Chapitre 16 - Fort

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~ Amadeo ~

Assis sur le rebord de mon lit, les mains agrippées à la couverture, je lutte pour ne pas m'effondrer. Je suis triste mais surtout en colère. J'ai la rage. Je bouillonne de l'intérieur. Comment ont-ils pu me faire ça ?! Comment a-t-elle pu me faire ça ?! Je sais que nous n'étions pas amis, pas encore, mais j'espérais un peu plus de soutien de sa part.

Devenir pervenche n'est pas aussi facile qu'il n'y paraît, voire complètement impossible lorsqu'on a pas les contacts qu'il faut. On nous demande d'être rigoureux, indépendant, habile mais surtout de faire preuve d'un sang froid infaillible et c'est quelque chose que je dois encore apprendre, quelque chose dont je ne suis pas encore capable... Le flux d'émotions me vide de mon énergie et, c'est les paupières lourdes, que je m'endors en pensant à mes années à l'académie.

Je me réveille en sursaut au beau milieu de la nuit, en nage. J'ai fait un cauchemar et c'est la séance de simulation ainsi que celle de tir organisée par Arès qui en sont la cause. Je les revois me supplier de les aider et j'entends de nouveau les détonations des balles que j'ai moi-même tirées puis je me retrouve une nouvelle fois à cette table, je ressens une joie immense et une fraction de seconde c'est la chute. Sauf que, contrairement à la réalité, les gens autour de moi se mettent tous à rire, même mon fantôme, ce qui est complètement hilarant quand on y pense.

Lorsque je tourne la tête, le réveil posé sur mon bureau affiche trois heures du matin, et je n'arrive plus à fermer l'œil. La gorge asséchée, je décide d'aller me chercher une bonne bouteille d'eau fraîche. J'enfile mes chaussons et me débarrasse de mon haut plein de transpiration, que je jette au sol après m'être épongé le corps avec. Je descends les escaliers, légèrement éclairés par les lampes murales, le plus lentement possible afin de profiter de l'ambiance qu'ils dégagent.

Cela me rappelle les matins d'hiver, quand le soleil n'était pas encore levé et que la froideur de l'extérieur givrait les fenêtres de la maison, ma mère m'attendait dans la cuisine, une tasse de chocolat chaud, qu'elle m'avait préparé, posée sur le comptoir. Je me rappelle que mon père surgissait toujours à ce moment-là pour m'aider à monter sur le tabouret, bien trop grand pour moi.

J'allume les spots lumineux situés au-dessus de l'îlot central en marbre noir avant d'ouvrir, telles les portes du paradis, les portes du réfrigérateur américain gris. La fraîcheur qui s'en échappe me donne envie de passer le reste de la nuit ici. J'engloutis presque la moitié de la bouteille que je me suis empressé d'attraper lorsque des notes de musique me font sursauter. Elles proviennent du piano dans le salon. Qui peut bien jouer à cette heure là ?!

J'avance discrètement vers la pièce et c'est Garrett que j'aperçois, assis de dos, vêtu d'un ensemble de pyjamas bleu nuit. Il joue "Solas" de Gibran Alcocer, je reconnaîtrais cette mélodie parmi tant d'autres. Le silence en fond, le reflet de la lune sur la véranda et les branches d'arbre qui dansent au rythme du vent donnent un air spécial à ce moment. Dans la pièce, il n'y a que lui et le piano. Enfin, lui, le piano et... moi... L'atmosphère est si satisfaisante. Le calme s'installe à nouveau une fois les dernières notes jouées.

- Wow... Le piano est vraiment le meilleur des instruments... j'en jouais aussi avant... murmure-je, un léger sourire en coin

Il se retourne vers moi et, d'un air pas plus étonné que ça par ma présence, il me remercie d'un hochement de tête avant de récupérer son verre sur le bord du meuble de bois et de se diriger vers la cuisine. Pourquoi est-ce que je me suis senti aussi à l'aise pour dire ça ?... Il ne m'avait même rien demandé... qu'est-ce que je peux être gênant parfois... Enfin bref...

Amadeon [MenXMen]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant