Savior [ChangLix]

Chapitre 13

Chapitre 13
 
- Tu as le vertige ?
- Non, pourquoi ?
- Suis-moi.

Félix jette un regard dubitatif à Chang Bin qui ouvre la baie vitrée pour aller sur le balcon. Son estomac est serré par la nervosité mais il ne laisse rien paraître et l'observe se hisser sur la rambarde, le long du mur. Il remarque alors un escalier en fer qui courre le long du bâtiment, des Nine sont posté dessus à plusieurs paliers, certainement pour surveiller les issus de secours. Chang Bin se hisse agilement dessus à la force de ses bras avant de se tourner vers l'australien, lui tendant la main pour l'aider. Félix s'en saisi et un frisson remonte son dos au contact de leurs doigts. Il a envie de se glisser contre son torse, de sentir ses bras musclés se serrer autour de son corps, de retrouver la douceur de ses lèvres. Rassemblant son courage, il rejoint le plus vieux sur l'escalier, se retenant à la rambarde pour ne pas chavirer dans le vide, et ils montent les marches jusqu'au toit.

- Je viens là quand j'ai besoin d'être seul, lui apprend Chang Bin une fois l'ascension terminée. Personne ne vient ici, il n'y a que Chris qui sait où me trouver.

Félix hoche la tête, touché d'avoir droit d'accéder à quelque chose d'aussi personnel. L'endroit est désert, à une hauteur vertigineuse, permettant d'admirer une vue sur tout Busan. Il n'y a pas de garde-fou, pas de muret en pierre, juste un canapé et une table basse, en plein milieu. Chang Bin fait signe à Félix de venir s'assoir à côté de lui et il sort de son sac, une lampe à piles qu'il allume et pose sur le sol avant d'attraper deux bières. Il les décapsule et en tend une à l'australien qui le remercie du bout des lèvres, encore un peu confus par la tournure de la situation. Un petit silence s'installe et Félix porte la bouteille à ses lèvres en laissant son regard se promener sur la mer, visible à l'horizon. La brise est fraîche et vient frapper ses joues, mais ça ne le dérange pas, il a l'impression que son corps brûle à la simple proximité de son aîné.

- Je suis désolé, lâche soudainement Chang Bin, je ne voulais pas te blesser...

Félix s'humidifie les lèvres en triturant un bout d'étiquette qui se décolle de sa bière. Il sait qu'il faut qu'ils reparlent de ce qu'il s'est passé entre eux, mais il n'est pas très à l'aise. Lui qui, d'ordinaire, n'hésite pas à parler franchement, il se sent soudainement intimidé.

- C'est moi qui suis désolé... j'aurai dû réfléchir avant de t'embrasser... je me rends compte que j'ai un peu forcé...
- T'as pas forcé, Félix, je me suis pas senti obligé de le faire...

Le plus jeune s'autorise un regard vers le maître d'arme qui attrape une cigarette dans la poche latérale de son pantalon cargo. Malgré la faible lumière, il le trouve toujours aussi beau, aussi magnétique.

- J'ai jamais couché avec personne, souffle le plus vieux en tirant sur le bâton de nicotine.

Félix ouvre de grands yeux, surpris. Il a du mal à imaginer que le brun n'ait jamais gouté au plaisir charnel, mais ce dernier ne semble ni honteux ni mal à l'aise.

- Tu... t'es puceau ?
- Oui. Je n'ai eu que Ki Seop dans ma vie et il avait quatorze ans et moi seize. Même si nos hormones nous titillaient, on a préféré prendre notre temps, il était jeune et on pensait qu'on avait toute la vie devant nous.

Il s'interrompt le temps de prendre une nouvelle taffe.

- Après sa mort, je me suis pas senti capable de coucher avec quelqu'un, pas sans sentiments. Hyun Jin a essayé de m'amener dans des maisons closes, il m'a proposé les services de prostitués, homme ou femme, mais c'est pas mon truc. Pour moi, faire l'amour, ça vient avec la confiance qu'on a dans son partenaire, c'est la traduction physique des sentiments. J'ai jamais réussi à retomber amoureux, alors j'ai pas eu de relation sexuelle, et je m'en porte bien.