21 : Nymphette inquiète

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La nymphette Viviane était restée sur le lit de Mathieu, attendant toute la nuit qu'il ne revienne. Roméo était passé la voir pour l'informer que son nouveau petit protégé comptait passer un peu de temps au château du roi pour voir sa famille, avant que le Solélin n'aille dormir dans son lit doré. La petite fée sans ailes s'était mise dans le lit miniature confectionné par Juliette d'Argent à son égard, de plus en plus inquiète à mesure que la nuit se poursuivait sans que Mathieu ne revienne. Elle se convainquit qu'il devait être resté avec sa famille pour la nuit entière, mais son absence le matin suivant l'alerta.

Le lit de Mathieu n'était pas très éloigné de ceux de ses amis, mais ceux-ci ne prirent pas garde tout de suite à l'absence de leur camarade, pensant qu'il était prenait un petit-déjeuner dans la galerie des Chandelles.

Viviane finit par perdre patience, la petite nymphette se laissant glisser des draps du lit pour atterrir sur le sol, courant à toute allure en direction des nymphettes du fil d'or pour savoir si l'une d'elles avait aperçu Mathieu. Mais les autres fées restèrent silencieuses, la dévisageant avec un certain mépris. Elle finit par comprendre que s'adresser à celles contre qui elle-même avait combattu n'était pas pertinent, et que même si les nymphettes élitiennes n'étaient pas foncièrement rancunières, elles étaient d'un sérieux absolu dans leur devoir, et ne risquaient donc pas de lui répondre.

Contrariée, la nymphette songea qu'elle allait perdre un temps précieux à marcher sur le sol, au lieu de pouvoir voler, mais si son petit protégé était en danger, elle n'allait pas paresser.

Elle avait déjà perdu William. Elle ne perdrait pas Mathieu.

Un miaulement sonore fut le seul avertissement qu'elle eut avant d'être avalée par un chat, hurlant de terreur dans la gueule du matou qui la recracha. Viviane se retourna aussitôt pour insulter le chat et le fuir, voyant qu'il s'agissait de Griffrigor, et qu'il l'avait recraché aux pieds de Louis Serra.

La nymphette n'avait compris que bien tard que cet ancien Élitien avait été le traître, lorsqu'il était venu un soir s'enquérir de son état à elle, et aux autres nymphettes des Estaffes. L'homme avait toujours veillé à cacher son identité par un capuchon, certainement possédé par le maléfice de Circé et manipulé par les six frères Hélios pour prendre soin d'elles à l'insu de tous. Un soir pourtant, quelques jours avant la bataille finale, le capitaine de l'Élite était venu, le miroir d'oubli à la main, l'utilisant contre lui-même avant de leur annoncer qu'il était le traitre, et leur demandant s'il était déjà venu le voir par le passé sous son autre identité. Quand les six nymphettes avaient admis la vérité, l'Élitien était resté silencieux un moment, avant de leur dire qu'elles auraient mérité un meilleur destin que celui qu'elles avaient eu.

À l'époque, Viviane avait détesté le mépris de cet humain. Mais aujourd'hui, elle était trop inquiète envers Mathieu pour ne pas demander de l'aide au héros de son petit protégé.

– Capitaine !

Louis posa son regard sur elle, avec un air surpris. Il s'accroupit afin de la récupérer dans la paume de son gant et de la mettre à son niveau.

– Mathieu aurait-il oublié de dire à son chat que celui-ci était toujours recherché par la comtesse ? fit remarquer Louis en fixant Griffrigor qui lui répondit par un feulement. Je veux bien passer outre pour cette fois, mais il a dévoré quelques nymphettes élitiennes, vous devriez être plus prudente vous-même.

– Capitaine, avez-vous vu Mathieu ?

L'homme fronça les sourcils, comme s'il était tenté de lui rétorquer que savoir où était Mathieu Hidalf la plupart du temps était aussi simple que de connaître l'heure exacte de la journée quand on avait pas de montre.

Par les liens du parcheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant