Chapitre 21 - Happy Birthday, my dear enemy

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« Une personne rencontre souvent son destin sur la route qu'elle a prise pour l'éviter » - Jean de La Fontaine

Elena consulta sa montre. Il était environ trois heures du matin. Si tout se passait bien, elle aurait le temps d'aller affronter Katherine et de reprendre son journal afin de le détruire et effacer toutes les preuves. Seulement, elle ne savait pas comment elle allait s'y prendre, et c'est bien cela qui la mettait hors d'elle.

Le temps pressait.

Décidant qu'elle devait faire vite, elle descendit l'escalier et ouvrit la porte d'entrée, s'apprêtant à s'en aller. Seulement, quelque chose attira son attention et l'arrêta net. Une sorte de petite boite gisait là, par terre, dehors. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne la ramasse et découvre ce qu'elle contenait.

Un cœur brisé. En dessous des petits morceaux rouges, une feuille écrite d'une écriture irrégulière.

Tu vois ça ? C'est ce que tu as fait de mon cœur... Je parie que tu en es satisfaite, n'est-ce pas ? Il semblerait que maintenant nous ne soyons plus que deux. Qu'il en soit ainsi. Elena a gagné, et Katherine n'avait aucune chance. Oh, non, attends... Dois-je te rappeler que la partie continue tant que personne n'a prononcé les mots « Echec et mat » ? Mon cœur a peut-être périt en cours de route, mais la haine que tu as nourris en moi à la place restera à jamais... Et elle-même t'enverra à ta place : en enfer.

Joyeux anniversaire... de la part de Katherine

Katherine était ici ? Il est évident que cette boite n'a pas atterri là comme par magie.

L'espace d'un instant, Elena regarda partout autour d'elle dans l'espoir d'apercevoir Katherine. Mais sans trop savoir pourquoi, un souvenir vint s'imposer à son esprit.

FLASHBACK, 2 mars 2005

Elena devait prendre ses médicaments.

Encore, se dit-elle avec dégoût.

Ces tout petits comprimés blancs qu'on appelait Antipsychotiques étaient le cauchemar d'Elena. Depuis son diagnostic il y a quatre ans de cela, elle devait en prendre régulièrement.

« C'est pour te guérir » lui avait expliqué gentiment son psychiatre. « Si tu les prends tous les jours, alors tout ira bien ».

Elena eut un petit rire sans joie. Le Dr. Pierce était loin d'avoir raison. Le diagnostic a été fait alors qu'elle était âgée de dix ans. Voilà quatre ans qu'elle prend ses antipsychotiques, consulte un psychologue afin de vérifier que tout allait bien. Voilà quatre ans qu'Elena se battait... En vain. Ses hallucinations ont bel et bien disparu, son humeur était stabilisée, et le cours de sa pensée n'avait plus rien d'anormal. Cependant, la Psychose ne l'avait pas quittée. Cette maladie était en elle, et menaçait de faire surface à tout moment. Elle ne disparaîtrait pas.

Elena était consciente de la chose. Elle savait pertinemment ce que souffrir d'une Psychose voulait dire : elle était folle. Elle savait qu'elle était mentalement instable. Le Dr. Pierce lui a un jour expliqué que c'était le facteur génétique qui en était la cause. D'après ce que ses parents lui avaient raconté plus tard, plusieurs membres de sa famille au cours des générations précédentes avaient été dans le même cas. Mais cela n'avait pas beaucoup affecté leurs vies pour autant.

Seulement, Elena détestait le fait de se sentir anormale. Elle avait l'air d'être ordinaire aux yeux des autres, mais la vérité en était loin. Elle était psychotique, et elle ne voulait plus être considérée comme telle pour sa famille. Tout ce qu'elle désirait était d'avoir une vie normale, pouvoir vivre comme tous les jeunes de son âge. Ne plus ressentir cette angoisse d'un jour perdre définitivement la tête.

Elle reporta son attention sur la petite bouteille orange qui contenait ses médicaments. Elle enleva le couvercle blanc et prit un comprimé. Elle observa ce dernier sur sa paume.

À quoi bon ? À quoi bon essayer d'y échapper, alors qu'il est évident qu'elle ne se débarrassera jamais de cette maladie ?

Soudain prise de colère et de désespoir, Elena se mit à pleurer.

Pourquoi moi ? Pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi ? S'était-elle demandé.

Au lieu de prendre son comprimé comme d'habitude, elle le jeta dans les toilettes. Elle s'apprêta à vider tout le contenu de la petite bouteille, mais se ravisa. Si elle le faisait, ses parents remarqueraient forcément l'absence des médicaments. Alors elle les remit à leur place.

Depuis ce jour, elle ne prit plus aucun comprimé.

FIN DU FLASHBACK.

Et puis la réalité la rappela, et ce fut soudain le chaos.

Des sirènes se faisaient entendre au loin, puis le bruit se rapprocha de plus en plus, pour enfin devenir assourdissant tellement il était proche. Les voisins furent alertés aussitôt par ce vacarme singulier et si rare à Rosewood. Des voitures du département de police de Rosewood apparurent au coin de la rue jusqu'à s'arrêter juste en face d'Elena.

Non...

Elena en laissa tomber la boite qui se vida à ses pieds. Des policiers sortirent des véhicules en claquant les portières. L'un d'eux saisit les bras d'Elena, qui se laissait faire, complètement impuissante.

- Elena Porter, vous êtes en état d'arrestation.

La jeune fille tenta de protester, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Les mains à présent menottées, elle ne pouvait rien faire à part se laisser traîner par l'officier. Elle était prise au piège.

- El-Elena ? Elena !

M. et Mme. Porter ouvrirent la porte à la volée et se ruèrent vers leur fille, tandis que Lisa se tenait sur le seuil les yeux grand ouverts de surprise.

Elena se tourna vers ses parents et vit l'inquiétude sur leurs visages une dernière fois avant que d'autres policiers ne viennent les empêcher de l'approcher.

Devant ce spectacle, son public. Malgré l'heure tardive, les plus curieux s'étaient rassemblés devant la maison des Porter, tandis que certains voisins observaient la scène depuis leurs fenêtres et balcons. Tous silencieux, ils étaient effarés.

Elena balaya du regard les gens, et réalisa la présence d'Amanda et Lucy debout côte à côte, dont elle ne pu déchiffrer l'expression de leurs visages. Quant à Morgane, elle se tenait devant quelqu'un d'autre. Et alors seulement à ce moment-là, elle aperçut cette personne qui l'observait depuis le trottoir d'en face. Une foule commençait à prendre forme, mais c'est cette unique personne qui se tenait là, les yeux brillants d'une certaine lueur qui importait.

Debout de manière bien droite, Katherine Anderson la fixait d'un air étrangement calme. Puis, celle-ci articula lentement : « échec et mat », et un rictus se forma lentement sur ses lèvres.

Elena eu envie de lui sauter dessus et de l'égorger sur le champ, mais tout ce qu'elle pu faire était de voir Katherine l'observer d'un air satisfait tandis qu'on l'obligeait à rentrer dans une des voitures de police.

Elle était tétanisée. C'en était fini pour elle. Sa vie était fichue. Elena allait être enfermée pour le restant de ses jours.

Échec et mat, fit alors une petite voix dans sa tête.

Smell of InsaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant