Chapitre 7

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[Angélique]

     Angélique suivait Marie à travers les pièces cette dernière la menant aux appartements de la Marquise. Elle avait revêtu une robe détaillée, assortie à une riche parure, résultat de son désir de produire une bonne impression.

     Son amie toqua une série de coup sur la porte, et une servante, à en juger par son apparence leur ouvrit avant de s'effacer rapidement. Les deux entrèrent, se faufilant presque dans l'entrebâillement.

     Angélique ignorait pourquoi, mais le comportement de Marie - qu'elle ne laisse entendre que le bruissement de ses jupes, ses petits coups d'œil à la limite du furtif - la poussait à la discrétion malgré elle, comme si elles bravaient un interdit. Elle s'appliquait donc à réduire le cliquetis de ses talons tout en essayant de ne pas perdre l'équilibre, comme un jeu.

     Celle qui leur avait ouvert leur indiqua de se rendre dans un petit salon camouflé derrière de lourds rideaux rouges. La Marquise de Reynel était déjà installée sur un sofa, tout comme deux autres des femmes déjà présentes la dernière fois. Quatre dames de compagnie se tenaient debout derrière.

« Mesdemoiselles, vous voilà. Asseyez-vous, je vous en prie» déclara la Marquise en désignant deux autres sièges rembourrés d'un geste de la main.

     Elles s'exécutèrent, prenant place dans la pièce entourée de lourdes tentures pourpres disposées en rond. Au centre se trouvait une petite table couleur or délicatement ouvragée les séparant de la Marquise.

« Alors, j'imagine que Mademoiselle d'Alincourt a une petite idée de ce pourquoi elle est avec nous ici, reprit Elisabeth en lançant un regard appuyé à Angélique. Cependant, est-elle au courant des détails ? finit-elle en détournant les yeux vers Marie.

— Non, répondit cette dernière, mais j'espérais qu'elle pourrait les apprendre maintenant, en même temps que nous les finalisions.

— Mais bien sûr. Vous n'êtes peut-être pas sans savoir qu'une réception aura lieue dans quelques semaines ? Au cours de celle-ci, nous nous arrangerons pour vous placer près de lui lors du repas. Si ce que l'on m'a rapporté est exact, il vous a déjà remarqué, cela devrait suffire à vous graver dans son esprit. Ensuite, mon mari nous invitera à une ou plusieurs des chasses jusqu'à ce que nous accédions au dîner privé d'après-chasse. Si déjà nous en arrivons là, le plus dur sera franchi, exposa la Marquise, ses yeux bleus glaciers fixés dans ceux d'Angélique, qui opina.

— Bien sûr nous adapterons selon les événements, intervint Marie, et il faut se préparer à l'éventualité que nous échouions.

— Et c'est pour cela que vous devez vous en tenir au plan et uniquement au plan. Également m'écouter moi uniquement si vous voulez qu'il réussisse. Un unique pas de travers peut faire chavirer l'opération entière en un claquement de doigt. Et même causer des dégâts irréparables. Donc vous devrez me prévenir si jamais un seul élément, même insignifiant, sort du chemin.

     Un air plus que sérieux était inscrit sur son visage qui la rendait presque intimidante. Il aurait, à peu de choses près, donné envie à Angélique de se recroqueviller dans son siège, comme une petite fille prise en faute.

« Je le ferai, finit-elle par acquiescer

— Bien. »

     La Marquise se redressa, satisfaite.

« Il se fait tard, mon époux sera bientôt rentré. Je propose que nous nous retrouvions ici dans quelques jours, nous serons tranquille tout au long de l'après-midi, j'en suis assurée. »

     Comprenant que leur entrevue arrivait à son terme, les quatre se levèrent. Elles se séparèrent après avoir passé la porte, chacune partant de son côté, et Marie engagea la discussion alors qu'elle rentrait avec Angélique :

« Alors qu'en pensez-vous ?

— Qu'en pensez-vous de quoi ?

— Et bien d'un peu tout, de la Marquise, du plan...

— Je pense que ce plan est parfait en tout point, et à vrai dire, il me tarde de commencer, s'exclama la jeune blonde enthousiaste. Je suis maintenant tellement impatiente de me rendre à cette réception, il va m'être si difficile d'attendre jusque là !

— Tant mieux, sourit Marie.

— Quant à Madame de Reynel, elle me semble sympathique, quoiqu'un peu... impressionnante par moment

— Il est vrai qu'elle produit souvent cet effet. C'est une femme qui sait se faire respecter, et qui a un grand contrôle de ses émotions. Enfin, comme vous, j'ai vraiment envie de connaître la suite des événements, vous m'attendrez pour participer à la prochaine réunion ?

— Mais bien sûr, je ne vois pas ce qui vous ferai croire le contraire ! Bon nous nous reverrons demain de toute façon, dit-elle avant de rentrer dans les appartements familiaux.

— Nous nous reverrons demain, la salua Mademoiselle d'Enghien avant de continuer son chemin.

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