Chapitre 3 - Frustrations

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~Arès ~

Comme d'habitude, lorsque la température est élevée et que je ferme les yeux, je l'entends, cette foutue voix masculine qui résonne dans ma tête, sans savoir à qui elle appartient... Tout ça à cause d'une fichue balle, passée à quelques centimètres de mon cœur.

Je me réveille en sursaut, allongé sur le canapé, heureusement il est tard alors la maison est déserte. Je descends rapidement dans ma chambre, après être passé à la cuisine prendre une bouteille d'eau. Ici, le béton rafraîchit la pièce alors j'ai moins tendance à avoir sommeil. J'allume la petite télé posée sur mon bureau pour occuper mon esprit.

Je m'intéresse tant bien que mal aux programmes qui me sont proposés, des documentaires animaliers aux dessins animés, en passant par les rediffusions de stupides jeux télévisés. Le réveil posé sur la table de nuit affiche déjà six heures alors je me lève et je file sous la douche. Serviette autour de la taille, je m'habille rapidement sans oublier de mettre mon gilet par balles et d'enfiler ma ceinture équipée d'un étui, dans lequel je glisse mon flingue.

Dans l'entrée, je passe ma carte devant le lecteur, la porte de la boîte s'ouvre et j'attrape les clés de mon SUV. Je n'ai pas le temps de fumer alors j'attrape un chewing-gum dans la portière, histoire de me détendre. Je roule sans hâte et m'arrête volontiers aux feux rouge, déjà crispé à l'idée de la voir assise à mes côtés. J'arrive plus vite que je le voulais alors je fume en attendant que son jet atterrisse. Je le vois approcher, quelques minutes plus tard, et je prie tous les cieux qui puissent exister pour qu'il s'écrase. Mais ce n'est pas le cas.

Elle descend saine et sauve et s'approche de moi, le sourire jusqu'aux oreilles.

— T'es venu ! S'exclame-t-elle

Debout devant moi, elle me regarde avec tendresse, comme une imbécile, comme si l'idée venait de moi, pendant que l'employé corrompu charge le coffre de sa valise. Agacé, je remonte à ma place, attendre que sa majesté daigne ouvrir, pour la première fois de sa vie, une portière seule. C'était beaucoup trop demandé de ma part, elle ne monta dans la voiture qu'après que l'employé se soit dévoué. Indifférent à son confort, je démarre en trombe et roule plus vite qu'à l'aller.

— Elle est encore en vie ? Me demande-t-elle, sourire aux lèvres, amusée

— Je vais prendre ça pour un non... Ricane-t-elle, en réponse à mon silence

— Décidément, je ne sais pas jusqu'où ils vont te laisser aller avant de mettre fin à ta crise d'adolescence tardive... Ajoute-t-elle sur un ton hautain que je méprise

— Prends à gauche, j'ai une course à faire. Ordonne-t-elle

— J'ai l'air d'être ton chauffeur. Balancé-je

— C'est pour l'organisation, gros bêta, et tu viens avec moi.

A contre cœur, je suis ses instructions et je finis par m'arrêter dans l'allée d'une ferme isolée. Sur le moment, je ne comprends pas ce que l'organisation pourrait en avoir à foutre d'un agriculteur et de ses vaches, mais plus on progresse vers la grange, plus l'odeur de beuh me chatouille les narines.

A la seconde où nous y entrons, l'odeur est plus forte, malgré les bâches qui protègent les plantations. Sans attendre, elle se rue dans sa direction et l'égorge. Le corps du vieil homme s'effondre sur le sol et il tente tant bien que mal de retenir le sang, à l'aide de ses deux mains.

— Regarde-moi tout ça ! S'exclame-t-elle en levant les bras en l'air

Une petite boîte d'herbe attire son attention et elle ricane.

— T'en veux un peu ? Demande-t-elle, sourire aux lèvres

Je lève les yeux au ciel, agacé.

— On a pas beaucoup parlé, toi et moi, depuis tout à l'heure, j'espérais que tu sois de meilleur humeur...

Je ne réponds rien, comme à mon habitude, alors elle soupire et pose sa main sur mon épaule. Dégoûté à la simple sensation de sa chaleur corporelle, je m'empresse de la retirer.

— Ne refais jamais ça. Ordonné-je en approchant mon visage du sien

— Waw ! Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour entendre le son de ta voix ?! S'exclame-t-elle en ricanant

Comme simple réponse, je pose ma main sur mon flingue et son sourire disparaît pour laisser place à un visage fermé, son vrai visage.

— T'étais tellement plus drôle avant... On s'amusait bien tous les deux... Énonce-t-elle d'une voix nostalgique en agitant un sachet d'herbe sous mon nez

— C'est dommage... Soupire-t-elle avant de s'en aller

Je secoue la tête de gauche à droite, en grimaçant, pour chasser les images d'elle et moi en train de passer de "bons" moments puis, après avoir jeté un dernier coup d'oeil à l'homme qui continuait de se vider de son sang, je la rejoins, sans hâte, à bord de la voiture.

Arrivé à la division, je descends rapidement de la voiture et j'ignore, lorsque je pousse la porte,le guet-apens présent dans le hall. Ils me fixent tous mais mes yeux ne se posent que sur une seule personne. Il est là, debout, visiblement perdu et terrifié, alors qu'il n'y a vraiment pas de quoi.

Les rayons du soleil mettent tellement en valeur le vert clair de ses yeux que je jure qu'on pourrait voir au travers. Troublé, je maintiens le regard jusqu'à le dépasser et, intéressé par la suite des évènements, j'assiste malgré moi au spectacle de pimbêche, qui ne doit sa « réussite » et sa « carrière » qu'à celles de son paternelle, qu'elle n'égale même pas un peu.

Amadeon [MenXMen]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant