Chapitre 3 - Thanks, diary

26 0 0
                                    

« Il n'y a pas de témoin plus redoutable, pas d'accusateur plus implacable que la conscience qui sommeille en chaque homme » - Polybius.

Le surlendemain, Elena se réveilla d'un sommeil agité. Elle n'avait cessé de repenser à Rebecca, suite à la conversation avec Katherine. D'ailleurs, était-elle au courant de quelque chose ?

C'est impossible, s'était répétée Elena tout le reste du weekend.

Elle finit de se préparer, empoigna son sac, et se rendit au Rosewood High pour le premier jour de cours de la semaine.

Plus le temps passait, plus le souvenir de Rebecca la hantait. Il a suffit que quelqu'un prononce son nom pour que les souvenirs enfouis refassent surface. Dix minutes passées à ressasser le passé, elle était arrivée aux portes du lycée. C'en était trop. Il fallait qu'elle relâche la pression. Pour cela, elle s'assit sur un banc dans la cour, elle prit son journal intime, et commença à écrire frénétiquement.

16 septembre 2009.

Cher journal,

Je n'en peux plus. Je croyais que j'arriverais à contrôler mes émotions, mais c'est plus difficile que je ne le pensais. J'avais réussi à oublier un moment... Non, en fait, pas vraiment. Mais je faisais avec, sans que cela ne m'empêche de vivre. Seulement voilà, maintenant, j'y repense de plus en plus. Et ça me rends malade.

J'aimerais réparer mon erreur, mais il n'y a rien que je puisse faire, maintenant.

Je me demande ce que Rebecca me dirait si elle avait l'occasion de me parler...

- Elena !

Une main se posa sur son épaule et la jeune fille sursauta.

- Lève-toi, on va être en retard !

- Oui, oui, j'arrive, Amanda.

Elena referma son journal et le fourra dans la poche avant de son sac.

- Bouge ! s'impatienta son amie, qui lui prit la main et l'entraîna avec elle.

Elle eut à peine le temps de prendre son sac.

Ce qu'elle ne remarqua pas, c'était le fait que son journal était retombé sous le banc, à cause du sac qu'elle n'a pas eu le temps de bien fermer.

Oups.

Pour couronner le tout, quelqu'un passait justement par là. Et devinez quoi ? Cet élève comme par hasard en retard ce jour-là prit le journal. Il entra vite dans l'établissement de peur de se faire renvoyer par son professeur, l'objet toujours en main.

Il s'installa donc au fond de la classe, comme à son habitude. Comme le cours d'histoire ne l'intéressait point – il détestait le fait de devoir retenir toutes ces dates et événements – il ouvrit le journal (qui était dépourvu de toute protection – style petit cadenas) à la première page. Mais il s'arrêta d'un coup.

Je n'ai pas vraiment le droit de faire ça, pensa-t-il.

Cependant, après hésitation, sa curiosité finit par gagner. Il lut l'inscription sur la première page.

« Elena », était-il écrit d'un grand soin. Mais l'absence de nom de famille lui posa un petit problème.

Toby n'avait pas l'habitude de parler avec grand monde. Il restait en général dans son coin, à l'écart de tout être humain. Il connaissait vaguement certains des élèves avec il avait des cours en commun. D'ailleurs, cette « Elena », ça ne serait pas la fille qui était assise deux rangs plus loin ? Ou alors, c'est la fille à qui il avait prêté son cahier quelques jours avant. Peut-être même que c'est la fille qui l'a accidentellement bousculé dans le couloir le jour de la rentrée... Il n'en avait aucune idée. Comment allait-il pouvoir rendre ce journal à sa propriétaire s'il ignorait qui elle était exactement ?

Toby tourna quelques pages. À première vue, plusieurs passages mentionnaient ses amies Lucy et Amanda – qu'il ne connaissait pas non plus, d'ailleurs. Elle parlait aussi des vacances passées avec sa famille, de son premier petit copain, du fait qu'elle ait réussi ses examens de fin d'année haut la main, comment s'était annoncé le début de l'été, tout ce qui s'est passé chez Rebecca, blablablaaaa...

Stop. Rebecca ?

Il fut soudain intéressé. Rebecca était sans doute une amie de cette fille, mais que voulait-elle dire par « ce qui s'est passé chez Rebecca hier soir est vraiment affreux » ?

Ah. Mais oui. L'incendie, comprit-il.

Attendez. Non.

Il poursuivit la lecture de ce qu'Elena avait écrit ce jour-là – et de tout ce qui suivait. Il n'en croyait pas ses yeux. Ce pouvait-il que ça soit...

Toby réalisa alors ce qu'il avait entre les mains : une preuve. Il se rendit compte qu'il avait l'avenir d'une certaine personne entre ses mains.

Devait-il la dénoncer ? Ou alors remettre le journal où il l'avait trouvé, comme si de rien n'était ? Mais s'il choisissait la deuxième option, cela voudrait dire qu'il était au courant de quelque chose de grave, et que s'il se taisait, il était, d'une certaine manière, le complice d'une fille dont il connaissait que le prénom.

Que devait-il faire ? Il ne le savait pas. Lui qui croyait y trouver que le simple quotidien d'une jeune lycéenne, il avait trouvé une révélation choquante.

Ça m'apprendra à vouloir lire les journaux intimes des gens ! se gronda-t-il lui-même.

Il était à présent prit au piège.

Une chose est sûre, il devait trouver cette fameuse Elena.

Smell of InsaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant