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Je suis finalement arrivé en cours, mais avec quelques minutes de retard. Deux jours et deuxième réprimande. Un début d'année qui s'annonce mal. Bizarrement, cet « étrange » étudiant ne m'a pas suivi et heureusement. Je ne l'ai pas non plus croisé dans les couloirs, ni même sa bande, ce que je trouve légèrement suspect. Mais cela ne fait que deux jours que je suis là, alors je ne les connais pas plus que ça. Je me dirige vers ma salle de cours, mais je sens mon corps devenir douloureux. Depuis quelque temps, il l'est, mais là, j'ai l'impression d'avoir pratiqué du sport et d'en ressentir les effets. Je ne comprends pas vraiment ce qui m'arrive. Je devrais sûrement consulter un médecin, mais que va-t-il me dire ? Reposez-vous ? Non, je laisse tomber.

Le cours commence et je m'efforce d'écouter au maximum ce que le professeur dit, mais je ne me sens vraiment pas bien. Je mets ceci sur le fait de ne pas avoir dormi dans mon lit, mais surtout, pas autant d'heures que je l'aurais voulu. Mes muscles me font mal. J'essaie d'y faire abstraction, mais, disons que la douleur devient de plus en plus insupportable. Alors je décide d'interrompre le cours, demandant à aller à l'infirmerie, ce que le professeur accepte. J'y vais alors et une fois arrivé, la jeune femme présente, toute souriante, me demande ce qui m'amène. Je lui explique et comme je l'avais deviné, elle me donne un comprimé d'un quelconque médicament et me dit de ne pas faire d'effort et de privilégié le repos. Tiens donc ! Je prends alors son comprimé et m'allonge sur le lit disposé à cet effet. J'arrive à m'endormir assez facilement, mais en me réveillant, je me rends compte que j'ai passé beaucoup trop temps à dormir et que j'ai raté plusieurs cours. La jeune femme n'est pas présente, alors je sors de la pièce, me dirigeant vers l'extérieur de l'établissement. Autant rentrer chez moi, ça ne sert à rien que je reste.

Mes écouteurs aux oreilles, je marche le long du trottoir, prenant malgré tout, tout mon temps. Mais bizarrement, la musique ne couvre pas tous les bruits. Car j'ai l'impression d'entendre en plus de ma musique, des bruits de pas. Mais en me retournant, il n'y a personne. Je continue alors mon chemin, mais aperçoit au loin, un homme de dos. Pourquoi même de dos, j'ai l'impression de le connaître ? Je ralentis alors ma cadence et au moment de passer près de cet homme, celui-ci m'arrête, m'attrapant le bras. Il me retourne brusquement vers lui et là, je le vois. Je le reconnais. Il me suit ? Pourquoi est-il comme ça avec moi ? J'essaie de me défaire de son emprise, mais il est apparemment plus fort que moi.

— Quoi encore ?

— Pourquoi fuis-tu mon regard ?

C'est vrai ça, pour fuis-je son regard ? Peut-être ai-je peur de quelque chose en particulier ? Je secoue ma tête et fini par faire mes yeux rencontrer les siens.

— Content ? Que veux-tu ?

— Tu ne ressens rien ?

— Pourquoi cette question bizarre ? Je t'ai dit que je n'étais pas gay ! Alors lâche-moi !

Alors que j'essaie encore de retirer sa main de mon bras, une sensation bizarre me prend. Cette sensation se transforme peu à peu en une légère douleur au dos. Je devrais rentrer, je ne me sens pas bien. Soudain, je vois un groupe apparaître derrière lui. C'est le même groupe que j'avais vu la première fois. Ils se rapprochent, mais restent quand même à l'écart. L'un d'eux commence à parler.

— On devrait y aller, ils nous attendent. Ça sera bientôt l'heure.

Il se rapproche un peu plus de lui et lui chuchote quelque chose à l'oreille.

— Tu viendras le chercher après, ne t'inquiète pas.

Quoi ? Chercher qui ? Moi ? Et comment se fait-il que j'aie pu entendre ce qu'il a dit ? Que m'arrive-t-il ?

