LE 20 MARS... { Tome 1 : Destin lié. [TERMINÉ ] }

Épilogue.

Alessia

Milan est mort depuis quatre mois maintenant et honnêtement, je suis tombé en dépression. Pour la deuxième fois de ma vie. Je me souviens de tout, lui qui m'embrasse, qui me dit de rentrer en Italie. Lui qui me promet qu'il va s'en sortir alors que sa mort était inévitable.

Je suis rentré, comme il me l'a demandé, en Italie. Dans mon vieil appartement de merde. Les huissiers sont venus il y a un bout de temps et n'a presque rien laissé, il me reste mon canapé et mon tapis de salle de bain. Ce n'est pas extraordinaire, mais j'arrive à vivre comme ça, enfin quasiment. Je bosse dans des petites entreprises et essaye de garder un maximum d'argent pour l'appart et pour moi manger. C'était compliqué au début, mais on finit par prendre l'habitude.

Je refais la décoration peu à peu, essaye de sortir, rencontrer des gens, aller en boîte, mais c'est plus la même chose.

Depuis qu'ils sont partis, Milan, Vittoria et même Ivan. Tout est fade, sans vie. Pourtant, Turin reste une ville pleine de joie, de couleurs, mais depuis quatre mois, c'est fini. J'ai tout perdu, j'aimerais remonter dans le temps, tout recommencer, ne pas refaire les mêmes erreurs, mais c'est impossible. On n'est pas dans un film ou une série.

J'ai racheté une télé pour regarder Rick et Morty, et je mange ma glace préférée comme à chaque moment de déprime. C'est-à-dire : tout le temps. Je prends des rendez-vous avec une psychologue depuis un petit moment, j'y vais deux à trois fois par semaine et rentre directement chez moi juste après. Je suis sous anti-dépresseurs depuis deux semaines. Ça marche de temps en temps, mais pendant mes périodes de crises rien ne marche à part la scarification, donc je peux dire officiellement que j'ai rechuté. Ça me fait chier un peu, mais c'est tout ce qui marche.

J'ai essayé de me sortir Milan de la tête, mais impossible, je n'y arrive pas. Après tout, c'est mon premier et seul amour de toute ma vie, et il est décédé. Mais j'aimerais passer à autre chose, tout oublié, qu'il fasse partie de mon passé comme Vittoria et Ivan. Mais ils sont mon présent. Comment je peux vivre avec ça sur la conscience ? Pour moi, c'est juste infaisable.

Mais le pire dans tout ça, c'est que j'ai tué mon propre frère, peu de temps après. Il a souffert, j'ai essayé des millions de fois de lui pardonner et le comprendre, mais c'était trop dur et j'ai fini par craquer. Malheureusement sa disparition a été signalée et j'ai dû tout faire, jeté le corps, passer tout l'appart à l'eau de javel et encore un bon nombre de choses dont je ne suis pas fier. Mais je regrette un peu mon acte, puisqu'à chaque fois que je ferme les yeux, je le vois, planter son arme sur la tempe à Milan et une fois que je suis dehors, un coup de feu, le seul. Juste un. Son acte m'a dégoûté, il est parti et ne m'a jamais soutenu dans ce que je faisais. Il ne méritait pas ma pitié. Alors, je l'ai poignardé, huit fois. Je me suis défoulée sur lui, mais depuis il a fallu que je me calme différemment — autre la mutilation — je me suis inscrit à la boxe. Et il se trouve que ça me calme ça aussi, heureusement, sinon je serais morte depuis un long moment. J'y passe deux heures après une crise et tout va mieux ensuite, ça me rassure de me dire que j'arrive à me contrôler d'une certaine manière.

Beaucoup de choses ont changé depuis quatre mois, sauf l'amour que je porte à l'égard de Milan. Contre mon gré. J'ai essayé de toute mon âme. Mais impossible, je l'aimais, je l'aime et je l'aimerais. Pour un bon moment sûrement, mais je suis amoureuse — d'un mort — c'est pathétique.

~ Fin. ~