Chapitre 1

305 28 5
                                    

L'argent, toujours l'argent. On dit que l'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue, quoique pas toujours. Certains voudraient devenir riches, d'autres préféreraient vivre simplement, mais dans tous les cas, l'argent reste indispensable. Lee Min Ho fait partie de la première catégorie de personnes, bien que la richesse ne l'attire pas forcément. Lui, ce qu'il veut, c'est ne plus être obligé de se ronger les sangs à chaque fin de mois en se demandant comment il va payer son loyer et ses charges diverses. Pourtant ce n'est pas un flemmard, les boulots, il les enchaîne, sautant sur toutes les opportunités qu'il trouve, mais son manque de diplômes lui ferme beaucoup de portes. Il faut dire qu'il n'aurait jamais pensé se trouver dans cette situation, la gloire et la richesse, il aurait pu les toucher du bout des doigts si tout son monde ne s'était pas écroulé subitement.

Min Ho avait un rêve, autrefois, un rêve qui l'a accompagné pendant toute son enfance, qui a habité ses nuits et rythmé ses journées. Il voulait devenir champion de Taekwondo. Il a consacré toute son adolescence à ce sport, suivant un cursus scolaire qui lui permettait de s'entraîner pour viser l'équipe Olympique, et s'il a terminé le lycée avec d'excellentes notes, il n'en reste pas moins qu'il n'a pas suivi le chemin du commun des mortels. Face à une horde de candidats en quête d'un travail fixe et bien rémunéré, il ne fait pas le poids, ils ne sont pas dans un dojang. Désormais, Min Ho regrette presque d'avoir eu ce rêve et d'être ainsi coincé dans une situation où il doit se battre en dehors des tapis pour réussir à survivre. Min Ho est épuisé. Épuisé par sa recherche d'emploi, épuisé d'enchaîner les petits boulots, épuisé de courir à travers la ville, épuisé d'essuyer les drames et les mésaventures, épuisé par la vie, tout simplement. Plus rien n'a de sens pour lui, il a l'impression de nager à contre-courant. Il a bien des amis qui l'aident à se maintenir hors de l'eau et une famille qu'il tente de soutenir, mais il lui manque quelque chose. Une présence rassurante à ses côtés, une personne qu'il pourrait couvrir d'amour et qui lui ferait oublier ses soucis. Des relations, il en a eu quelques-unes, il est sorti avec une fille qui pratiquait le Taekwondo, comme lui, pendant le lycée, puis il a eu quelques copines après, mais ça n'a pas duré. Il n'a pas réussi à trouver une fille qui l'accepte avec ses problèmes d'argent et son emploi du temps chargé. Aujourd'hui, ça lui manque un peu, c'est un romantique, il s'accroche à l'idée qu'il puisse avoir lui aussi droit à une histoire d'amour. Il a fini par penser que tout viendrait une fois qu'il aurait trouvé un emploi stable. C'est toujours pareil, qui dit emploi fixe, dit stabilité financière, épargnes, projets, maison, famille. L'argent est encore et toujours au cœur de ses problèmes et ça devient usant.

- Papa est rentré...

La voix de Min Ho rebondit lascivement contre les murs alors qu'il abandonne ses chaussures à côté de la porte. Il vit dans un petit studio, sur le toit d'un restaurant, dans un quartier pauvre et défraîchi. L'entrée débouche directement sur la pièce principale qui fait office de salon, salle à manger et chambre. Au fond, il y a une minuscule kitchenette et à côté, une salle d'eau. C'est simple mais confortable bien qu'il n'y ait pas de décoration. Il y a une vieille télévision face au canapé-lit, des livres abandonnés sur une vieille commode dont le premier tiroir ferme mal et un unique cadre photo accroché à côté de la cuisine.
Retirant sa veste en jean, Min Ho fronce les sourcils et fait la moue en regardant autour de lui avant qu'un petit sourire ne vienne étirer ses lèvres.

- Encore en train de dormir, hein ?

Il s'approche du canapé et s'accroupit pour être à hauteur de trois petits chatons, serrés les uns contre les autres. L'un d'entre eux lève mollement la tête en poussant un miaulement et Min Ho caresse son pelage roux avec tendresse. Voilà son seul réconfort lorsqu'il rentre chez lui, ces chats errants qu'il a pris sous son aile quelques mois plus tôt, un soir de pluie. Certes, il doit dépenser de l'argent pour eux, mais il ne regrette pas de les avoir sauvés. La misère sociale est omniprésente depuis que le nouveau Président, Han Yong Jin, est au pouvoir. Le taux de chômage n'a jamais été aussi élevé et le peuple est révolté contre le gouvernement, créant un climat de conflit permanent dans la capitale. Ils n'ont beau être que des animaux, Min Ho ne pouvait pas s'imaginer les laisser vivre dans une rue où les débordements sont fréquents.
Il se redresse en entendant quelques coups frappés à la porte et cette dernière s'ouvre sur un homme âgé, au visage maquillé par la fatigue et les soucis.

My insufferable little Prince [MinSung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant