Chapitre 9, Voute céleste

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Une vive douleur à ma joue me réveille en sursaut. Tancah est à cheval sur moi, le bras armé pour m'assener une seconde gifle :

- Fini de dormir, la marmotte ! Rassemble tes affaires, on lève le camps.

- Mais le soleil n'est pas encore levé !

- Mais le soleil il est pas encore levé, m'imite-t-elle avec mépris. Justement, cela nous laissera plus de temps pour avancer vers Asgard. Je déteste perdre du temps.

Je m'extrais difficilement de ma couverture, ressentant d'un coup le froid environnant. Tancah, déjà sur le point de partir, ne semble pas se soucier de cette fraîcheur matinale. En rassemblant mes affaires, je repense à ce que j'ai vu la veille. Elle n'a donc pas, ou peu, dormi, et elle est prête à soulever des montagnes. Nous retournons sur le chemin, dont nous nous étions éloignés pour éviter d'être repérés. Je ne vois pas quels seraient les dangers auxquels nous aurions à faire face, si ce n'est un animal sauvage. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle marmonne :

- Je t'ai vu, hier soir. C'est malpoli d'observer les gens à leur insu, tes parents ont dû te le dire.

- Comment tu le sais ?

- Tu n'est pas discret, c'est tout. Regarde.

Elle fait quelques pas puis disparaît dans un arbre. Elle monte jusqu'au sommet et me crie :

- À toi, maintenant !

J'observe les prises que je pourrais avoir sur l'arbre, mais elles sont trop loin les unes des autres :

- Les prises sont trop espacées, je ne parviendrai pas à te rejoindre.

- Crois en toi, si j'y suis arrivée alors que je suis plus petite que toi, tu peux le faire !

Ai-je bien entendu ? Elle m'a encouragé ? Je me permets une petite pique :

- Tu as mangé quoi pour être si aimable ?

- Grimpe, avant que je change d'avis !

Je saisis une branche au dessus de moi pour tester sa solidité. Lorsqu'elle craque, j'entends Tancah rire :

- Choisis des grosses branches, pas de minuscules qui casseraient sous le poids d'un oisillon !

Je suis déjà monté dans des arbres avec mes amis à Draggilys, mais ils étaient beaucoup moins sauvages et beaucoup plus taillés que celui qu'elle a choisi. Les branches que je ne peux pas atteindre sont très épaisses et malgré un grand saut, je n'arriverais pas à les effleurer.

Je fais le tour de l'arbre. Les branches sont plus accessibles. J'allais m'élancer quand quelque chose me bloque. Quelque chose au fond de moi. La peur. Elle grandit à mesure que je tends les bras. Je n'entends plus aucun bruit, comme si elle me coupait du monde. Mes paupières se ferment seules lorsque je pose mes pieds dans l'arbre. Première étape de franchie. Tancah est encore loin, je sens son regard peser sur mes épaules :

- Tu peux arrêter de me fixer, s'il-te-plaît ?

Pas de réponse. Ou du moins je ne l'entends pas. J'avance presque à tâtons, n'entrouvrant les yeux que rarement. Je n'étais jamais monté aussi haut, mais à à peine un mètre de Tancah, je me laisse tomber sur la branche, soudain pris de vertiges. Ma vue se brouille, mes sens ne me répondent plus. Je sais seulement que l'arbre bouge tandis que, je suppose, Tancah me rejoint sur ma branche juste avant que je ne tombe.

XXX

Quand je reviens des méandre de mon esprit, je suis assis, au sol, contre un rocher :

- Je savais que tu étais faible, mais à ce point...

La Rose Éternelle 1, DraggilysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant