Savior [ChangLix]

Chapitre 06

Chapitre 06

Assit sur le sol, le dos contre le mur et son carnet posé sur les jambes, Félix mâchouille son crayon d'un air contrarié. Depuis trois jours, il accompagne Ji Sung au sous-sol afin qu'ils avancent sur leur projet en même temps que le garçon travaille ses tatouages. S'il apprécie de passer ce temps avec son meilleur ami, l'australien est frustré de voir que malgré leur proximité, Chang Bin ne lui accorde aucune attention. Assez régulièrement, le maître d'armes vient les voir dans le petit salon et donne des conseils à Ji Sung, regarde ses croquis ou lui apprend une nouvelle technique, mais c'est à peine s'il lance un regard à Félix qui se sent bouillir. Pourquoi agit-il avec lui comme s'il n'était qu'un étranger et non une personne qui dort à quelques mètres de lui ? Sans parler de séduction, il aimerait bien que le brun soit un minimum amical et non complètement désintéressé. Plus encore que la frustration, Félix ne peut s'empêcher d'être en colère contre lui-même de ressentir tant d'attirance pour quelqu'un qui n'en n'a visiblement rien à faire. Il ne comprend plus son corps, il ne comprend pas les raisons qui le pousse à chercher sans arrêt le regard de son aîné, pourquoi son estomac se met à crépiter lorsqu'il entre dans la petite pièce sombre, pourquoi il est toujours impatient à l'idée de le croiser, pourquoi il ne peut s'empêcher de l'admirer dès qu'il entre dans son champs de vision. ça le perturbe grandement parce qu'il a toujours ri au nez de ceux qui lui disaient ressentir ça. Il se rappelle encore de la fois où son ami Jake lui avait avoué ressentir quelque chose pour Rosé alors que cela faisait quelques mois que la jeune fille était entrée dans leur cercle d'amis. Il a beau adorer les comédies romantiques, il s'était bien moqué de lui lorsqu'il lui avait décrit tous les changements physiques dans son corps. Maintenant, il se sent bien bête, surtout que ça n'a aucune logique, il a rencontré Chang Bin à peine deux semaines plus tôt et ils n'ont échangé que de brèves paroles.

Observant le brun discuter avec Ji Sung, tous deux penchés sur un dermographe, il retient un soupir, irrité. Il le trouve beau, beaucoup trop beau. ça n'a rien à voir avec le physique plaisant de Hyun Jin, ce n'est pas la même émotion. Hyun Jin est élégant, délicat, taquin et séducteur, Chang Bin c'est la force brute et maîtrisée, la sécurité, et il est certain qu'une grande douceur se cache derrière sa carrure musclée. Il est même certain que le maître d'arme est du genre à faire l'amour avec tendresse plus qu'avec sauvagerie, et ça lui tord l'estomac d'en venir à s'imaginer ça.

Fatigué de la retenue de leur aîné, il se lève un peu brutalement, abandonnant ses affaires sous le regard surprit des deux garçons et quitte la pièce sans un mot.

- Je suis un vrai crétin, souffle-t-il pour lui-même en se dirigeant vers le mini-frigo dans le petit bureau voisin.

Il attrape une canette de bière, sans même se demander s'il en a l'autorisation, et passe la porte, retrouvant l'odeur de sueur et le bruit des hommes qui s'entraînent. Certains lui jettent un regard mais il n'y fait pas attention et se balade entre les rings. Une silhouette attire son attention sur l'un d'eux et il s'approche avec un sourire. Jeong In se trouve au milieu, torse nu et les bras devant son visage, alors qu'autour de lui, quatre Nine sont prêts à en découdre et une dizaine d'autres suivent le combat. Félix se joint à eux et il observe le plus jeune faire face à ses attaquants, un sourire carnassier prouvant son amusement à l'idée de se battre. Il aurait pu croire que le garçon ne ferait pas le poids face aux grands gaillards qui s'élancent vers lui, mais la réalité est toute autre. Il évite et pare les coups avec une facilité déconcertante et malgré les encouragements de leurs camarades, les quatre hommes de main, ne parviennent pas à le mettre à terre. Après plusieurs minutes, il reçoit un premier coup dans la mâchoire qui le fait tituber mais le rire qui lui échappe fait froid dans le dos et son regard s'assombrit avant qu'il n'attaque à son tour. Félix est admiratif de la volonté du plus jeune. Ce dernier sort vainqueur, ses adversaires gisant à ses pieds et il se tourne vers son public en passant sa main sur son front dégoulinant de sueur.