Chapitre 07

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Chapitre 07

- Venez découvrir le nouveau restaurant de poulet frit...

La voix de Min Ho s'éteint lorsque le passant continue son chemin sans lui prêter attention et il se tourne de l'autre côté.

- Venez découvrir...

A nouveau ignoré, il laisse son bras retomber le long de son corps avec un soupir. Voilà déjà deux heures qu'il distribue ses flyers et le tas ne diminue pas. Il déteste encore plus ce travail que celui de nettoyer les quais de métro. Là-bas, il se sent utile, ici, il a l'impression de perdre son temps et il ne supporte pas les regards méprisants des gens qui passent à côté de lui. Avisant un groupe d'employés qui quitte un building derrière lui, il s'approche en tendant de nouveaux prospectus.

- Venez découvrir le nouveau restaurant de-

L'un des hommes le bouscule sans ménagement et le haut de sa pile glisse au sol, s'éparpillant à moitié dans le caniveau alors que le reste est piétiné par les employés.

- Putain, souffle-t-il en serrant les dents.

L'homme qui l'a bousculé s'arrête et pivote vers lui alors qu'il amorce un mouvement pour ramasser les dépliants promotionnels.

- T'as dit quoi ?

Min Ho se relève pour lui faire face, crispé.

- Vous pourriez faire attention et montrer un peu de respect.

- Du respect ? Les gars comme toi, qui ne branlent rien de leur journée, n'ont pas droit au respect.

Min Ho se mord la langue pour ne pas rétorquer et serre les poings face au regard haineux et dégoûté de l'homme qui s'éloigne. Il ne supporte plus d'être traité de la sorte, comme un moins que rien. Il n'a pas choisi de se trouver dans cette situation, il ne l'a pas voulu. Il a fait des études, il a travaillé des heures durant, trimé des nuits entières et s'il a abandonné son rêve, ce n'est pas par fainéantise.

Il a toujours tout fait pour trouver du travail, acceptant des postes dégradants, avec des horaires décousus, des salaires minables, parfois même sans jours de repos. Alors si, il a droit au respect, comme tout être vivant.

Terminant de ramasser ses flyers, il replace correctement sa veste à l'effigie du nouveau restaurant et prend la route du retour. Il a déjà dépassé son heure de débauche, il a envie de rentrer chez lui, il en a assez fait.
La société qui l'embauche est une entreprise de communication un peu vieillotte qui a élu domicile dans un vieux bâtiment gris, recouvert de béton. Min Ho monte au troisième étage et entre dans les bureaux pour retrouver son patron qui fronce les sourcils en le voyant arriver, sa cigarette coincée à la bouche. Le garçon plisse le nez, la fenêtre n'est même pas ouverte et le plafond est recouvert d'un voile de fumée, emplissant la pièce d'une odeur désagréable de tabac.

- Déjà ? Grogne l'homme en se laissant retomber sur le dossier de sa chaise.

- J'aurai dû finir il y a presque une heure, répond Min Ho en déposant le tas de flyers sur la table.

- T'as vu tout ce qui te reste à distribuer ?

- J'ai fait trois secteurs mais les rues sont vides.

- T'es vraiment pas foutu de faire ton boulot correctement. Va te changer.

Min Ho serre les poings à s'en faire blanchir les phalanges et se dirige vers le vestiaire. Son employeur est un gros con qui exploite ses salariés et il aimerait vraiment lui faire ravaler son air hautain et son sourire pervers. Il quitte sa veste et la range sur le portant avant d'ouvrir son casier pour attraper son blouson en jean, son portable et son portefeuille. Heureusement qu'il n'a rien de valeur, car sans cadenas à son casier, il est certain qu'il se serait déjà fait dépouiller. Revenant dans la pièce principale, il se campe devant son patron qui fait mine de ne pas l'avoir vu en allumant une nouvelle cigarette.

My insufferable little Prince [MinSung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant