~Amadeo ~
Je me réveille fatigué, par ma courte nuit, même si j'ai bien dormi, vraiment bien, tel que je me sens un peu plus apaisé que la veille, je dirais presque de bonne humeur, malgré mes avant-bras courbaturés qui me font grimacer. Le réveil a sonné, comme chaque matin, à sept heures. Je l'ai éteint d'un claquement de main avant de me redresser et mon premier réflexe a été de chercher Arès du regard. Mais il n'est pas là. Je ne le savais pas aussi lève-tôt, ni même en possession d'un réveil, voilà bien la première fois qu'il fait les choses comme tout le monde. Il est vrai que c'est un fantôme entraîné comme les autres, cependant, il n'est pas toujours du genre conformiste, alors je m'attendais à tout autre chose.
Je finis par sortir du lit les bras croisés contre ma poitrine, si la froideur de la pièce m'a fait du bien cette nuit, je la trouve complètement désagréable ce matin. Je m'empresse alors de remonter à l'étage, étrangement calme.
- Où sont-ils ? Demande-je à Élise, qui montait les escaliers
- Suite aux événements de la veille... Leeroy a donné sa journée à tout le monde... pour que chacun reprenne ses esprits...
- D'accord... Où est Arès ?
- Avec Leeroy...Répond-t-elle en désignant la porte de son bureau du regardJe hoche la tête et profite de ce moment, très long quand j'y pense, pour me laver, m'habiller et me rendre à l'infirmerie, prendre des nouvelles de Louis. Le corps médical a un hangar à lui, basé sur quatre étages et un sous-sol, équipé de tout le matériel nécessaire, on croirait un vrai hôpital.
Je pénètre dans le hangar par les portes automatiques activées à l'aide de mon badge de membre, une fine carte en bois où est gravé un scorpion, dans lequel se cache une puce regroupant toutes les informations à mon sujet. Je parcoure le rez-de-chaussée, des lits sont placés de part et d'autre de la pièce, perpendiculaire aux murs de couleur bleu pâle, formant un couloir qui mène au comptoir de l'accueil. Derrière celui-ci se tient une brune au teint bronzé, je dirais qu'elle vient d'Inde ou d'un pays situé au Moyen-Orient. Elle est vêtue d'un ensemble bleu comme porte souvent les médecins et un énorme badge blanc, décoré du logo Scorpion, indique son prénom, Docteur Anna Sharma.
- Je viens voir Louis. Indique-je seulement, timide
- Chambre 53, deuxième étage ! Me sourit la réceptionniste, étonnée mais étrangement ravie de me voirJe monte dans l'ascenseur, assez large pour mettre deux lits, et c'est en une fraction de seconde que j'arrive à l'étage indiqué. Ils ne blaguaient pas, à l'académie, quand ils disaient que la rapidité de l'ascenseur de « l'hospice » était sans concurrence. Il faut dire qu'il est souvent question de vie ou de mort ici. En l'occurrence, le deuxième étage est réservé aux blessures qui nécessitent des interventions chirurgicales mais qui n'engagent pas le pronostic vital.
Je parcours le couloir, aux mêmes tons que le rez-de-chaussée, vérifiant chaque numéro, de chaque côté, tel un touriste perdu, avant de finalement trouver la chambre qui m'intéresse. La porte étant fermée, j'hésite un moment avant de frapper, sachant pertinemment que je ne pourrais pas dormir sans avoir pris de ses nouvelles. Après tout, c'est de ma faute s'il est là... J'inspire alors un bon coup et prends mon courage à deux mains. Je toque à la porte trois fois, il me semble, et une petite voix m'invite à entrer.
- Amadeo ! S'exclame Maryse en me voyant, toute souriante
Assise à côté de son mari, la domestique coupe la viande présente dans son assiette, avec douceur. Une émission de télé en bruit de fond.
- Bonjour... Comment allez-vous ?! Demande-je inquiet et mal à l'aise
- Tout va bien mon garçon... tout va bien... affirme Louis en agitant sa main de haut en bas
- Il va beaucoup mieux, c'est un mal pour un bien tu sais... ça fait des années que je lui dis de se reposer mais il est aussi fidèle à cette division qu'à notre mariage... Ricane sa femme en attrapant la main droite de son mari avant d'y déposer un baiser
- Je suis tellement désolé... souffle-je, en me rapprochant, conscient de la distance à laquelle je me trouve
- Ne le sois pas... me réconforte la femme du patient en m'adressant un sourire chaleureux
- Arès a fait exactement ce qu'il avait à faire... ajoute le vieil homme
- Il vous a tiré dessus alors que vous n'aviez rien à voir là-dedans... ! M'indigne-je
- Au contraire... Crois-moi, Amadeo, Arès sait toujours ce qu'il fait... et pourquoi il le fait... toujours... dit l'homme, ayant du mal à respirer, une main sur la poitrine
Je ne comprends pas...
- Mon mari et moi sommes censés garantir la protection des pervenches, afin que personne ne puisse les persécuter de la sorte... explique sa femme, tête baissée
- Je savais que quelque chose se tramait mais je n'ai pas jugé bon de prévenir Leeroy... ou même ton fantôme... c'est à moi d'être désolé... Nous sommes tous régis par une charte et j'ai enfreint la règle la plus importante en tant que domestique au sein d'une organisation telle que la nôtre...

VOUS LISEZ
Amadeon [MenXMen]
Roman d'amourAmadeo Lake, un garçon sociable et affectueux, tout juste sorti de l'académie de formation, fait son entrée dans la division appelée Scorpion 3, considérée comme la meilleure de toutes et située dans l'Oregon, aux États-Unis. Il idolâtre les métiers...