Chapitre 1

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Hailey

    Les mains ensanglantées et la gorge sèche, je fixe le miroir d'un air absent et agacé.

Arrête, j'ai des enfants et une femme...
Et moi, je n'ai personne...

    J'entends encore les voix rauques de ses salops qui me suppliaient de ne pas les faire du mal, alors que je n'avais qu'une envie, c'était de les tuer pour ce qu'ils avaient fait. J'avais étrangement souri avant de continuer le travail qu'on m'avait confié. J'avais encore perdu le contrôle de mes émotions et sans Jacob, je ne sais pas comment ils auraient terminé ou comment j'aurais pu finir. L'air toujours agacé et la mine fatiguée, je me décide enfin à me nettoyer les mains et à oublier tout ce qu'il s'est passé durant les deux dernières heures. 

Je veux que tu aies une vie paisible et heureuse.

    Les mots innocents de ma mère me reviennent en tête, accentuant une haine et un sentiment proche du dégoût, qui me donne la nausée.

    Comment avoir une vie paisible et heureuse, quand tout ce qu'il m'entoure est chaos et désespoir ?
    Comment ?

    Je serre mes dents jusqu'à sentir un goût métallique dans ma bouche et abat violemment mes mains sur le rebord du lavabo.

    J'en ai marre de tout ce qui se passe. Je suis fatiguée de jouer à cache-cache avec mon destin et je préfère qu'il me lâche.

    J'essuie le sang qui coule de ma bouche, puis tremblantes, je remets à nouveau mes mains sous le jet d'eau, avant de frotter avec force celles-ci. La douleur est instantanée, mais je continue de frotter encore et encore, jusqu'à ce que ma vue se brouille. Je ne pleure pas, mais j'ai soudainement le vertige et je me rattrape à temps pour ne pas tomber.

    — Calme-toi, dis-je à moi-même en m'agrippant au lavabo. Ce n'est rien d'autre que de la fatigue mentale.

Oui, de la fatigue mentale...

    Cinq minutes plus tard, la porte des toilettes de la supérette tambourine dans mon dos, me sortant de mes pensées.

    — Hailey, il faut qu'on bouge, il commence à se faire tard et je ne suis pas à l'aise à moto quand il fait sombre, signale Jacob de l'autre côté de la porte.

    — J'arrive...

    Je referme le robinet et m'essuie les mains avec la petite serviette accrochée, puis mon regard se braque à nouveau dans le mien. Je suis fade et démunie et la dernière lueur de bonheur disparaît à vue d'œil. Je n'ai plus envie de rien et le simple fait de penser à demain, j'ai l'estomac qui se tord douloureusement, avant que ses mots ne refassent surface.

Sois forte et courageuse, et cesse de penser à demain.



    On pénètre dans le bar et sans attendre, je me rends vers le bureau de Gérald pour lui remettre l'objet de ma mission. Je salue les autres en passant et sans toquer, j'entre dans son bureau et dépose la clé USB sur sa table, l'air de rien.

    — Vous en avez mis du temps.

    — Je sais, dis-je en cachant mes mains blessées dans les poches de mon blouson. Mais pourquoi tu as envoyé Jacob ?

    — Et pourquoi pas ? Demande-t-il en me dévisageant avant de souffler et de passer sa main sur son visage, l'air fatigué. Dois-je te rappeler que je l'ai mis sur ta responsabilité pour qu'il s'intègre au mieux ? Et malheureusement pour toi, j'ai eu raison de l'envoyer.

Buried loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant