Amadeon [MenXMen]

Chapitre 8 - Première fois

~ Amadeo ~

Mon regard croise celui de Grace puis la porte se referme devant moi. J'en ai les larmes aux yeux... Je retrouve John qui a l'air aussi triste pour moi, sans faire attention à ce qui m'entoure... il me montre le tas d'assiettes à nettoyer avec un sourire compatissant... à mesure que je nettoie, mes yeux s'humidifient et je m'effondre lorsque je repense aux paroles de mon père...

"Un jour tu tireras pour la première fois à balles réelles... et ce jour-là... crois moi fiston, il restera gravé en toi pour toujours... l'acier qui entre en contact avec ta peau... le poids de l'arme... ton doigt sur la gâchette... le recul... tout ça... ça ne s'oublie pas..."

Ce jour aurait pu être aujourd'hui...

Le cuisinier me sort de mes pensées et me demande si je vais bien, cela fait plus de vingt minutes que je lave la même assiette... Je m'excuse et m'exécute dans ma tâche.

- Monsieur ? M'interpelle-t-il
- Oui... renifle-je

Il me montre de la tête quelque chose qui se situe derrière moi. En fait, ce n'est pas quelque chose mais quelqu'un. Arès est là, à présent devant moi. La bouche ouverte d'étonnement, je ne sais quoi dire.

- Pose tout ça. Ordonne-t-il
- Lucrecia m'a ordonné de le faire... Je dois laver toutes ses assiettes, c'est ma punition... Répondis-je, d'une voix tremblante, à deux doigts de pleurer

Un énorme bruit de verres brisés se fait entendre. Les cuisiniers, à peine apeurés, quittent tout de même la pièce au pas de course. Par réflexe, je me protège le visage à l'aide de mon bras. En baissant ma garde, j'aperçois, dans sa main droite, son arme. Il a tiré dans les assiettes.

- Quelles assiettes ? Me demande-t-il ironiquement

La peur m'envahit soudainement, si elle a été capable de me punir de ça, de quoi me punira-t-elle la prochaine fois ?

- Je peux pas... Je veux devenir un fantôme... plus que tout au monde... et, malheureusement, c'est elle qui a mon destin entre les mains... dis-je presque en sanglotant
- Si tu restes là, la seule chose que tu deviendras c'est un homme de ménage.

Il n'a pas tort. Mais je suis énervé contre lui. Il m'a emmené en mission sans autorisation et je n'ai pas pu faire ce que j'attendais de faire depuis mon plus jeune âge.

- Et si elle l'apprend ? Demande-je terrifié
- Il me reste des balles. Dit-il en me montrant son arme

Un court sourire m'échappe. Je ne sais pas si je suis fou, mais l'idée qu'il assure mes arrières me donne le courage d'enlever ces gants et de les mettre à la poubelle. J'adresse un sourire au cuisinier qui me le rend accompagné d'un clin d'œil. Sans la moindre idée de l'endroit où il m'emmène, je le suis.

- Où on va ? Ose-je demander sur la route
- Tu veux tirer, non ? Alors tu vas tirer.

Tout le long du trajet, je ne fais que me demander comment il est au courant. Comment a-t-il su alors qu'il ne quitte sa tanière que très rarement. Lorsqu'on arrive sur les lieux, je n'en crois pas mes yeux. Trois hommes sont attachés à des pelotons.

- Qu'est-ce que... ? Prononce-je, complètement sous le choc
- Je te présente Chris, Harry et Luccas ! Avec deux c ! S'exclame-t-il un sourire en coin
Je...

Les hommes me regardent, complètement affolés, malgré que leur bouche soit recouverte, je comprends vite qu'ils me supplient de les aider. Arès sort une deuxième arme de son dos et me la tend. Je la prends machinalement, sans aucune envie de m'en servir. Il se tient à présent derrière moi.

- Vise la jambe gauche de Chris ! M'ordonne-t-il
- QUOI ?! NON ! JE PEUX PAS FAIRE CA !

Je suis pétrifié, terrorisé, paralysé et tous les autres synonymes de ces trois mots...

- Tu crois que tu seras face à des putains de cartons lors de tes missions ! Ça sert à rien de savoir tirer si tu faiblis à la moindre pleurnicherie ! Alors si tu veux apprendre, TIRE !
- Je... m'affole-je

Mon souffle se fait court, je sens la peur dans chacun de mes membres. Je sais qu'il a raison mais, en tant que pervenche, personne ne nous prépare à ça, pour être honnête, ils nous pensent tous trop fragile pour, un jour, devenir fantôme. Et je suis en train de leur donner raison.

- Tu veux que je te dise pourquoi ils sont là ? Me demande-t-il à présent face à moi. Ça va peut-être te décoincer  ! Chris a invité la fille qu'il jugeait "grosse et laide" à une fête qui se déroulait chez lui. Et tu veux savoir quoi ? Il n'y avait pas de fête, c'était juste un guet-apens. Quand cette pauvre fille est arrivée, au début il n'y avait que Chris puis quand le somnifère a enfin fait effet, Harry et Luccas se sont joints à eux !
- STOP ! M'écriai-je

Ses paroles sont trop dures à entendre... je ne veux pas connaître la suite...

- Le somnifère n'a pas fait effet aussi longtemps qu'ils le pensaient et elle s'est réveillée... est-ce qu'ils ont arrêté ? Non. Ils ont continué encore et encore pendant 4 HEURES ! S'exclame-t-il près de mon oreille.

Bien que ce soit son intention, je ne peux empêcher la colère de monter.

- Est-ce qu'ils ont été condamnés ? Bien sûr que non. Parce que les gosses de riches s'en tirent toujours. Le père de la fille nous a engagé pour qu'on les fasse payer et je veux que ce soit toi qui le fasse ! Alors maintenant TIRE ! Et je veux que tu tires même s'ils te supplient d'arrêter !
- Que leur mort soit lente et douloureuse... dis-je instinctivement en le regardant dans les yeux