27 : La vérité

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Mathieu observait silencieusement ses parents, sentant leur angoisse malgré toute leur volonté de rester dignes. Juliette d'Argent lui tenait la main gauche, Juliette d'Or la main droite, et la petite Juliette se contentait d'observer la porte de l'appartement des Pompous avec un air aussi sérieux qu'impatient. À leur côté, la comtesse Boidorée se tenait aussi droite que Mathieu l'avait vu lors des situations de crise. Seul un léger tic nerveux d'un de ses doigts trahissait un peu sa propre nervosité.

Roméo ouvrit la porte d'un air enjoué, et Mathieu se sentait déjà désolé de le savoir vite déçu. Son ami était persuadé que sa mère, Mme Pompous, avait laissé entendre être la mère biologique de Mathieu, ce qui aurait fait des deux garçons des frères. Une possibilité dont Mathieu prenait très mal la mesure.

D'une part, parce que Roméo était à ses yeux assez idiot pour ne pas se douter qu'il ne pouvait pas être son frère, sans quoi ils auraient été jumeaux, ce qui n'était manifestement pas le cas.

Et d'autre part, car son camarade lui en avait parlé sitôt que le génie de la bêtise était retourné dans l'école de l'Élite avec les Élitiens, son père et ses ravisseurs qui devaient en ce moment-même être interrogés. Si bien que même avec la meilleure volonté possible, Mathieu n'était pas dans un état de pensée lui permettant de se dire qu'il était peut-être à quelques minutes de savoir qui étaient ses parents.

Un coin de son esprit songeait que la présence de la comtesse Boidoré était inattendue, mais il supposait que puisque la jeune femme était la cousine de la mère de Roméo, elle devait souhaiter faire l'intermédiaire entre M. Hidalf et Pompous, tout en veillant à ce que Mathieu ne soit pas laissé un seul instant livré à lui-même.

Les parents de Roméo manquaient un peu de chaleur mais les deux Apprentis n'y prirent pas garde, et Mathieu ne s'embarrassa pas de politesse en s'adressa directement à celle qui l'intéressait :

– Madame, Roméo m'a dit que vous saviez certaines choses sur... sur ma famille adoptive, attaqua-t-il sans le moindre détour.

– C'est le cas, en effet...

– Mère, est-ce que Mathieu est mon frère ?

– Je vous avertis d'avance, s'étrangla M. Hidalf en virant au rouge, si jamais Mathieu est votre fils, ça ne justifiera pas que nous venions plus souvent pour les réunions de courtoisie mensuel. Il pourra venir vous voir, mais je ne l'accompagnerai pas !

– Vous nous rassurez ! se moqua presque M. Pompous en caressant l'un de ses nombreux chats. Mathieu aura le loisir de venir avec Poildor...

– C'est Griffrigor, coupa le jeune adolescent, et j'aimerai surtout avoir la réponse à ma question !

Mme Pompous lui adressa un sourire avant d'échanger un regard étrange avec la comtesse Boidoré, faisant signe à tout le groupe de s'asseoir dans les fauteuils du salon, permettant à son époux de narguer faussement le sous-consul de Darnar en lui faisant remarquer qu'il s'agissait des fauteuils confisqués par le service des fraudes, qu'il avait pu récupérer peu de temps auparavant. Mathieu jetait des regards agacés entre tous les adultes, n'attendant qu'une chose : connaître la vérité.

– Pour être honnête Mathieu, aucune de tes deux familles ne sait qui est l'autre, commença la mère de Roméo en s'asseyant près de ton propre fils. Si moi-même je le sais, c'est parce que j'étais présente le jour où Emma t'a recueilli... et celui où ta mère biologique n'a pas pu te garder.

– ... Elle ne m'a pas abandonné ?

Malgré lui, sa voix tremblait un peu, sans qu'il ne sache s'il était soulagé ou simplement triste.

Par les liens du parcheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant