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Nous marchons depuis maintenant une bonne heure et Kémar refuse toujours de me lâcher la main. Mais il finit par le faire à contre-cœur, quand l'un des hybrides vient me dire que l'Alpha souhaite me parler. Je m'avance alors jusqu'à lui, lui, m'accueillant avec un grand sourire.

— Ça doit te faire bizarre de quitter la meute, non ?

— Pas vraiment. Peut-être pour Kémar cela doit l'être, car il était avec eux depuis des années, contrairement à moi.

— Pour tout te dire, nous savons que tu existes depuis avant ta transformation.

— Comment ?

— Grâce à ta mère.

Je me fige alors, arrêtant immédiatement de marcher.

— Ma mère ?

— Continuons, nous ne devons pas nous arrêter, me dit-il. Ne crains rien, nous ne sommes pas les méchants. Ta mère te cherche depuis le jour où elle t'a perdu.

— Perdu ? Elle ne m'a pas abandonnée ?

— Toute ton histoire, c'est elle qui te la racontera. Là où nous allons, elle nous y attend. C'est grâce à elle que nous sommes encore en vie. J'ai l'impression que l'image que tu as d'elle est assez différente de la réalité. Quand on arrivera, parle-lui et tu sauras tout ce que tu veux savoir.

— D'accord.

— Et dis-moi, comment s'est passé ta transformation ? J'ai entendu dire que tu avais été stupéfiant.

— Vous me surveilliez ?

— Évidemment. Tu es devenu l'un des nôtres dès que tu as accepté ton loup.

— J'ai failli mourir en voulant accélérer le processus.

— Tu es beaucoup plus fort qu'il n'y paraît Lucas. Certes, les hybrides sont plus forts, mais toi, tu es encore plus fort.

— Comment c'est possible ?

— Je ne sais pas. Et tu as trouvé ton ultime plus ?

— J'ai le même que Kémar. Je peux montrer aux autres des images de leur passé. Et vous ?

— Tutoie-moi, je préfère.

— Je ne connais pas vos noms.

— Quelle impolitesse de ma part. Désolé. Nous étions si pressés, que je ne nous ai même pas présentés. Comme tu as pu le deviner, je suis l'alpha et je m'appelle Verga. Ensuite, on a Mira, la seule femme hybride, Mévone, le plus jeune et les frères jumeaux, Niklo et Évan. Toutes ces personnes ont été sauvées par ta mère, qui leur a donné un foyer, où ils seraient en sécurité.

— Vraiment ?

— Oui. En te cherchant, elle nous a trouvés et sauvés de la mort. Et depuis, nous vivons tous ensemble.

— Depuis combien de temps ?

— Les jumeaux et moi, nous nous connaissons depuis 6 ans. Deux ans après, Mira est arrivée ici à nous et Mévone nous a rejoints il y a peu. Il a ton âge.

— Quel âge as-tu ?

— Tu me donnes quel âge ?

— 25 ans ?

— Merci, mais j'ai la trentaine.

— Ça fait donc 12 ans que tu te caches ? Comment fais-tu ?

— Au début, c'est dur, mais après, on s'habitue. Parmi nous, tu es le plus chanceux. Car nous t'avons trouvé, avant que d'autres ne te trouvent. Pour nous, cela a été différent. Ta mère m'a trouvé, alors que je me cachais dans les bois. Il y avait une meute à mes trousses et je n'avais plus la force de continuer. Mais ta mère a fait diversion, ce qui m'a un permis de me rendre à la planque. J'ai trouvé à mon tour les jumeaux, alors que j'étais parti chasser. Ils étaient affamés et blessés. Mira et Mévone, nous ont, eux, trouvés en suivant notre odeur.

— Les non-hybrides ne peuvent pas nous sentir, c'est ça ?

— Exact. C'est un des avantages que nous avons.

Je venais d'apprendre pas mal de choses et je savais que je n'avais pas fini d'en savoir.

Nous marchons depuis maintenant deux bonnes heures et je suis de retour auprès de Kémar. Il ne me parle pas, m'évitant même du regard. Je crois bien savoir ce qu'il y a. Monsieur est tout simplement jaloux. Ce qui me fait plaisir, je ne vais pas mentir. J'enlace alors ma main à la sienne, faisant attention à chacune de ses expressions. J'aperçois rapidement un rictus se former sur son visage, avant qu'il ne tourne sa tête vers moi.

— C'est facile avec toi, lui dis-je.

— Je ne peux pas te faire la tête longtemps.

Je lui souris alors et nous continuons notre chemin, mais Verga s'arrête soudainement, en nous faisant signe de nous taire. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, avant qu'on ne sente l'odeur d'autres loups.

— Nous devons nous cacher, nous dit-il.

Nous commençons à s'enfoncer un peu plus dans les bois, quand Kémar me lâche la main, ne me suivant plus.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais les attirer ailleurs.

— Quoi ?

— Ils peuvent me sentir, mais pas vous. Si je reste avec vous, ils vous trouveront.

— Kémar, non, ne pars pas !

— Lucas, il a raison.

— Je vous retrouverais, ne t'inquiète pas.

Bien sûr que je m'inquiète. Depuis le jour où j'ai quitté mon domicile pour le rejoindre, je n'ai pas passé une seule journée sans lui. Alors il m'embrasse rapidement et me lâche la main.

— Allez-y ! Fais-moi confiance, me dit-il.

Verga me tire à sa suite et nous nous éloignons de lui, jusqu'à le perdre, totalement de vue. Je sens alors un sentiment immense m'envahir, Verga comprenant immédiatement la situation.

— Je sais que tu as peur pour lui, mais je suis sûr qu'il s'en sortira.

— Comment vous —

— Le lien des âmes-sœurs est très fort. Un rien peut vous mettre dans un état de panique, de stress ou même de peur extrême. C'est facile à voir. Mais fait lui confiance.

J'acquiesce et nous nous cachons, en entendant non loin de là, les autres loups approcher. Ils ralentissent leur cadence, se mettant soudainement à courir, dans une autre direction. Kémar... 

𝐋𝐔𝐊𝐀𝐑  [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant