Chapitre 8

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Mathieu s'était vaguement renseigné sur les Estaffes, à partir du moment où il avait compris que l'arbre doré qu'il avait reçu après son réveil n'était pas seulement celui de Maître Magimel, mais également celui du premier Élitien. Il avait appris le nom des quatorze Prétendants à avoir a prononcé le Serment noir pour protéger leur famille, ainsi que le nom de celui qui avait refusé, se faisant assassiner par la fratrie d'Hélios. En hommage à ce Prétendant, Paul Jolibois, et à la famille morte en même temps que ce garçon, Mathieu s'était promis de chercher tous les indices possibles pour faire échouer les Estaffes dans leur quête de destruction.

Une promesse louable, mais qui n'avait pas duré plus que dix jours. Lorsque les épreuves avaient repris, Mathieu n'avait plus pensé à quiconque en dehors de ses amis et de sa famille.

Néanmoins, ces dix jours avaient été productifs, par rapport au nombre misérable d'informations au sujet de la fratrie Estaffes. D'une part, le nom de chacun (quelque chose de peu courant dans le royaume, tous se contentaient de parler des frères Estaffes sans véritablement donner leur prénom), l'année de leur arrivée, et de leur expulsion, de l'école de l'Élite. Mais également le nom de leur nymphette personnelle.

La déduction logique de Mathieu en voyant une nymphette noire près de la pierre tombale de William Estaffes, c'était que la nymphette en question ait été la nymphette personnelle de l'Hélios. Il prononça alors une question à l'attention de la petite fée :

— Êtes-vous Viviane ?

La nymphette ne répondit pas, mais bougeant la tête vers lui d'un air absent, assez dérangeant. Un Prétendant ordinaire aurait été terrifié par une telle attitude de la part d'une nymphette dans l'ombre d'un cimetière. Mathieu se contenta de répéter sa question d'un ton moins amen.

— Peut-être... je ne sais plus...

— Il est rare que l'on ne connaisse pas son propre nom, amorça Mathieu.

Il s'attendît a une réaction violente, ayant en mémoire le regard fou de la nymphette pendant les leçons de combat d'arbre doré. Mais s'était à peine si la petite créature daignait tourner son regard vide et terne vers lui, sans manifester quoi que ce soit.

— Vous savez, j'ai vu William Estaffes au moment de sa mort, continua l'adolescent en espérant obtenir une réaction. J'étais surpris qu'il me connaisse d'ailleurs, mais enfin, j'étais déjà célèbre ! Il m'a même épargné, vous vous rendez compte ?

— ... comment était-il ? murmura la nymphette après un long moment de silence.

Mathieu grimaça, ne sachant pas si être honnête serait pertinent dans une telle situation. Il était parfaitement capable de mentir sans que quiconque ne puisse le deviner, mais que pouvait-il dire dans cette situation qui soit pertinent sans lui causer de torts ?

— Plutôt mal, je crois. Il avait l'air plus maigre et pâle que sur les vignettes. Il avait des cernes aussi, se souvint le Prétendant en jouant la carte de l'honnêteté.

— William oubliait de manger...

La phrase était inattendue, mais le sourire mélancolique de la nymphette était plus incongru encore. Mathieu estima que la situation était plutôt belle pour lui.

— Si vous voulez, on peut discuter de William Estaffes dans l'école. Bon, bah face aux autres, mais je connais une galerie tranquille, et puis vous devez avoir faim. Tenez, vous pourriez même dormir sur mon lit, et en échange je vous pose des questions !

Son marché n'obtint pas de réponse. La déception de Mathieu ne se manifesta pourtant pas quand il constata que la nymphette ne battait pas des ailes, et était comme atrophiée. L'adolescent se souvint de toutes les fois où il avait été ingrat envers Adélaïde, et il estima que pour le bien de sa mission, il pouvait bien se mettre cette petite fée dans la poche. Il lui proposa de la porter dans ses mains, et après un simple hochement de tête en réponse, il prit la petit créature dans la paume de sa main, la soulevant délicatement en se dirigeant vers l'école de l'Élite.




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