Il me lâche enfin et part avec ses amis. Moi, j'en profite pour rapidement rentrer chez moi, claquant la porte, faisant sursauter mes parents. Leur adressant un rapide « bonsoir », je me précipite dans ma chambre et ferme ma fenêtre, ainsi que mes rideaux. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Ça a été un réflexe. Je me pose sur mon lit et dans un rude silence, je peux très distinctement entendre les battements de mon cœur, qui d'ailleurs se veulent assez rapides.

« Tu ne ressens rien ? »

Bien sûr que si ! Cette sensation que j'ai ressentie lorsque j'ai plongé mon regard dans le sien, j'ai fait exprès de ne pas la sentir, alors qu'elle me détruisait littéralement de l'intérieur. Entre ça et cette douleur qui m'a soudainement prise au dos, je me demande vraiment ce qui m'arrive. Suis-je malade ? Vais-je mourir ? Tellement de questions auxquelles je n'ai pas de réponses. Étant rentré plus tôt que d'habitude et malgré cette légère douleur, je décide d'aller courir un peu. Ceci va m'aider à me changer les idées.

J'enfile alors rapidement une tenue et sors comme je suis rentré, c'est-à-dire en trombe, sans rien leur dire. Je sais, je ne dois pas le faire, mais là, je n'y ai juste pas pensé.

Je me mets à courir, commençant lentement, puis au fil du temps, je me mets à accélérer. Je m'éloigne des habitations et ça, je m'en rends compte que plus tard, quand j'arrive au bout de la ville et que le soleil se baisse également. Est-il si tard ? Un sentiment d'inconfort et de peur s'empare de moi. Je décide alors de faire demi-tour, retournant chez moi, toujours en courant.

Quand soudainement, une violente douleur se manifeste au niveau de mon dos. Je m'effondre au sol, me tordant de douleur. La douleur se propage lentement dans le reste de mon corps, m'empêchant de faire quoi que ce soit à part crier. Éloigné de la route, personne ne me voit, ni ne m'entend. À force de lutter, je finis par perdre connaissance. Pour combien de temps ? Ça non plus je ne le sais pas. Car en ouvrant les yeux, le soleil n'a pas totalement disparu, mais la douleur, elle, oui. Je me relève alors avec difficulté. Mais une lumière provenant de l'intérieur de la forêt m'interpelle. J'ai l'impression qu'elle m'appelle. Je me sens attiré par elle. Je sais que je ne devrais pas, mais une autre partie de moi me dit d'y aller. Serait-ce la bonne ou la mauvaise partie de moi qui me le dit ?

Je m'enfonce alors dans cette forêt, me sentant bizarrement oppressé dans cet immense endroit. La lumière a disparu, alors que je ne l'ai pas quitté des yeux une seule fois. Mon visage se lève vers le ciel, je remarque que la lune commence doucement à apparaître. Et d'ailleurs, il commence à faire sombre ici. Je décide de repartir, mais cette sensation de déjà vu me fait m'arrêter en chemin.

Cette forêt ...

Ce brouillard qui devient de plus en plus intense au fil des minutes ...

Et ce grognement que je commence à entendre également ...

Tout ceci me rappelle mes cauchemars. Suis-je encore en train d'en faire un ? Je me pince pour vérifier et constate que non. Je suis bel et bien réveillé.

Je n'arrive plus à bouger. Je ne suis pas tétanisé, mais quelque chose m'empêche de faire quoi que ce soit. Mais d'un coup, je m'effondre de nouveau. Cette douleur est revenue et cette fois-ci bien plus forte que précédemment. Je me tords de douleur, mais j'arrive tout de même à voir, ce qu'il se passe devant moi.

Ces yeux rouges ...

Ils sont juste là, devant moi. Ce pelage si noir également. Mes larmes coulent d'elles-mêmes tel est la douleur. Mais j'ai à peine le temps de cligner des yeux, que le loup disparaît, laissant place à la silhouette d'un homme. Mais qu'est-ce que ...

— Lucas !



... 

𝐋𝐔𝐊𝐀𝐑  [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant