Chapitre 7

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Deux semaines étaient généralement suffisantes pour la plupart des élèves à avoir bien avancé sur leur épreuve. De son côté, Mathieu commençait à craindre un résultat semblable à celui de son épreuve de la Foudre fantôme, avec une issue moins glorieuse.

Il avait pourtant tenté plusieurs choses. Mais même se renseigner auprès d'apothicaire véreux ne lui avait pas permis d'obtenir l'aile de nymphette tant convoitée pour sa potion. Sa frustration était d'autant plus croissante que tous avaient réussi leurs épreuves, même Pierre ! Il avait capturé un louveteau, et même s'il en avait récolté une sacré cicatrice sur le poignet en se faisant mordre, son ami était parvenu à accomplir son épreuve sans même avoir besoin de tuer un loup. Il avait repéré un louveteau isolé d'une meute, sans parents, et s'était débrouillé pour l'attirer vers une cage à l'aide de viande crue.

L'animal était actuellement dans une modeste cage, dans une salle que Pierre avait gardé secrète, le temps de faire valider son épreuve avant de relâcher le petit animal.

Pour tromper sa nervosité à l'idée de ne pas réussir son épreuve, Mathieu parcourait la forêt des Élitiens (surtout sa bordure en fait), en lançant de temps à autre un éclair. Ses pensées étaient d'autant plus pénibles qu'elles étaient accompagnées de la pensée de sa famille.

De la famille Hidalf.

Il avait été adopté, et ce secret avait duré treize ans. Même Juliette d'Or, qui avait à l'époque six ans de plus, ne s'était douté de rien. Mathieu l'avait toujours soupçonnée de ne pas prêter attention à grand chose et d'être trop stupide face à son génie, mais sa sœur avait toujours été futée pour connaître les secrets les plus cachés. Et pourtant, leur lien de frère et sœur lui avait été évident, alors qu'il ne tenait pas par le sang.

Ce qui ne l'empêchait pas de l'aimer par le cœur et l'esprit, certes. Mais tout de même !

Mathieu savait qu'en apprenant la vérité, il avait blessé sa mère. Qu'importe qu'elle ne soit pas sa mère biologique, elle était celle qui l'avait élevé avec amour et tendresse, de même que son père adoptif. L'adolescent était certain qu'il n'aurait pas eu autant d'amour auprès de sa famille de sang.

Après tout, s'il avait été abandonné, c'était pour une bonne raison...

— Mathieu Hidalf ? l'interpella Louis Serra en croisant son chemin.

— En personne, capitaine.

Sa voix manquait d'assurance, mais l'homme se contenta de lui rétorquer qu'il n'était plus capitaine, sans s'attarder sur son manque d'énergie.

— Tu penses trouver une aile de nymphette en te baladant ici ?

— J'ai déjà fait appel à des apothicaires de toutes sortes, et aucun ne peut m'aider, soupira Mathieu. Je pense que je ne serai pas Apprenti, pas tout de suite...

Il coupa sa phrase en songeant qu'il était en train de s'apitoyer bêtement face à Louis Serra. Cet homme n'avait jamais pris la peine de lui parler pour d'autres raisons que des choses graves, en lien avec l'Élite. Mathieu savait que l'ancien capitaine était encore moins accessible que Julius Maxima, ce qui n'était pas peu dire. Ses jérémiades d'enfants devaient l'ennuyer.

Mathieu fit mine de repartir, mais Louis Serra l'interpella à nouveau, d'un ton presque sévère.

— Depuis quand les élèves se permettent-ils de partir de la sorte d'une conversation ?

— Je croyais que les Cœurs noirs ne faisaient pas la conversation aux élèves, répliqua l'adolescent d'un ton moqueur.

— Pourtant, lorsque tu es devenu Prétendant, j'étais venu dans la bibliothèque pour saluer les plus jeunes élèves, toi compris, rappela l'ancien capitaine. J'avais indiqué que vous deviez prendre toutes les aides nécessaires, et qu'il ne fallait pas hésiter à parler même aux Élitiens, ou aux Cœurs noirs, pour réussir une épreuve.

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