Amadeon [MenXMen]

Chapitre 41 - Le plan « boomerang »

~ Arès ~

                Le lendemain, je m'attendais à être le premier levé, comme d'habitude, mais ce n'est pas le cas. Debout devant le miroir, Amadeo admire son reflet, les joues noyées par les larmes. Il est en pleine phase de dégoût de lui-même, celle qui vient juste après la phase de déni. Il finit par remarquer ma présence et il s'empresse de nettoyer ses joues du revers de ses mains, en reniflant.

                Ses yeux plongés dans les miens, je lui fais comprendre, en obstruant le passage, qu'il ne quittera pas cette pièce sans en avoir parlé. Je ne connais que trop bien l'état dans lequel il se trouve en ce moment et rester silencieux n'arrangera rien. Il était sur le point de craquer quand, soudain, quelqu'un frappe à la porte.

— Amadeo ?! S'exclame une voix féminine
— On est de corvée aujourd'hui, Lucrecia m'a envoyé te chercher. Est-ce que tu te joins à nous ? Demande-t-elle de l'autre côté de la porte

                L'entente de ce prénom fait remonter des souvenirs en moi et tous mes muscles se contractent. Alors que je m'apprêtais à ouvrir cette porte, pour lui dire d'aller voir ailleurs, une main chaude se pose sur mon épaule.

— C'est bon, ça va aller... Chuchote-t-il en acquiesçant, comme s'il essayait de se convaincre lui-même avant tout

                Hypnotisé par les frissons qui parcourent encore mon corps, je le regarde passer devant moi, enfiler un tee-shirt puis sortir de la pièce, incapable de faire le moindre geste, complètement impuissant. Un sentiment que je n'avais jusque là encore jamais ressenti.

                Je ne saurais dire si c'est ça, mon égo qui a été touchée, ou une quelconque forme d'inquiétude, mais me voilà de nouveau dans la tour de contrôle, à l'affût du moindre comportement anormal de sa part.

                Les images défilent et un violent mal de tête me force soudainement à m'agripper à la table en bois. Pendant que je tente de supporter la douleur, j'essaie également de comprendre ce qui a déclenché cette nouvelle crise.

"Sauve-le" m'ordonné-je soudainement

                Encore ces mots, prononcés par ma propre voix, mais cette fois-ci hors contexte. Mille questions se posent alors dans ma tête et la frustration m'envahit. Je parviens à reprendre mes esprits quelques minutes plus tard et je tente tant bien que mal de me concentrer à nouveau.

                Penché au-dessus de la table, il astique les pièces détachées aussi lentement que le ferait un escargot et c'est inhabituel de sa part. J'utilise alors la souris pour zoomer et je remarque immédiatement que ses mains tremblent.

                C'est une sueur froide qui parcourt mon corps, cette fois-ci, et ma poitrine se met bizarrement à battre, de plus en plus vite. Je place ma main sur mon torse et il n'y a aucun doute, c'est bel et bien mon cœur, que je ne pensais même pas posséder, qui s'emballe.

                Pris d'une difficulté à respirer, je me dirige avec effort vers la maison, la vision trouble, et je m'adosse au mur de l'ascenseur, lorsque celui-ci s'ouvre, dans l'espoir de retrouver mes esprits.

— Inspire... et expire... C'est facile... M'indiqué-je à moi-même, en chuchotant

                Les yeux fermés, j'inspire profondément, gonflant ma poitrine d'air, et j'expire quelques secondes plus tard, le plus lentement possible. Cet exercice me renvoie plusieurs années plus tôt, quand le vieux me retrouvait caché en dessous de son bureau, honteux. Je devais pas avoir plus de dix ans à l'époque, et ça ne semble plus faire autant d'effets.