane.

Katherine paraissait d'accord. Elle voulait faire davantage de mal à Elena, et non pas seulement que tous les élèves se moquent d'elle. Mais elle avait décidé de commencer son plan gentiment.

- D'accord. On n'a qu'à faire ça.

- Et si je commençais à lire le journal ce soir ? proposa Morgane. Je note les trucs les plus intéressants, ensuite toute la ville est au courant !

- Attendez, intervint Toby. Vous comptez répandre ses secrets vous-même ou comment ça se passe ?

Katherine parut réfléchir.

- On pourrait les publier dans le journal du lycée ! (elle les regarda tour à tour) Ce n'est pas moi qui m'occupe de la rubrique « Quoi d'neuf ? », mais je peux m'arranger avec Anna pour qu'elle poste ce que tu auras trouvé de façon anonyme. Comme ça, Elena ne saura pas que c'est nous.

- Et si cette Anna lui dit que c'est toi qui lui donné les infos ? demanda Toby.

- Ne t'inquiète pas pour ça. On n'est pas censés donner de nom quand la personne demande à être anonyme. Donc, pas de risque.

- Ok. Mais fais gaffe, dit Morgane, Emma bosse avec vous de temps en temps, n'est-ce pas ? Elle pourrait le découvrir.

- Ouais, je l'ai déjà croisée. Mais je serai vigilante.

- Eh mais vous êtes sûres de votre coup ?

- Crois-moi, Elena est le genre de fille qui ne supporte pas qu'on touche à sa popularité.

- En attendant, on doit rester discrets, répliqua Katherine. Personne ne doit nous voir ensemble pour l'instant, ou encore voir le journal.

- Je trouverai une planque.

Toby les dévisagea tour à tour.

- Wow... Vous faites flipper, vous, les filles !

- Et tu n'as encore rien vu ! répondirent-elles en chœur.

Sur ce, ils décidèrent de rentrer chacun chez eux. La nuit commençait à tomber. Ils s'imaginaient déjà la réaction d'Elena le lendemain.

Smell of InsaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant