Chapitre 1

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Murphy

Les premières fleurs commencent à pousser et le soleil est moins timide. Je sors tout juste de mes cours pour rejoindre Félicie au bar du coin de la rue. Le week-end est enfin arrivé, et comme presque tous les vendredis soir, on fête ça avec des verres, et on rentre à l'appart pour regarder Top Gun. Quand j'arrive devant, je suis déconcertée par les quatre voitures de police qui roulent à vive allure vers l'autre bout de la ville. C'est pourtant calme dans le quartier. Je finis par me résoudre à entrer et à m'asseoir à notre table habituelle. Plongées dans notre discussion, on ne remarquait même pas que Cal et Logan venaient de nous rejoindre. Félicie et Logan sont ensemble depuis la seconde, et Cal est le frère de Logan et aussi mon meilleur ami. Je connaissais ces deux-là depuis la maternelle.

Je m'appelle Murphy, je vis à Minneapolis en colocation avec ma meilleure amie Félicie. Elle fait des études de cinéma, et moi je suis dans une école de mannequinat. Je connais cette fille depuis seulement deux ans et demi, et pourtant j'ai l'impression de l'avoir eu à mes côtés depuis ma naissance. Nous avons prévu d'emménager dans notre propre chez nous dans le Wisconsin, d'ici cinq mois.

- Les filles, c'est bon pour samedi soir ? Demanda finalement le copain de ma meilleure amie.

- Et on fait quoi samedi soir ? Dis-je perdue.

-J'allais justement t'en parler, ils font une soirée à la maison du lac. Dit Félicie toute souriante.

- Qui vous dit que je n'avais pas envie d'être tranquille ce week-end ?

- Arrête Murphy, t'es toujours tranquille, alors fais nous le plaisir de ramener ton joli cul à la fête. Conclut Cal. Je pris un air faussement blessé et après les verres que nous avons bu au bar nous finissons notre soirée à l'appartement avec les gars. Les forçant évidemment à regarder Top Gun avec des bières pour eux, et une bouteille de rosé pour nous. J'ouvre la fenêtre pour allumer un joint. Dans le ciel assombri par la nuit, les étoiles brillaient déjà. La lune recouverte d'un léger voile me donnait la sensation de me perdre. J'aimais regarder le ciel de longues heures, seule ou bien accompagnée. Jusqu'à m'évader dans les méandres de mes pensées les plus sombres. J'inhalai la fumée qui s'introduisait dans mes poumons. Cette sensation de chaleur dans ma gorge était tellement agréable. J'allongeai mes jambes sur celles de mon meilleur ami et continuai le film avec attention. Au final, on finit tous par s'endormir sur le canapé jusqu'au petit matin.

À mon réveil, il ne restait plus que moi et Félicie qui dormait encore à poings fermés. Je me levai sans faire de bruit et me faisais couler un café. Une douche froide s'imposait. Je fermai la porte de la salle de bain derrière moi, et allumai l'eau pour me glisser dans la cabine. Quand j'eu fini, j'attrapai une serviette qui était légèrement jaunis par le temps. Il faut dire que l'on ne courrait pas sur l'or. J'aperçu Félicie à moitié endormie sur les toilettes. Elle releva la tête pour me regarder et me dit :

- Dis, j'ai la gueule de bois, tu peux aller me chercher un truc à bouffer ? On n'a plus rien à manger ici. Dit-elle dans les vapes.

- J'y vais et profites-en pour prendre un paracétamol. Il est hors de question qu'on reste, toute la journée, enfermées. Lui répondis-je du tac au tac. Je pris mes clés et dévalai les escaliers de l'immeuble à toute vitesse. Au rez-de-chaussée, je croisai Maria, la concierge. Je lui souris et elle agita sa main pour me dire bonjour. Maria était espagnole, elle avait dû déménager suite à la mutation de son mari. Au bout du compte, il avait fini par se suicider peu de temps après, justement à cause de son travail. Alors elle s'était retrouvée seule, sans enfants, ni famille. Il arrivait qu'elle vienne toquer à notre porte pour prendre de nos nouvelles et s'assurer que tout allait bien. Nous la considérions un peu comme une tante.

The Devils FamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant