Spirita Miragere

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"Non, ceci n'est pas un nouveau chapitre, désolée ! Mais ne partez pas !
Comme l'attente est longue, je me suis consacrée quelques heures à la rédaction d'un one-shot (fiction qui comporte un chapitre unique ) qui fait office à la fois d'excuse et de demande d'attente. Voilà, je passe mon bac jeudi, nous sommes mardi soir, je suis en plein stress, et de ce fait complètement incapable de faire autre chose que de réviser. Autrement dit, je n'ai pas fini mon chapitre parce que je n'y arrive pas pour le moment !!

Donc vraiment désolée de l'attente encore une fois, j'espère que ce one shot (complètement indépendant de l'autre fiction ) pour me faire pardonner, vous plaira.

Bonne Lecture"

– Drago-Malefoy-Granger


.***


Spirita Miragere

Un Bal de Noël en pleine guerre, non mais quelle idée ! Sûrement la plus idiote qu'ait jamais eue Dumbledore, d'ailleurs.

Seule, au milieu d'un immense couloir du troisième étage, Hermione fixait l'affiche blanche accrochée au mur, la mine maussade. C'était la liste de tous ceux qui désiraient participer à l'évènement, et elle était plutôt bien remplie.
- Ridicule, souffla Hermione.
Comment pouvait-on avoir la tête à s'amuser ? Poudlard ne cessait d'être attaqué en permanence, de nuit comme de jour ! Les Détraqueurs rôdaient autour de l'enceinte tels des vautours, guettant la moindre proie susceptible de sortir. Les Mangemorts improvisaient des visites de plus en plus fréquentes, tuant à chaque fois un ou deux élèves au passage, tandis que l'armée de Greyback s'était installée à la lisière de la Forêt Interdite, au cas où un petit imprudent aurait la mauvaise idée de s'enfuir.

Le collège était cerné ; en dehors des Mangemorts, il était impossible d'y entrer, comme d'en sortir...

L'idée de danser dans le but de vouloir « détendre l'atmosphère et oublier notre malheur l'espace d'une soirée », comme l'avait dit ainsi le directeur, était, selon Hermione, absurde et sans espoir. Le simple fait de regarder l'état pitoyable de la Grande Salle, dévastée par les nombreuses attaques, rappelait que la guerre faisait rage, et un bal ne suffirait pas à l'oublier, aussi divertissant soit-il.
- Bonne idée, ce bal, dit alors une voix traînante, derrière elle. Sûrement la meilleure que ce vieux fou ait jamais eue, d'ailleurs.
Hermione ferma les yeux au son de cette voix si insupportable. Drago Malefoy. Ce simple nom suffisait à son malheur.
Peu désireuse d'user sa salive pour quelqu'un qui n'en valait pas la peine, Hermione fit comme s'il n'avait pas été là, et s'éloigna.
Grossière erreur. Ignorer un Malefoy relevait, ou de la folie, ou du suicide. Il la rattrapa et se posta devant elle, lui barrant le passage d'un bras.
- Je te parle, Granger, dit-il une voix dangereuse. Et quand je parle, on m'écoute.
La situation aurait pu être drôle pour la jeune femme ; elle aurait pu rire et lui balancer quelques méchancetés à la figure. Mais elle s'abstint. Depuis que Voldemort avait pris le contrôle, cette sale fouine ne cachait plus son appartenance au mal, s'en vantait même. Désormais, s'en prendre à lui, c'était s'en prendre aux Mangemorts. Neville en avait fait la démonstration. A ce souvenir, son cœur se serra et la haine fit bouillir son sang.
- Oh, tu es en colère ? s'amusa le jeune homme. Serais-je la source de cet agacement, par hasard ?
C'était un piège, elle se savait. Le moindre prétexte était bon pour qu'il aille se plaindre à ses copains encapuchonnés, et en aucun cas elle devait répondre « oui », bien que ce mot lui brûlait les lèvres.
- Je dois y aller, dit-elle alors, les dents serrées. Je peux ?
- Non.
Son poing la démangeait atrocement et, petit protégé ou pas, il n'allait pas tarder à défigurer son visage d'ange s'il ne la laissait pas bientôt passer.
- Pourquoi tu ne t'inscris pas au bal ? demanda-t-il.
- C'est une perte de temps, maugréa-t-elle. Se battre serait plus utile.
Il éclata de rire. Exaspérant.
- Vous n'avez aucune chance, ce n'est qu'une question de temps.
- Si c'était le cas, répliqua-t-elle, le collège serait déjà envahi. Mais vous êtes bien trop peureux pour affronter Dumbledore.
- Je te l'ai dit, ce n'est qu'une question de temps. La mort se rapproche, fais-toi une raison. Elle t'effraie, Granger ?
- Si tu veux tout savoir, la mort est bien moins laide que ta tête, Malefoy !
Les yeux bleus du jeune homme virèrent soudain au gris. Il porta sa main à sa baguette, mais, au même moment, une détonation assourdissante retentit, et le collège entier sembla trembler. Le sol s'écroula sous leurs pieds, les murs s'effondrèrent et la fenêtre située à proximité explosa en mille morceaux. Puis, tout disparut.

Etendue par terre, la respiration haletante, Hermione finit par ouvrir les yeux. Ces derniers mirent un certain temps avant de s'habituer à l'obscurité, mais, même lorsqu'ils furent capables de voir, ils ne virent rien. Elle se trouvait dans le noir le plus complet. Le sol de pierre sur lequel elle avait atterri était aussi froid que la température environnante, et le silence terrifiant la dissuada du moindre mouvement. D'une extrême lenteur, elle finit par se mettre en position assise. Au contact de son dos contre la pierre, elle comprit qu'un mur se trouvait derrière elle. Elle chercha sa baguette magique, mais sa poche était vide.
Un gémissement tout proche la fit alors sursauter, puis elle entendit une respiration saccadée. Figée de peur, Hermione finit par rassembler son courage et, d'une voix tremblante, s'adressa au vide :
- Il y a quelqu'un ?
La respiration cessa. Silence.
- Il y a quelqu'un ? répéta-t-elle. Je sais que vous êtes là, montrez-vous !
Toujours aucune réponse. Hermione fronça les sourcils, décidée à ne pas se laisser impressionner.
- Répondez-moi ! Suis-je morte, Merlin ? Venez m'emmener dans ce cas, au lieu de me laisser là !
- Tiens, très bonne idée, ça ! Merlin, par pitié, viens la chercher et emmène-là piailler ailleurs.
- Malefoy ? s'étonna Hermione.
- Granger ? imita-t-il d'un ton sarcastique. C'est marrant, je n'avais pas du tout deviné que la fille qui me cassait les oreilles à parler toute seule pouvait être toi !
- Où sommes-nous ? interrogea-t-elle, ignorant ses remarques.
- Heu...Réfléchissons, je suis dans le noir complet, dans ce qui semble être sans entrée ni sortie, et coincée avec mon adorée de Sang-de-Bourbe. Pour ma part, je suis en enfer.
- Tu devrais te sentir dans ton élément dans ce cas, puisque tu es le Diable en personne, rétorqua-t-elle, agacée.
- C'est tellement hilarant que je n'arrive même pas à rire.
- Tu n'as jamais su rire, Malefoy. Tu en es incapable.
- Montre-moi ta tête et je t'assure que tu seras surprise de voir comme je sais rire.
- Je constate que ton humour est pire que le mien, dit-elle, ravie.
- C'était tout sauf de l'humour, Granger.
Cette dernière se tut, fatiguée de se battre. Plutôt utiliser son énergie à s'échapper de ce néant.
- Il faut qu'on sorte d'ici, déclara-t-elle.
- Bonne initiative, je n'y avais pas pensé, ironisa-t-il.
- Tu commences à me taper sur les nerfs, Malefoy. Ou bien on se serre les coudes pour trouver des solutions, ou c'est chacun de son côté.
- Cette dernière proposition me plaît.
- Parfait ! Mais, si je m'en sors, ne compte pas sur moi pour venir te chercher !
- De même.
Hermione se releva doucement, prudente. Se déplacer sans même pouvoir voir son corps était assez déstabilisant ; elle ne savait même plus lorsqu'elle fermait les yeux ou non. Les mains tendues vers l'avant, elle fit quelques pas dans une direction au hasard. Aussitôt, elle se sentit perdue. L'absence de lumière rendait impossible toutes notions de distance, et la jeune femme tenta d'écarter la panique naissante au creux de son estomac.
- Malefoy ? appela-t-elle, peu rassurée. Tu es toujours là ?
Un ricanement lui apporta sa réponse.
- Tu as déjà besoin de moi ? dit-il. Pas très courageuse, la Gryffondor.
- Tu n'as pas bougé depuis tout à l'heure ? s'étonna-t-elle.
Il ne répondit pas tout de suite. Hermione posa la question de nouveau.
- Et toi, Granger, s'énerva-t-il, tu n'es pas censée essayer de sauver tes fesses et de me foutre la paix ?
Cette dernière fut surprise de l'irritation qu'elle perçut dans sa voix. Ne devrait-il pas être en train de chercher un moyen de sortir d'ici au lieu de commenter chacune de ses phrases ? Se repérant grâce à la voix du jeune homme, Hermione revint sur ses pas, vers le mur contre lequel il était assis.
- Je me rapproche de toi, informa-t-elle, au cas où.
- Ne profite pas de la situation pour me violer, prévint-il.
Hermione leva les yeux ciel. Ce type était décidément un cas désespéré.
- Tu n'es pas du tout mon genre, rassure-toi.
- Je suis le genre de toutes les filles, contredit-il. Seulement, toi, tu refuses de le reconnaître.
- C'est ça, soupira-t-elle.
Soudain, alors qu'elle arrivait à la hauteur du Serpentard, elle marcha dans ce qu'elle déduisit être une petite flaque d'eau. Lentement, elle s'agenouilla et y trempa la main. C'était un liquide plus épais que l'eau, et elle porta sa main à son nez pour en renifler l'odeur. Ses yeux s'écarquillèrent de terreur.
- Ce n'est pas une flaque d'eau, murmura-t-elle. C'est une flaque de sang...Malefoy !
Prise de panique, Hermione chercha à tâtons le corps du jeune. Mais à peine eut-elle posé une main sur lui qu'une autre la lui enleva brusquement.
- Garde tes distances, ordonna-t-il sèchement.
- Qu'est-ce que tu as ? s'inquiéta-t-elle.
- Occupe-toi de tes affaires.
- C'est pour ça que tu ne bouges pas ? insista-t-elle. Tu es blessé ?
- Bon sang, Granger ! Tu vas la fermer ?
- Hors de question ! Tu veux que je te laisse mourir ou quoi ?
- Je ne te demande rien d'autre ! assura-t-il. Et ne me fais pas croire que cette idée te dérange.
- Figure-toi que tous les gens ne sont pas aussi égocentriques que toi, Malefoy ! Et puis je ne compte pas infliger la responsabilité de ta mort à ma conscience.
- Je te décharge de toute responsabilité, ça te va comme ça ? Maintenant, laisse-moi tranquille et pars de ton côté, comme tu en avais eu la très bonne idée tout à l'heure.
- Laisse-moi t'aider !
- Je ne veux pas de la fichue aide d'une Sang-de-Bourbe, Granger ! s'écria-t-il alors.
Cette dernière se tut. Elle souffla longuement, impuissante.
- Bien, dit-elle à voix basse en se relevant. Puisque je ne suis qu'une Sang-de-Bourbe, je vais te laisser te débrouiller tout seul. Tu es un Sang Pur, après tout, bien plus capable que moi, n'est-ce pas ?
Elle ne sut s'il ressentit un quelconque sentiment de remord à cet instant, car il ne répondit rien et garda même le silence lorsqu'elle s'éloigna.
Pourquoi s'entêter à vouloir le sauver, après tout ? Il n'avait que ce qu'il méritait ! L'aurait-il aidée, lui, si ça avait été elle, allongée à sa place ? Certainement pas.
Oui, mais elle n'était pas lui... Elle n'avait pas appris à raisonner uniquement en fonction de ses intérêts personnels, et à ignorer ou se moquer du malheur d'autrui. Son éducation était toute autre, et laisser une personne, bonne ou mauvaise, mourir sans réagir sous prétexte qu'elle refusait son aide, n'était pas dans ses principes. Alors, c'est d'un pas déterminé, aussi déterminé qu'il pouvait l'être à marcher dans le noir, qu'elle retourna aux côtés de l'insupportable.
- Je reste avec toi, déclara-t-elle d'un ton ferme.
Elle crut entendre le bruit de la tête du garçon retomber contre le mur, comme désespéré.
- Je craque, dit-il. Pourquoi moi ? Je sais que j'attire les filles comme des aimants, Merlin, mais ne pourrais-tu pas me démagnétiser, juste aujourd'hui ? Je t'en serais vraiment très reconnaissant.
- Tu peux râler autant que tu veux, dit Hermione en s'asseyant à ses côtés, mais je ne partirai pas. Et, à moins que je ne me trompe, tu n'as plus ta baguette ?
Elle considéra son grognement comme un oui et ne put s'empêcher de sourire : il faisait moins le fier, maintenant qu'elle avait le dessus et qu'il n'y avait plus personne à qui se plaindre !
- Allez, encouragea-t-elle au bout d'un moment. Je veux savoir où tu es blessé avant que tu ne finisses par perdre tout ton sang.
- Je ne veux pas de ta pitié, je te l'ai déjà dit. Tu restes seulement parce que tu ne sais pas où aller, et que tu es plus rassurée ici.
Hermione éclata de rire :
- Quoi, ici ? Avec toi ? Dans ton état, à part me ralentir, tu ne me sers absolument à rien ! Et je ne suis pas du genre à attendre que les solutions viennent à moi, je les cherche !
- Eh bien, vas-y dans ce cas ! Et pour la dernière fois, laisse-moi tranquille parce que je ne vais pas pouvoir supporter ta présence indéfiniment !
- Ne parle pas d'infini quand tu perds autant de sang, assura-t-elle d'une voix grave. Il n'y a aucune chance pour que je t'abandonne, alors fais-toi une raison et laisse-moi plutôt t'aider.
Il se contenta de souffler longuement, mais ne dit rien. Le silence dura ainsi un très long moment, sans que l'un ou l'autre n'ouvre la bouche. La notion du temps était également difficile à percevoir, car cet endroit n'avait rien de concret : c'était comme s'ils se trouvaient dans une sorte de néant démesuré, ou il n'y aurait ni haut, ni bas, ni direction, ni sens. Seulement ce mur glacial qui, peut-être, ne finissait jamais, lui non plus.
- L'explosion de la fenêtre.
La voix de Drago la sortit de ses pensées, et Hermione tourna son regard vers ce qu'elle imaginait être sa tête.
- Je n'étais pas loin de la fenêtre quand elle s'est brisée, expliqua-t-il enfin. Je me suis pris un morceau de verre dans le ventre.
Hermione ne sut quoi répondre, prise de court. Compatir ? Rester indifférente ? Le remercier de sa confiance ? Quel que soit le comportement qu'elle déciderait d'adopter, elle avait l'impression que ce ne serait jamais le bon pour lui. Elle finit tout de même par choisir : la pitié et l'indifférence étant les deux sentiments à ne jamais ressentir vis-à-vis d'un Malefoy, elle décida de se contenter de l'aider, sans aucun commentaire.
- Je peux toucher ? demanda-t-elle timidement, tout en se rapprochant.
- Vas-tu réellement tenir compte de ma réponse ? ricana-t-il.
- Non, avoua-t-elle alors qu'elle tendait déjà les doigts vers son ventre.
Très lentement, Hermione posa la main sur son tors, puis resta immobile un instant. Jamais elle n'avait touché Drago Malefoy autrement qu'avec des mots, et le faire ainsi, sans résistance, était quelque chose d'étrange.
- La blessure est au ventre, précisa-t-il. Tu admireras ma sculpture plus tard.
Elle devinait aisément son petit sourire en coin prétentieux auquel elle était tant habituée, mais préféra ne rien répliquer ; il faisait l'effort de la laisser approcher, elle ferait donc l'effort de supporter son humour détestable. Au fur et à mesure que sa main descendait le long du ventre, elle pouvait déjà sentir la tiédeur du sang absorbé par le tee-shirt. Ses doigts rencontrèrent enfin la matière tranchante du verre profondément enfoncé dans la chair, et Hermione retint sa respiration tandis qu'elle en effleurait doucement les contours saillants. La jeune femme resta sans voix devant la taille du bris de verre, et préféra ignorer les dizaines d'autres, beaucoup plus infimes, logés tout autours. Pour la première fois depuis qu'elle avait atterri ici, elle fut contente de ne rien pouvoir voir.
- Alors, combien de temps ça me laisse ? demanda-t-il d'un ton neutre.
La jeune Gryffondor resta choquée du détachement avec lequel il avait posé cette question, et mit un certain temps avant de répondre :
- On va sortir d'ici, dit-elle d'une voix qu'elle aurait voulu sincère. On...on va trouver une solution et...tu pourras être soigné.
- Très convaincant, se moqua-t-il. C'est gentil à toi d'essayer de me rassurer, Granger, mais tu mens aussi bien que sous l'effet du Véritaserum.
Hermione dut se rendre à l'évidence : sans baguette, elle était incapable du moindre secours sur une plaie aussi importante, et encore moins dans le noir. Tout ce qu'elle pouvait, à présent, était soit agir par tous les moyens, soit attendre patiemment que la mort les emporte ; et cette dernière alternative n'était pas du tout à son goût. Brusquement, elle se leva et marcha de nouveau au hasard.
- Qu'est-ce que tu fais ? interrogea Drago.
- Je vais nous sortir d'ici !
- Voyez-vous ça ? railla-t-il. Et comment, miss je-sais-tout ?
- Je ne sais pas, justement ! Mais ne compte pas sur moi pour rester là sans rien faire. Il faut que j'avance droit devant moi, il y aura moins de chance pour que je me perde. Ensuite, je trouverai une porte, ou une ouverture quelconque qui mène dehors. Puis, je reviendrai te chercher.
- Bien sûr, dit-il ironiquement. Toi et ta petite bande de lionceaux héroïques viendrez risquer votre vie pour venir sauver le vilain Malefoy, c'est ça ? Comme ça, Potter aura de nouveau de quoi se vanter !
- Tu ne sais pas de quoi tu parles, souffla Hermione, épuisée par ses répliques. Que tu me crois ou non, je te fais la promesse qu'on ne pourrira pas ici, ni moi, ni toi.
Hermione lui tourna le dos et repartit s'enfoncer dans les ténèbres sans fin. A peine eut-elle fait quelques pas que la voix de Drago lui parvint, beaucoup plus lointaine que la logique l'aurait voulu.
- Reviens, dit-il.
Surprise, elle se stoppa, mais ne fit pas demi-tour.
- Si tu fais encore un pas, dit-il, tu seras perdue à jamais.
Intriguée ou effrayée, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle ressentait en ce moment. Un peu des deux, sûrement. La certitude qu'elle avait perçue dans la voix du Serpentard indiquait clairement qu'il savait beaucoup plus de choses sur cet endroit qu'il ne le laissait croire. Hermione sentit alors la colère remonter lentement le long de ses entrailles. Elle s'approcha de Drago dangereusement, tout sentiment de compassion désormais envolé.
- Où sommes-nous ? demanda-t-elle une fois devant lui, articulant chaque mot avec un grand effort de maîtrise.
- Je l'ignore ! répondit-il sur la défensive.
- Malefoy, prononça-t-elle, les dents serrées. Dis-moi ce que tu sais où tu ne vas tarder à voir mon poing arriver dans ta figure.
- Heu...techniquement, je ne pourrais pas voir ton poing arriver, mais je l'imagine très bien. Les souvenirs de la troisième année m'y aident.
Hors d'elle, Hermione plongea vers le jeune homme et trouva rapidement le col de son tee-shirt, avant de le saisir d'une main et de le tirer brusquement vers elle. Le visage de Drago se retrouva à quelques centimètres du sien ; elle pouvait nettement sentir le souffle de sa respiration lui frôler le visage.
- Tu ne peux peut-être pas le voir, mais je t'assure que tu vas le sentir, prévint-elle.
Drago la repoussa vivement d'un bras et elle vacilla sur le côté :
- Ne prend pas trop de libertés, Granger, menaça-t-il.
Cette dernière s'assit contre le mur, dégoûtée.
- Quand je pense que j'ai voulu t'aider...murmura-t-elle. Quelle perte de temps ! Comment n'ais-je pas deviné que tu serais forcément au courant de cette fichue magie noire ! Pire ! Comment ais-je pu croire une seule seconde que l'on pouvait essayer de s'entendre pour sortir d'ici !
Elle éclata d'un rire froid, puis reprit :
- Tu savais où on était et tu m'as regardé me ridiculiser à paniquer, à chercher des solutions pour t'aider ! C'était assez divertissant, Malefoy ? Tu as bien pris ton pied à regarder la minable Sang-de-Bourbe s'inquiéter pour toi ?
- Arrête, souffla-t-il sans aucun sarcasme perceptible.
- Je te hais, Drago Malefoy, cracha-t-elle. Même Voldemort est plus appréciable que toi ! Parce que lui, au moins, n'est plus humain depuis longtemps et n'éprouve plus aucun sentiment ! Mais toi...Toi, tu es un homme, mais tu es aussi vide d'émotion que lui. Et tu vois, je trouve ça triste, vraiment.
Le silence qui suivit sa tirade tomba lourd comme une pierre. Elle ne savait s'il avait écouté le moindre mot de ce qu'elle avait dit, mais s'en fichait. Plus rien ne comptait, maintenant. Elle allait sûrement mourir, de toutes façons ; car si Drago, connaissant cet endroit, n'avait rien tenté pour s'échapper, alors rien ne valait d'essayer. La seule chose qui l'embêtait réellement était de savoir qu'elle finirait ses jours aux côtés de son ennemi, et non de ses amis...Harry...Ron...Oh Ron ! Elle n'avait même pas eu le courage de lui révéler ses sentiments ! Et, à présent, il était trop tard, elle ne le reverrait probablement jamais !
Envahie de sentiments tous aussi douloureux les uns que les autres, Hermione ne put conserver son chagrin plus longtemps, et des larmes défilèrent rapidement le long de ses joues.
Elle savait qu'il l'entendait pleurer, mais, à sa grande surprise, il resta silencieux et elle lui en fut reconnaissante.
- Où sommes-nous ? souffla-t-elle alors, entre deux sanglots.
- Spirita Miragere, répondit-il. C'est une sorte de dimension parallèle spécialement conçue par Voldemort lui-même. J'ai entendu Dolohov qui en parlait à mon père, hier.
- Tu prononces son nom ? l'interrompit-elle, prise au dépourvu.
- Il y a beaucoup de choses que tu ignore sur moi, Granger.
Cette dernière ne releva pas malgré sa curiosité.
- Et en quoi consiste cette incantation ? demanda-t-elle, redoutant la réponse.
Il hésita. Elle devinait qu'il ne devait en aucun cas lui révéler les plans de Voldemort, mais elle sentait également ce fond de culpabilité qui le poussait à lui donner au moins des réponses à ses questions.
- C'est une sorte de protection, finit-il par expliquer. Elle absorbe dans le néant, l'espace de quelques minutes, tous ceux considérés comme représentant de Salazar Serpentard. Autrement dit, elle met à l'abri ceux qui appartiennent à ma maison.
- Mais à l'abris de quoi ? questionna-t-elle, perdue.
Une fois de plus, il ne répondit qu'au bout long d'un moment. Mais, cette fois, Hermione eut le sentiment qu'il gardait le silence uniquement parce que la réponse ne s'avérait pas plaisante...
- Voldemort comptait lâcher...des harpies.
Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour. Des harpies, les pires créatures qui soient dans le monde magique. Hermione en connaissait beaucoup sur elles, car la peur que ces femmes au corps d'oiseau lui inspiraient, l'avait poussée à savoir s'en protéger. Mais on ne se protégeait pas de ces monstres, on en était victime, point final. Divinités de la dévastation et de la vengeance, plus rapides que le vent, invulnérables, caquetantes, elles dévoraient tout sur leur passage, et ne laissaient que leurs excréments. Parfois, si elles ne s'en prenaient pas à la chair, elles volaient les âmes et les enfants.
Hermione déglutit difficilement, réalisant jusqu'à quel point le Lord Noir était prêt à aller pour anéantir les opposants.
- C'est impossible, souffla-t-elle, plus à elle-même qu'à lui. Les harpies vivent dans des endroits complètement reculés, désertés par les humains ! Il est même très difficile de les trouver ! En plus, ces créatures n'ont nulle intelligence, elles se contentent de dévorer ce qui se trouve sur leur passage, et n'ont aucune barrière ni aucune faculté d'écoute !
- Apparemment, elles ont été assez intelligentes pour comprendre le message de Voldemort : non seulement il les a trouvées, mais il a tué la moitié de leur clan. Désormais, elles sont soumises à ses ordres et l'ont suivi jusqu'ici. Ensuite, il a dû leur ouvrir les portes de Poudlard.
Effarée, Hermione eut beaucoup de mal à respirer, mais parvint néanmoins à articuler ce dont elle venait de faire le rapprochement :
- Cette protection...c'est pour que les Serpentards échappent aux harpies, n'est-ce pas ?
- Elles ne sont pas assez raisonnées pour faire la distinction entre les différents humains, même si on la leur expliquait des centaines de fois d'attaquer uniquement les Sang-de-Bourbe. D'ailleurs, elles ne prennent même pas le temps d'écouter, elles agissent.
Hermione ferma les yeux. Ses larmes redoublèrent d'intensité, s'écoulant en abondance. Des images écoeurantes lui traversaient l'esprit : tous les élèves de Poudlard déchiquetés par les oiseaux sanguinaires, plus aucun survivant. Plus un, sauf elle...
- Pourquoi suis-je ici, moi ? demanda-t-elle en relevant la tête.
- Je suppose que mon champ de protection a dû t'atteindre au moment où le sortilège était lancé. Je ne savais pas que Voldemort les lâcherait aujourd'hui, sinon, je n'aurais approché personne.
- Mais, pourquoi restons-nous coincés ici ? s'énerva-t-elle. Tu as dit que ça ne devait durer que quelques minutes !
- En principe, oui. Mais tu oublies que ce sort est de haute magie noire, et que toi, tu es tout sauf de la magie noire.
- Quel est le rapport ?
- Le rapport, Granger, soupira-t-il, c'est que Spirita Miragere a détecté une Sang-de-Bourbe dans son néant, et tant que tu seras là, on ne sortira pas d'ici.
Hermione le cherchait des yeux à travers l'obscurité, mais impossible de voir la moindre parcelle de son visage qui lui aurait révélé son expression. Sa voix était neutre, constatant juste les faits, sans aucune trace de reproche. Or, si elle avait bien compris, Drago se retrouvé piégé à cause de sa présence. Pourquoi n'était-il pas en train de l'assassiner d'insultes haineuses ?
- Tu ne m'en veux pas ? risqua-t-elle alors.
Il ricana.
- Si je n'avais pas cette blessure qui m'empêche de bouger, Granger, tu serais déjà morte.
- Ca me rassure, sourit-elle. L'espace d'un instant, j'ai cru que tu m'appréciais.
- Je crois que cet endroit est en train de nous rendre fou. Toi la première.
- Oui, tu as sûrement raison, admit-elle. Il faudrait effectivement être fou ou bien naïf de croire pouvoir attirer la sympathie d'un Malefoy...
- Et c'est reparti ! s'énerva-t-il. Revoilà la bonne petite Granger, parfaite et irréprochable, qui crie à qui veut l'entendre à quel point le méchant Drago Malefoy est incapable d'aimer !
Hermione resta interdite face à sa réaction excessive et, surtout, nouvelle. Depuis quand était-il susceptible ? Cela allait bientôt faire sept ans qu'elle ne se gênait pas pour lui dire ce qu'elle pensait de lui, et, chaque fois, il s'était contenté de lui rire au nez, comme si l'opinion d'une vulgaire Sang-de-Bourbe n'avait aucune sorte d'importance à ses yeux. Et voilà qu'il s'énervait ?
- Heu...désolée, dit-elle, confuse. Je ne voulais pas te vexer.
- Dans ce cas, quel est le but de tes remarques blessantes, Granger, si ce n'est pas pour me vexer ? Pour me faire plaisir, peut-être ?
Hermione se redressa vivement, abasourdie.
- Non mais il faut l'entendre pour le croire, ça ! Et tes remarques à toi, Malefoy ? Ne me dis pas qu'elles sont agréables !
- Non, elles sont bien faites pour te vexer. Seulement, moi, je l'affirme. Le collège me voit sous mon vrai visage, ce qui n'est pas ton cas, chère miss je-sais-tout. Sous tes airs de petite écolière modèle, bien élevée et défenseuse des créatures sans avenir, tu prends plaisir à m'humilier quand tes deux guignols sont là pour assurer tes arrières ! Et tu n'hésites pas à cracher les pires commérages de mes faits et gestes à tes idiotes de copines !
Bouche bée, Hermione finit par exploser :
- Non mais tu t'entends ? s'écria-t-elle. « Monsieur je suis le plus beau et j'offre ma méchanceté gratuite à qui veut ou veut pas » se permet de me faire la morale ? Sache que, contrairement à toi, je ne prends aucun plaisir à humilier quiconque, mais je suis bien obligée de répondre à tes insultes, Malefoy ! Parce que, sinon, qui t'apprendra que tu n'es qu'un homme parmi les autres, et non pas un dieu, hein ? Et puis, franchement, mes répliques ne t'ont jamais atteinte, alors arrête ta comédie.
- Qu'est-ce que tu en sais, Granger ? rétorqua-t-il d'une voix chargée de mépris. Après tout, tu viens juste de le dire : je suis humain. Crois-tu vraiment que je ne vois pas que je te blesse parfois ? Crois-tu vraiment que je ne vois pas ta tristesse sous la carapace d'indifférence que tu t'essaies à porter ? Je vois plus loin qu'un simple masque, ce qui n'est pas ton cas, apparemment.
La jeune femme resta silencieuse, toute trace de colère envolée. Les propos de Drago semblaient sincères, mais comment y croire ? Etait-il possible que, pendant tout ce temps, elle ait été aveugle à l'impacte des insultes qu'elle proférait à son égard ? Il était si difficile d'imaginer Drago Malefoy touché par quelque émotion que ce soit...
- Si tu veux tout savoir, dit-elle d'une voix calme, je ne t'ai jamais pensé incapable d'aimer, mais incapable de le reconnaître. C'est différent. Et, au passage, les Elfes de Maison ne sont absolument pas des êtres sans avenir, bien au contraire.
Elle l'entendit rire, à son plus grand soulagement. Pas son ricanement exaspérant comme elle en avait l'habitude, mais un rire, un vrai. Etrangement, elle était heureuse de ne le savoir plus en colère après elle, et c'était bien la première fois que son humeur lui importait. De plus, Drago Malefoy dans le noir n'était pas le même ; l'impossibilité de voir les traits sévères de son visage, ainsi que son rictus qui lui déformait la bouche, le rendait beaucoup plus agréable à la discussion. Car alors, il ne pouvait miser que sur les paroles pour impressionner. Cependant, Hermione découvrit avec surprise qu'il était en fait capable d'argumenter avec autre chose que des insultes. Même sa voix, seule témoignage de sa présence, semblait résonner d'un son beaucoup plus doux à l'oreille. Bref, le Serpentard se révélait sous son grand jour, et Hermione se maudit de ne plus le détester autant.
- Tu es peut-être rattrapable, finalement, s'amusa-t-elle à déclarer avec le sourire, brisant le silence qui s'était installé.
Il ne répondit rien. Etait-il toujours fâché ?
- Je te propose un marché, insista-t-elle. On arrête de s'insulter mutuellement. Bon, je sais, c'est un peu utopique sur les bords, mais c'est possible, non ? Je veux dire, même si on reste ennemis, on pourrait essayer de s'ignorer ? Ça faciliterait les choses.
De nouveau, aucune réponse. Il était incroyable de se dire que, si avant elle aurait donné son âme pour obtenir le silence du jeune homme, elle ne le désirait pas en cet instant.
- Malefoy, tu pourrais faire un petit effort de communication !
Elle s'approcha à tâtons du jeune homme qui se trouvait à proximité. Elle commençait à en avoir assez de ne rien voir, ses yeux en devenaient même fatigués, à force. Elle trouva son épaule et la secoua :
- Malefoy ? appela-t-elle.
Le silence qui suivit lui assura que Drago n'était pas en train de faire un caprice, mais en train de mourir...
- Malefoy ! cria-t-elle, prise de panique.
Elle le secoua plus fort, et le corps du garçon, qui jusqu'alors était adossé contre le mur, bascula lourdement sur le côté. Sa tête tomba sur les genoux de Hermione qui ne réussit à pas à le retenir.
- Malefoy ! hurla-t-elle de nouveau. Reviens à toi ! Allez, répond-moi ! Ne me laisse pas comme ça, par Merlin !
Les mains rouges, Hermione avait des gestes maladroits pour tenter d'empêcher le sang de s'écouler d'avantage. A cause de leur conversation, elle avait presque oublié qu'un morceau de verre était profondément incrusté dans son ventre, et n'avait pas pensé à éviter de le fatiguer avec tant de paroles. Pas facile de se le rappeler non plus avec cet idiot qui cachait sa faiblesse et souffrait en silence ! Contrairement au scandale qu'il avait fait lors de sa troisième année à cause de son bras cassé, qu'il avait amplement mérité d'ailleurs, il se montrait ici beaucoup plus fort qu'il n'y paraissait.
- Et dire que j'étais en train de faire la paix ! s'emporta-t-elle. Mais bien sûr, il a fallu que tu me lâches à ce moment-là, comme par hasard ! Suis-je si insupportable que ça à écouter ?
- Oui...
- Oh toi, je ne t'ai pas sonné, Malefoy !
Hermione s'immobilisa, puis agrippa fermement le tee-shirt du jeune homme.
- Malefoy ? Merci, Merlin, tu es vivant ! Quoi ? Tu dis quelque chose ?
En effet, ce dernier murmurait des paroles, mais elles étaient incompréhensibles. Hermione pencha son oreille au dessus de lui pour mieux entendre :
- J'ai...dit...arrête...de...bousiller...mes oreilles...Granger !
Cette dernière leva les yeux au ciel. Même en équilibre au bord du gouffre, il ne perdait jamais de sa sympathie ! Elle le hissa difficilement sur son épaule, mais Drago n'y posa pas sa tête et tenta de se remettre assis.
Hermione se trouvait bête de penser ainsi, mais ce geste la vexa légèrement. Malgré la voix qui lui ordonnait de se taire, elle ne put s'empêcher de faire la remarque :
- Tu ne pourrais pas mettre ta fierté de côté pour une fois ? Moi je le fais bien pour toi. Je sais que ça te demande un grand effort de toucher une Sang-de-Bourbe, mais...
Elle s'interrompit en l'entendant souffler un petit rire moqueur. Elle se sentit le rouge lui monter aux joues.
- Et dire que t'y crois encore...Ah Granger, si tu savais à quel point je me fiche royalement de la pureté de ton sang, c'est vraiment la dernière chose qui me préoccupe !
Le cerveau de Hermione réfléchissait à toute vitesse, tentant vainement de comprendre ces derniers mots irréalistes.
- Tu te moques de moi, n'est-ce pas ? demanda-t-elle, prudente.
- Laisse tomber, soupira-t-il.
- Aucune chance. Es-tu en train de me dire que, chaque fois que tu me balançais cette insulte à la figure, tu n'en pensais pas un mot ?
- C'est à peu près ça.
Hermione rit à son tour.
- C'est absurde, déclara-t-elle. Je ne te crois pas.
- Je te l'ai dit, il y a beaucoup de choses que tu ignores sur moi. Mais, comme je l'avais deviné, tu n'es pas prête à les entendre.
Hermione hésita, redoutant de se faire prendre au piège, puis murmura:
- Tu es sincère, Malefoy ?
- Cela va sûrement t'étonner, mais je ne suis pas l'abruti que tu penses. Je ne suis pas assez sot pour croire qu'un sang vaut mieux qu'un autre. Je n'ai jamais entendu pire connerie, d'ailleurs. Il suffit de regarder tes résultats scolaires, et tu prouverais à n'importe quel idiot que ta magie est loin d'être faible.
Le cœur de la jeune femme cognait contre sa poitrine un peu plus fort à chaque mot prononcé par son « ennemi ». Qui était cet homme, si différent de celui qu'elle connaissait ? La réponse s'imposa à elle comme une évidence : il n'était rien d'autre que le revers du masque.
- Mais, pourquoi...commença-t-elle.
- Pourquoi j'agis comme soumis à Voldemort ? C'est simple : c'est ma survie. Sur ce point, je suis tel que tu me connais : lâche. Je me range du côté des gagnants, et je me la ferme. Les opposants n'ont aucune chance, ils sous-estiment bien trop le Lord, et s'en rendront compte assez vite.
Hermione fut contente qu'il ne puisse pas voir son sourire naître. Cette révélation inattendue lui redonnait envie de croire que le mal n'était pas irrémédiable. Qui l'aurait cru ? Drago Malefoy ne considérait pas les Sang-pur comme supérieurs, mais comme des « idiots » qui ne savaient pas reconnaître la valeur de la magie. Il lui apparaissait si différent, maintenant. Plus sage, et beaucoup moins immature qu'elle ne le pensait.
- Je ne suis pas quelqu'un de bien, Granger, au cas ou tu serais en train de tomber amoureuse de moi.
Cette remarque, qui en temps normal l'aurait énervée, la fit rire :
- Tu pousses un peu loin, là. J'avoue te trouver différent, mais tu restes excessivement prétentieux et atrocement insupportable.
- Ce que tu penses de moi n'a jamais eu aucune importance, et n'en aura jamais.
- Dans ce cas, pourquoi ce besoin soudain de me révéler qui tu es vraiment ?
Collée contre lui pour le soutenir malgré sa réticence, Hermione le sentit hausser les épaules. Elle sentit également sa peau chaude comme la braise ; il devait être brûlant de fièvre. Sa voix devenait de plus en plus faible, et il ne bougeait quasiment plus que la tête. Hermione n'aurait jamais pensé s'inquiéter pour quelqu'un comme lui, quelqu'un qui n'avait jamais eu que pour but de lui gâcher la vie. Mais, à ce moment là, elle aurait donné n'importe quoi pour qu'il s'en sorte.
Soudain, elle sentit la tête de Drago tomber lourdement sur son épaule. Elle s'empressa de l'allonger délicatement sur le sol, le cœur battant la chamade.
- Tiens bon, Malefoy. S'il te plaît.
- Ce n'est pas que ta compagnie me déplaît, répondit-il d'une voix brisée par la douleur, mais je n'ai plus la force de me battre pour ton bon plaisir.
- Ne dis pas ça ! Dumbledore va nous sortir de là, sa magie égale largement celle de Voldemort. Il va nous sortir de là !
- Malheureusement, je n'ai plus non plus la force de rire à ta naïveté.
Que dire ? Que faire ? Accepter, sans rien dire, que la mort tire Drago par le bras, ou lui tirer l'autre bras ? C'est alors que, malgré son instinct qui la suppliait de ne pas faire ça, Hermione fit son choix. Depuis que Drago lui avait expliqué la raison de leur emprisonnement dans ce néant, elle avait compris que seule sa présence imprévue gardait le Serpentard enfermé ici. Mais, même si ça lui avait traversé l'esprit l'espace d'une seconde, elle n'avait pas envisagé de se sacrifier pour lui, car elle ne lui devait rien. A présent, ce n'était plus sa raison qu'elle écoutait, mais son cœur : il était évident que deux personnalités différentes se battaient à l'intérieur du jeune homme, et si l'une était sans valeur pour elle, l'autre, au moins, méritait d'être sauvée...
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda vivement Drago tandis qu'elle posait la main sur le morceau de verre enfoncé dans son ventre.
- Ca va faire mal, prévint-elle.
Il lui immobilisa le poignet avec une force surprenante malgré son état.
- Arrête, ordonna-t-il d'une voix grave.
Il savait. Il avait deviné ce qu'elle avait en tête. Sûrement y avait-il déjà songé ? Cependant, il n'avait rien dit à ce sujet. Encore une chose étonnante venant de lui, connaissant son égocentrisme.
- Ne sois pas idiot, répliqua Hermione, la peur trahissant le ton assuré qu'elle avait désiré. Sans moi, tu ne serais pas là. Sans moi, tu retourneras à Poudlard et tu pourras être soigné.
- N'y pense même pas, Granger, menaça-t-il d'une voix froide.
- Je vais pourrir ici de toute façon ! s'exclama-t-elle. Tu vas partir, et puis quoi ? Je vais attendre sagement mon tour ? Hors de question ! Autant que ma mort te serve !
- Je ne veux pas de ta stupide bravoure !
- Rien à faire, dit-elle d'une voix soudain posée.
- Je ne t'ai rien apporté dans la vie à part des insultes !
- Ce n'est pas grave.
- Sache que je ne crierai ton sacrifice à personne, Granger ! Personne ne saura ce que tu as fait !
- Je m'en fiche.
- Je n'aurais jamais fait ce sacrifice pour toi, tu sais ça ?
- Oui, je sais.
Drago semblait à court d'excuses. Ses tentatives de dissuasion n'avaient aucun effet sur la jeune femme ; elle savait ce qu'elle voulait. Se couper n'était pas une mort agréable, mais, à part le verre tranchant, elle n'avait rien d'autre sous la main. Elle allait devoir le retirer du ventre de Drago.
Elle dégagea son poignet de l'étreinte serrée de ce dernier, mais il ne la laissa pas approcher de son ventre pour autant.
- Je ne veux pas ta mort sur la conscience, dit-il.
- Je te décharge de toute responsabilité, ça te va comme ça ? ironisa-t-elle par la reprise de sa propre phrase.
- Je suis sérieux. Je ne mérite pas ta vie, Hermione.
Hermione... Hermione. Le son de la voix masculine prononçant son prénom résonnait encore à ses oreilles. En sept ans, elle venait pour la première fois d'entendre son vrai prénom sortir de la bouche de cet homme, et pas de façon vulgaire. Cette appellation par son prénom ne fit que renforcer son désir de lui sauver la vie.
- Tu ne mérite pas non plus la mort...Drago.
Le long silence qui s'installa se ressentit des deux côtés comme un silence d'adieu. Hermione sentait son cœur battre plus fort que jamais, jusqu'à lui faire mal, comme s'il voulait lui montrer qu'il désirait vivre encore. Il fallait qu'elle le fasse. Elle allait prendre ce morceau de verre, et ce serait alors au tour de Drago de se tenir à son chevet de mort, patientant pour sa libération. La voix de ce dernier s'éleva et la fit sortir de ses pensées :
- Embrasse-moi.
Ces trois syllabes, pourtant à peine murmurés, provoquèrent un volcan de flammes dans l'estomac d'Hermione. Elle aurait voulu lui demander de répéter, pour être sûre de ne pas perdre la tête, mais le fait était qu'elle avait parfaitement bien entendu. Une fois de plus, par de simples mots, le Serpentard avait réussi à la déstabiliser comme personne d'autre n'était capable de le faire. Mais, soudain, elle trouva une explication évidente à son comportement, et son cœur retomba lourdement dans sa poitrine, soulagé.
- La fièvre te fait délirer, dit-elle. Il faut que j'agisse vite.
De nouveau, il lui saisit la main qui repartait à la rencontre du morceau de verre.
- Embrasse-moi, Granger.
Tout bien réfléchi, ce n'était pas la fièvre. Mais quoi, alors ?
- Non, répondit-elle simplement.
- Ne crois pas que ça m'enchante non plus, dit-il.
Hermione fronça les sourcils, confuse.
- Pourquoi me le demander, dans ce cas ?
- Parce que j'ai fait la connerie de parier, soupira-t-il. Pourquoi crois-tu que je suis venu te voir dans ce couloir, tout à l'heure ?
Hermione resta perplexe, mais ne dit rien. Il poursuivit :
- Je me vantais de mes conquêtes auprès de Blaise, la dernière fois. Je lui disais que, d'ici la fin de l'année, j'aurai embrassé toutes les septièmes années. Comme un idiot, j'ai rajouté sans réfléchir : « sans exception ». Tu devines la suite ; Blaise ne m'a pas loupé sur ce coup-là.
Il riait.
- Il m'a dit que je pouvais embrasser tous les Trolls du monde que ça ne l'impressionnerait pas. Mais, que je réussisse à embrasser Granger, et je serais un vrai roi. Mon ego l'a emporté, et j'ai accepté.
- Et en quoi ça me regarde ? demanda-t-elle, la gorge serrée.
Non seulement la seule idée d'être l'objet d'un pari la révoltait, mais qu'il le dise ainsi, avec ce détachement presque impoli après ce qu'elle s'apprêtait à faire pour lui, la rendit furieuse.
- Si tu le fais, je te laisserais retirer le bout de verre de mon ventre. Sinon, tu peux toujours essayer.
- Je n'y crois pas ! Du chantage ? Tu as beaucoup de culot, Malefoy, de me demander ça en plus de mon sacrifice pour toi ! Ce que je gagne dans les deux cas n'est autre que la mort, de toute façon. Je ne vois pas ce qui m'oblige à te faire gagner ce stupide pari. Pari qui, d'ailleurs, n'apportera aucune preuve de ta victoire puisque je ne serai plus là !
- Il y a du Véritaserum dans le placard de Rogue, ce ne sera pas un problème. Je te demande juste un baiser de rien du tout, Granger. Mais, évidemment, pour toi, un baiser c'est toute une montagne ! Je suppose que Krum a dû te demander en mariage avant d'obtenir le moindre bisou de ta part !
- Comment oses-tu ! s'écria-t-elle, outrée. Mêle-toi de tes affaires, tu veux ? Peut-être que pour toi les baisers relèvent de la banalité, mais, pour moi, effectivement, ils signifient beaucoup ! Plus particulièrement que j'apprécie la personne, tu vois, ce qui est loin d'être ton cas !
- Comment peux-tu savoir ce qu'est un baiser, Granger ? Tu n'as jamais embrassé quiconque ! Et tu ne veux pas essayer avec moi parce que, en fait, tu as peur de ne pas être à la hauteur !
- Quoi ? s'époumona Hermione. Non mais j'hallucine, Merlin ! Il faut être complètement tordu pour s'inventer des histoires pareilles ! Contrairement à ce que tu penses en permanence, tout ne tourne pas en fonction de Drago Malefoy ! Et, pour ta gouverne, j'ai déjà embrassé !
- Qui ça, Krum ? Weasmoche ? Laisse-moi rire ! Ce n'est pas d'eux que tu tireras la moindre expérience !
- Je la tirerai de toi, peut-être ?
- Et pourquoi pas !
- Hors de question !
- C'est bien ce que je disais, tu as peur de me décevoir. Pourtant, je ne me serais pas moqué, tu sais ?
- Je-me-fiche-complètement-de-ce-que-tu-penses, Malefoy ! siffla-elle, les dents serrées. T'embrasser ne me fait pas peur !
- Bien, prouve-le !
Dans son élan de rage, Hermione s'abaissa vers le visage de Drago qui était toujours allongé à terre. Puis, se stoppa brutalement dans son élan, réalisant qu'elle était en train de tomber dans le piège. Elle se redressa et ricana :
- Pas mal, Malefoy. J'ai failli me faire avoir.
Elle l'entendit soupirer. Elle soupira à son tour, puis se laissa tomber à côté de lui, fatiguée. La faim commençait à lui grignoter l'estomac. Tous deux allongés, ils écoutaient le silence. Hermione se mordait les joues, anxieuse. Qu'allait-elle faire, maintenant ? Drago refusait obstinément qu'elle s'approche de son ventre, et elle ne voyait pas d'autres moyens de mourir. S'arrêter de respirer ? Elle n'y arriverait jamais ; ça requérait une volonté surhumaine qu'elle n'avait pas. Le simple fait de mourir lui avait déjà puisé toute la volonté dont elle était capable. Mais, si elle n'agissait pas, deux vies s'effaceraient au lieu d'une seule. Tout ça à cause d'un stupide baiser... Ne pouvait-elle pas faire un dernier effort ? Après tout, elle mourrait ensuite, non ? Sa conscience n'aurait à supporter ni regrets, ni culpabilité.
« Non ! ». Hermione reprit ses esprits. Elle emporterait sa fierté jusque dans la mort s'il le fallait, mais elle ne ferait pas ce plaisir à Malefoy ! En repensant à lui, Hermione tourna la tête vers le visage du garçon qu'elle sentait juste à côté du sien. Elle entendait sa respiration s'appauvrir : il mourait. Leur dispute avait dû l'exténuer encore plus. C'est alors que toute sa fierté s'envola, pour laisser place à un sentiment de profonde culpabilité : elle était en train de le regarder partir sans rien faire, juste parce qu'elle lui refusait la victoire d'un pari qui avait marqué sa susceptibilité.
Hermione pivota sur son coude pour se retrouver juste au dessus de son visage invisible. L'obscurité, sans qu'elle s'en rende vraiment compte, lui avait permis de recréer la figure du jeune homme à sa façon, c'est-à-dire plus doux et dénué de toute arrogance. De ce fait, il était plus facile de le supporter. Et puis, l'embrasser ne devait pas être si terrible ? Surtout si on prêtait l'oreille aux témoignages hystériques des quelques cinquantaines de chanceuses.
- Ne bouge pas...lui murmura-t-elle doucement.
Avec une lenteur appréhensive, Hermione posa délicatement ses lèvres sur celle de son ennemi de toujours. Ses yeux se fermèrent automatiquement au contact de ce qu'elle n'aurait jamais pensé pouvoir être aussi doux. Tandis que Drago répondit tout aussi lentement au baiser offert, Hermione sentit une douleur agréable dans son cœur, quelque chose qu'elle n'avait jamais senti auparavant, une sorte de plaisir qui suffit à la réchauffer toute entière. La danse qu'entreprenaient leurs lèvres relevait d'une tendresse dont Drago n'avait sûrement pas l'habitude d'après les battements rapides et maladroits de son cœur que sentait Hermione, appuyée contre son torse.
Avec cette même douceur, leurs bouches se séparèrent. Leurs souffles continuèrent de s'échanger quelques instants en silence, puis Hermione, les lèvres en feu, réussit à articuler :
- C'était...horrible, mentit-elle.
- Atroce, renchérit Drago de la même voix si peu certaine.
- Plus jamais, assura-t-elle.
- Non, plutôt mourir, confirma-t-il.
Ils se turent sur cette promesse, et, quelques secondes plus tard, tels deux aimants, leurs bouches se rencontrèrent de nouveau. Aussitôt, Hermione retrouva ce sentiment de bien-être, cette impression de ne plus manquer de rien, comme si ce contact suffisait amplement à un bonheur parfait. Elle ne sut si c'était sa tête qui ne savait plus réfléchir, mais elle fut incapable de penser à quoi que ce soit, même lorsqu'elle eut l'impression d'une lumière chaleureuse sous ses paupières.
Mais cette lumière devint vite bien trop aveuglante pour qu'elle soit uniquement due à ses sensations, et Hermione brisa le contact, puis rouvrit les yeux. Elle vit deux perles bleus azur, et lorsque que l'éclat du jour lui fit moins mal, elle distingua son visage entier. Qu'il était étrange de pouvoir enfin discerner les traits qu'elle avait tant haïs ! Ils lui rappelaient tellement le Malefoy qu'elle détestait ! Et pourtant, en ce moment même, ils n'avaient rien de celui qu'elle connaissait. Tout comme elle, Drago la fixait intensément, également insensible à cette lumière nouvelle qui annonçait pourtant leur sortie. Mais avait-elle envie de sortir ? Ne préférait-elle pas rester ici, avec lui ? Cette question, improbable et folle, était toutefois logée quelque part dans sa tête, mais elle ne la trouvait pas et, ainsi, était incapable de la faire taire. Peut-être parce que, tout simplement, cette question ne se cachait pas dans sa tête, mais dans son cœur... ?
- Elle est là ! s'écria la voix familière du professeur McGonagall. Oh merci, Merlin !
Hermione sentit plusieurs bras la soulever, la séparer du corps si chaud auprès duquel elle avait trouvé réconfort.
- Elle saigne ! Elle est pleine de sang, Dumbledore !
- Appelez immédiatement l'infirmière, ordonna la voix du vieil homme.
- Non ! voulut crier Hermione.
Mais sa voix ne fut qu'un murmure.
- Ce n'est pas moi qui saigne ! prévint-elle. C'est Drago ! C'est lui qui est blessé ! Emmenez-le vite !
- Je crois qu'elle dit quelque chose, résonna la voix lointaine de Severus Rogue.
- Ce sont les effets secondaires du sortilège, répondit le directeur.
- Pourquoi est-ce que vous ne l'emmenez pas ? s'effara Hermione en se débattant.
Mais son corps resta immobile. Elle regardait, paniquée, Drago étendu au sol. Personne ne semblait le remarquer. Ce dernier lui offrait un sourire rassurant, un sourire qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir sur ce visage d'habitude si fermé.
- Lâchez-moi ! s'égosilla Hermione. Je vais bien ! C'est Drago qui a besoin d'aide ! Ecoutez-moi, professeur ! S'il vous plaît, pourquoi personne ne m'écoute ?
Plus on l'emmenait vers la lumière, moins elle voyait le jeune homme. C'est alors que, impuissante, elle regarda Drago disparaître dans le noir, tandis qu'elle sentait l'infirmière prendre soin d'elle, sourde à ses hurlements...

***
Le soleil haut dans le ciel annonçait midi, mais Hermione n'avait pas faim. Assise sur l'un des bancs de l'immense parc de Poudlard, elle contemplait le vaste lac où quelques créatures aquatiques étranges remontaient de temps en temps à la surface, curieuses de ce silence. Dumbledore avait réussi à chasser les harpies, mais beaucoup d'élèves avaient péri dans l'attaque, emmenés ou dévorés. Depuis, le château avait l'odeur de la mort et du désespoir.
Deux semaines s'étaient écoulées déjà. Pourtant, il était toujours aussi difficile pour la jeune femme d'accepter la mort de Drago Malefoy. Harry et Ron avaient beau lui répéter que ce n'était pas sa faute, ou encore que ce n'était pas une grosse perte, rien n'y faisait. La culpabilité lui rongeait les entrailles en permanence. Elle aurait dû se tuer, ce jour-là. Elle n'aurait pas dû perdre un temps précieux à céder à son caprice, elle aurait dû mourir. Il serait revenu, elle serait restée. C'était uniquement de sa faute si Drago et elle avaient été emprisonnés dans ce néant, sa présence leur avait bloqué la sortie.
Hermione souffla longuement. Dumbledore n'avait pas su lui expliquer la raison pour laquelle Drago était resté enfermé dans le néant alors qu'il avait trouvé le moyen de les faire sortir. Maintenant, Drago Malefoy appartenait au passé. Les élèves l'avaient vite oublié après qu'elle ait raconté ce qui s'était passé, en omettant certains détails bien sûr, car Drago représentait le mal pour eux. Il n'était plus que le souvenir d'un Mangemort dont la mort allégeait le poids du monde.
Quelqu'un vint s'asseoir à ses côtés. Trop absorbée dans ses pensées, Hermione ne tourna même pas la tête pour voir que le garçon en question était Zabini Blaise.
- Salut, dit-il.
Elle ne répondit pas, ne le regarda pas, se contentant de fixer l'horizon.
- Ecoute, Granger, dit-il d'une voix grave. Il y a quelque chose que, peut-être, je devrais te dire.
Devant son silence, il poursuivit.
- Drago m'avait fait jurer de me taire, mais je ne suis pas sûr que ce soit vraiment une bonne chose.
A l'énonciation de ce nom devenu tabou, Hermione sentit son cœur rater un battement.
- Je t'écoute, dit-elle, la voix tremblante.
- Eh bien voilà, ce n'était pas un hasard si Drago s'est retrouvé au même endroit que toi, ce jour-là.
- Je sais, répondit-elle d'une voix posée, déçue de ce qu'il venait lui apprendre.
- Tu...tu sais ? s'étonna-t-il.
- Oui. Mais je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas. Ce n'était qu'un stupide pari...
Elle s'attendait à ce qu'il parte, mais il resta.
- De quel pari est-ce que tu parles ? demanda-t-il alors.
Hermione tourna enfin sa tête vers son beau visage noir. Il fronçait les sourcils, incertain.
- Je parle du pari que tu as proposé à Drago, précisa-t-elle. Celui où il devait m'embrasser, tu ne te souviens pas ?
L'air confus qu'affichait le jeune homme provoqua un nœud au creux de son estomac. Cela faisait deux semaines que son corps ne savait plus ressentir quoi que ce soit, et cette douleur nouvelle lui donna la sensation de revivre.
- Je n'ai jamais fait aucun pari avec lui, dit-il alors en haussant les épaules.
- Tu en es sûr ? insista Hermione.
- Oui, j'en suis sûre, Granger !
- Dans ce cas, pourquoi était-il précisément dans ce couloir ?
- C'est ce que je suis venu te dire. Drago n'ignorait pas l'heure et le jour où Tu-Sais-Qui lâcherait ses harpies. Il savait également que la protection offerte à tous les Serpentard se déclencherait sur ceux qu'il touchait, le Maître l'avait bien précisé. Il avait prévenu que la présence d'un intrus autre qu'un Sang Pur bloquerait le sortilège, qu'elle condamnerait le protégé à mort.
La respiration difficile, Hermione n'écoutait plus que très vaguement. Son cœur lui faisait atrocement mal.
- Je suis venu te dire que ce n'est pas ta faute, Granger. Je te vois te morfondre, mais tu n'y es pour rien. C'était le choix de Drago, uniquement le sien. Il savait ce qu'il risquait en te protégeant des harpies, il savait qu'il n'avait aucune chance de ressortir.
Hermione ne put se retenir plus longtemps et éclata en sanglots.
- Il me manque, moi aussi, dit Blaise, la gorge serrée. Il me parlait souvent de toi, tu sais. C'était à moi qu'il se confiait, à personne d'autre. Il me faisait confiance.
Hermione percevait la fierté à travers ses paroles, mais aussi une grande tristesse. Jamais elle ne serait doutée qu'en fait, les insultes de Drago Malefoy n'étaient pas haineuses, mais amoureuses...
Elle laissa sa tête tomber sur l'épaule du garçon à qui elle n'avait jamais parlé avant, mais qui se révélait le seul à pouvoir la comprendre. Elle ferma les yeux tandis qu'il répétait dans un murmure :
- Il me parlait souvent de toi...

 Elle ferma les yeux tandis qu'il répétait dans un murmure :- Il me parlait souvent de toi

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"A Bientôt !" – Drago-Malefoy-Granger

Destins Entrelacés : Malefoy un jour, Malefoy toujours ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant