Chapitre 12, Louve apeurée

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Ilkka dort profondément. Tancah s'extirpe de ses draps et sort de la chambre sans bruit, mis à part le grincement léger de la porte. Elle espère que Mnoukh dort aussi. Elle veut repérer toutes les issues en cas d'attaque.

Elle se remémore ce qu'elle a entendu dans la grotte et arrive à la conclusion qu'ils ne sont en sécurité nulle part. Elle longe un long couloir éclairé seulement par une fenêtre au bout. À sa gauche, des escaliers montent, sans doute vers le toit, se dit-elle en sentant de l'air frais.

Une porte entrouverte l'intrigue. Elle entre dans une pièce remplie d'armes, dont la plupart sont enfermées dans des vitrines. Des armes kragonnienes. Leurs pommeaux est reconnaissable entre mille. Un cercle à l'intérieur duquel est gravée une étoile à quatre branches, sertie d'une pierre de couleur différente selon le grade du soldat qui la porte. Celles-ci sont rouges. Un haut gradé, donc. Mnoukh sait se battre. Malgré son âge, il doit lui rester des rudiments des combats auxquels il a participé quand il était encore en service.

Tancah continue son exploration en montant les escaliers jusqu'au toit. Son premier réflexe est d'observer les éventuelles cachettes et les endroits où elle pourrait pour fuir une embuscade. Une seule cachette : la cheminée. Elle en fait le tour. Elle est seule sur la terrasse. Elle lève les yeux vers le ciel brillant d'étoiles, comme à son habitude.

- Toi non plus, tu n'arrives pas à dormir ?

Elle dégaine son poignard et manque d'égorger Mnoukh en se retournant vers lui.

- Je ne savais pas que c'était vous.

Il s'installe sur l'un des deux fauteuils, l'invitant à se mettre en face de lui :

- Tu aurais fait un excellent soldat. Tu as de bons réflexes.

- Peut-être, mais avec quelle armée ?

Il hausse les épaules :

- D'où viens-tu ?

- Je ne sais pas. Je n'ai d'attache nulle part.

- Tu as beaucoup voyagé, ton corps parle pour toi. Je devine que ces voyages n'étaient pas de tout repos.

Elle hésite avant de prononcer ses mots :

- Je n'ai fais que fuir toute ma vie quelque chose sans nom ni blason.

- Tu as quand même une idée de ce que cela peut être ?

- Le souvenir le plus lointain remonte à une dizaine d'années. Je ne sais même pas s'il est véridique.

Mnoukh se tait, l'intimant de poursuivre :

- J'ai fuis un endroit sombre et humide grâce à un fantôme qui m'a ouvert un portail vers une grotte.

- C'est effectivement pas banal comme souvenir. Tu ne te souviens de rien ? Même pas un visage ? Un nom ?

Elle hoche la tête négativement :

- Non, à part la marque sur mon épaule.

Mnoukh se penche en avant. Après un court silence, il lui demande doucement :

- Je peux la voir ?

Elle descend la manche de sa tunique, révélant une petite tête de loup marquée au fer rouge.

- Tu veux retrouver celui qui te l'as faite ?

- Et le laisser mourir après une lente agonie.

- Ne la révèle à personne, même à Ilkka. Gardes-la pour toi. Les réponses viendront à toi quand ce sera le bon moment, lui chuchota-t-il en recouvrant son épaule de sa main caleuse.

La Rose Éternelle 1, DraggilysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant