Amadeon [MenXMen]

Chapitre 2 - Premier fantôme

~ Amadeo ~

~ Quelques heures plus tôt ~

                Une fois prêt, je suis descendu attendre le taxi qu'ils m'ont envoyé. Debout dans le hall d'entrée, seulement éclairé d'une ampoule, mon corps tremblant, je me maintiens à la poignée de ma valise comme à une canne, me demandant à quoi pourrait bien ressembler mon premier fantôme. Rongé par l'attente interminable, j'arrache, à l'aide de mes dents, les peaux mortes de mes lèvres gercées.

                Lorsqu'elle arrive enfin, dans la pénombre de la nuit, je prends une grande inspiration avant d'oser descendre les quelques marches qui nous séparent. Le chauffeur, à la moustache longue, coiffée en pointe vers l'extérieur tel un pizzaïolo italien, semble à peine plus vieux que moi malgré son visage ridé, il me salue chaleureusement.

— Je suis Ferdinand ! S'exclame-t-il avant de déposer mes bagages dans le coffre.

                Je lui souris en retour et mon niveau de stress diminue brièvement. Sur le chemin, les vitres teintées m'empêchent de voir l'extérieur, afin que je ne puisse pas mémoriser le trajet, et ça ne fait qu'accroître mon excitation. Par le biais de tapotements sur le cuir de la banquette arrière, j'essaie de calmer ma frustration pendant qu'il énumère les cadeaux qu'il a prévu d'offrir à son petit-fils de quatre ans. Je ne me rappelle pas vraiment comment nous avons fait pour en arriver à parler de ce sujet mais il semble si enthousiaste que je le laisse continuer.

                Lorsque la voiture s'arrête, une heure plus tard, le chauffeur sort et m'ouvre la portière, mon regard se porte alors directement sur l'immense villa moderne, noire et blanche, qui se dresse devant moi ainsi que sur celles, identiques, qui m'entourent. Elles forment une résidence circulaire, délimitée par d'énormes barrières en métal doré et éclairées par de beaux lampadaires.

                Une fontaine est située au centre, faisant office de rond point. Des fleurs jaunes poussent au pied de celle-ci, sûrement alimentées par l'eau qui déborde et qui tombe sur le sol avant de disparaître dans les égouts. Très vite, je me rends compte que la boule que j'ai dans le ventre et le nœud que j'ai dans la gorge sont revenus.

                Un homme d'âge mûr, au cheveux poivre et sel et au teint naturellement bronzé, qui mettent en valeur ses yeux bleus azur, se présente devant moi. C'est Leeroy qui m'accueille chaleureusement. Je l'avais déjà rencontré il y a quelques semaines, je me rappelle avoir été intimidé par sa prestance puis surpris par la douceur dans sa voix. Au premier abord, c'est le genre d'homme que j'espère devenir. Il est ce qu'on appelle le gardien, il supervise tous les fantômes de la division. Je dis au revoir au chauffeur et nous montons les escaliers.

                A l'intérieur, l'entrée à elle seule fait le double de mon ancien appartement, c'est impressionnant, j'en suis bouche-bée. Illuminée par un immense lustre transparent, le sous-ton orangé de l'éclairage donne un côté chaleureux à la pièce.

                Au centre, de longs escaliers en marbre beige, recouverts d'un tapis rouge et sécurisés par des rambardes en métal noir, s'offrent à nous. Sur le mur gauche qui, par une ouverture, donne sur une autre pièce, sont accrochés des cadres, tous remplis de photos que je ne vois pas de là où je me trouve. Sur le mur de droite, qui donne, lui, sur un couloir, un grand miroir rond est posé sur une petite commode, près duquel se trouve également une boîte métallique sécurisée. Face à moi, deux personnes se sont rapidement regroupées, vêtues de tablier.

                Leeroy me les présente alors, pendant que Ferdinand s'empresse de monter mes affaires jusqu'à ma chambre. Ils s'appellent Louis et Maryse, c'est un couple de domestiques, avec une ancienneté impressionnante, comme le démontrent les rides sur leur visage. D'après le gardien, leur rôle est de superviser les autres employés en effectuant eux-mêmes les tâches qui leur sont attribuées, telles que le dressage de la table pour les repas, le ménage des pièces confidentielles, etc.