Chapitre 26 - Frissons

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~ Amadeo ~

Je m'installe doucement face à lui et il recouvre mon corps de la couverture, avant de placer son bras autour de moi. Ce mouvement, accentué par la proximité de nos visages, bloque ma respiration. Je ne suis pas habitué à autant de proximité entre nous.

— Qu'est-ce qui te torture ? Me demande-t-il dans un chuchotement
— Ça dépend... mais... le soir où tu m'as entraîné à tirer sur... ces hommes... me revient à chaque fois... je les revois, il me supplie... mais je peux rien faire... avoué-je, sans lâcher des yeux son torse
— Souviens toi de ce qu'ils ont fait... pas de qui ils étaient...
— C'est plus facile à dire pour toi... T'as l'habitude...
— Tu l'auras aussi...
— J'espère pas... Tout à l'heure t'as dit que je n'étais pas obliger de renoncer à qui je suis... Alors, si il y a bien une chose que j'espère garder... C'est mon humanité... Je veux me rappeler qu'ils ont été, autrefois, aussi innocent que moi...

Mon regard bascule sur ses lèvres lorsque celles-ci s'étirent de part à d'autre de son visage. 

— Très bien... S'il doit y avoir torture, je m'en chargerai ! Conclut-il en se tournant sur le dos

Son mouvement produit un courant d'air, de quoi me faire presque claquer des dents, et c'est là que je me rend compte que son bras m'apportait une chaleur que la pièce ne possède pas. 

— Pourquoi il faudrait les torturer ? Notre but, c'est de les tuer, non ? Ricané-je tout de même
— Chaque client est différent, pervenche...

Je souris, toujours autant amusé par ce surnom, qu'il prend vraisemblablement pour une insulte, ou une marque d'affection, va savoir. 

— Est-ce que je peux te poser une question ? Demandé-je
— Est-ce qu'on peut dire non à cette question ?
— Sûrement, je sais pas... Ricané-je. Mais, étant donné que je sais ce que tu peux faire avec ton arme, je préfère que tu me donnes ton accord ! Ricané-je à nouveau
— Alors, OUI, tu peux me poser une question... Affirme-t-il
— T'as pas vraiment choisi d'être fantôme, n'est-ce pas ?
— Exact... soupire-t-il en pivotant face à moi, l'air contrarié, mâchoire serrée

Son déplacement émet un autre courant d'air, qui me fait frissonner une seconde fois, alors je me rapproche doucement de lui, afin, d'au moins, capter un peu de sa chaleur corporelle. Nos mains entrent en collision et son regard se fait soudainement plus doux. 

— T'as froid ? Me demande-t-il, réellement soucieux
— Un peu... avoué-je

Je m'attendais à ce qu'il me prête un pull ou qu'il allume un chauffage. Mais, à ma plus grande surprise, et le terme est minime, il se rapproche un peu plus, passe son bras droit en dessous de ma tête et entoure ma taille à l'aide de son bras gauche. Emprisonné, au chaud, mes mains se posent sur son torse avec timidité et vibrent au rythme des battements de son cœur. Il bat normalement, contrairement au mien.

— C'est mieux comme ça... Me demande-t-il 
— Oui... Merci... chuchoté-je

On est si près que je peux sentir son souffle sur mon nez, j'aimerais voir son visage pour tenter de savoir ce qu'il ressent mais, malheureusement, même à cette distance, ses expressions faciales sont difficiles à percevoir. C'est vrai qu'après la description que l'on m'a faite de lui et le comportement que j'ai pu observer, je n'arrive toujours pas à comprendre comment une telle froideur puisse renfermer une pareille douceur. 

Essaie-t-il de changer ? Je n'ai pas encore de réponse et je ne sais pas si j'en aurais une un jour. Dans tous les cas, je compte bien profiter de cette part de lui, que je ne comprends pas encore totalement et de ce sentiment de paix qui plane autour moi lorsqu'on est ensemble. Parce que c'est ce que je ressens, là tout de suite, dans cette chambre, dans ce lit, à ses côtés, l'impression que rien ne peut m'arriver. 

Amadeon [MenXMen]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant