[Aramis]
Il fallait croire qu'elle avait raison. Une autre lettre de sa famille venait d'arriver, et avec elle le message à l'encre invisible de son frère.
De nouvelles fuites d'argent, cette fois bien réelles avaient été constatées. Et le plus inquiétant n'était peut-être pas là. Les paysans menaçaient de se révolter contre leur maison décadente, les impôts augmentant au fil du temps pour renflouer les caisses.
La comtesse ne pouvait que comprendre leur colère, mais elle pouvait s'avérer dévastatrice. La destruction que semait le peuple sur son passage lors des révoltes était redoutée de tous les hauts placés. Elle pria qu'ils acceptent de supporter ces injustices quelques semaines de plus, temps à partir duquel les affaires devraient s'arranger.
Mais peut-être pouvait elle accélérer les choses. Aramis sortit de chez elle.
Quelques minutes plus tard elle toquait à la porte de son fiancé. Cela lui semblait toujours irréel de penser qu'elle se mariait dans moins de deux mois.
« Le duc est occupé, l'informa le domestique qui lui ouvrit.
— Dites lui que sa future épouse souhaite lui parler.
— Bien Madame. »
Il murmura quelque chose à une personne qu'elle ne pouvait pas distinguer puis l'invita à entrer. La jeune femme pénétra dans le bureau et le domestique referma derrière elle.
François était penché au-dessus de liasses de papier éparpillées sur sa table, le dos voûté. Un sourire crispé éclaira son visage lorsqu'il vit Aramis.
« Mon amie, je ne m'attendais pas à vous voir à cette heure ? Que me vaut votre visite ?
— Eh bien je commence à recevoir les premières informations au sujet de notre mariage. Je me demandais donc si il n'était pas possible d'avancer les festivités de quelques semaines peut-être, car je ne puis plus attendre. »
Le duc se passa les mains sur le visage puis se leva.
« Quelque chose vous tracasserait-il ?
— Non, je me rends compte que, qu'il m'est impossible de continuer plus longtemps sans vous à mes côtés » déclara-t-elle, décidant de jouer la carte sentimentale.
Il entoura le visage de la comtesse de ses mains.
« Soit, j'en suis sûr. Êtes-vous certaine cependant que tout va bien ? Qu'il s'agit bel et bien de la bonne raison ?
— J'en suis certaine oui. Mais enfin, que cherchez vous à savoir ?
— Rien en particulier. Cependant je sais que vous êtes une femme magnifique et talentueuse, et que je suis incroyablement chanceux de vous avoir. Comprenez-vous, je ne pourrais supporter que qui que ce soit d'autre ne pose ses mains sur vous, dit-il, raffermissant sa prise sur le coup d'Aramis.
— Je ne cherche qu'à m'engager avec vous. Et une fois que nous serons mariés, vous pouvez être sûr que je ne serai qu'à vous et vous seul » affirma-t-elle en se dégageant d'un coup sec.
Pour appuyer ses paroles, elle l'embrassa tendrement.
« Soit, nous nous marierons donc dans deux semaines. Je ferais jouer mes relations » sourit-il avec un clin d'œil.
Elle rit avant de repartir dans ses appartements, satisfaite. Et voilà, cela devrait rentrer dans les délais tendus auquel elle faisait face.
Cependant, même si elle n'avait pas vraiment menti, elle n'avait pas réellement été honnête non plus, et cela lui pesait sur la conscience. Elle pensait vraiment ce qu'elle lui eut dit à propos de se consacrer entièrement à son mari après la cérémonie. Cela signifiait qu'elle devait mettre un terme à sa relation avec le roi. Même si cela lui coûtait plus qu'elle ne voulait l'admettre.
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Double Jeu
Ficción históricaAprès quinze ans d'exil, Aramis, fille de comte, est de retour à la Cour de Versailles pour sauver sa famille des problèmes d'argent, avec un plan ancré en tête. Mais elle va vite s'apercevoir que tout est bien plus compliqué qu'il n'y paraît au pre...