Chapitre 20

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                        PDV EXTERNE

C'est toujours blanc ou noir mais jamais les deux,un contraste entre deux sentiments distincts, une contradiction entre deux mondes parallèles,un miroir qui reflètent une réalité illusoire et une illusion réelle .Parce que là où il y'a la vie ,il y'a la mort,le bonheur ne vient jamais sans le malheur et la souffrance précède la joie...il n'ya que ça ...juste ça...rien que ça ...
Car pendant qu'on est heureux quelque part,d'autres souffrent,pendant qu'on célèbre la vie ,la croque en pleine dent ,d'autres commémorent la mort...Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ?

En logeant le long couloir qui donnait sur la morgue ,Seydina priait du fond du cœur que le malheur frappe une autre porte ,il suppliait la mort de leur laisser un temps de répit ,égoïste,il implorait la calamité et la souffrance d'aller voir ailleurs,d'importuner une autre famille et de laisser la sienne un tout petit moment de repos...Sa tribu avait trop souffert,elle avait beaucoup trop perdu des leurs...leur cimetière était quasiment plein...Un moment de répit,c'était tout ce qu'il demandait à la faucheuse.

Une fois dans la morgue,au milieu de la pièce ,un corps sans vie couvert de la tête au pied était couché sur une table .La pièce était terne et sans vie..
Tellement perdu dans sa torpeur ,il n'entendit pas le médecin légiste qui l'appelait au loin et c'est seulement quand il posa sa main sur son épaule que Seydina sursaute en revenant de sa léthargie profonde .

Le médecin lui demande alors :Excusez moi Maitre Touré ...vous êtes prêt ?

Comment lui dire qu'il ne l'était pas du tout,lui expliquer qu'il avait peur de ce qu'il allait découvrir,extrêmement peur ?
Comment lui expliquer que l'unique envie qu'il avait,c'était de sortir de cette pièce et ne jamais y revenir ,effacer le fait qu'il ait passé toute la nuit à essayer de joindre sa cousine et qu'au matin quelqu'un ait décroché pour lui dire que son corps était à la morgue et qu'il devait venir l'identifier ?
Comment lui expliquer seulement ?

Mais il n'en fit rien,se contente d'acquiescer seulement.
Et quand le médecin a relevé le drap blanc,Seydina reçut un choc électrique qui lui fit perdre tous ses moyens en découvrant le corps sans vie de Sokhna Moumi.

Il dut s'accrocher ardemment sur les ramparts du lit pour ne pas tomber et d'une voix tremblante de douleur ,il lança : Inna lillah wa inna ilayhi raaji'uun...

Les larmes lui brûlaient la vue mais il se retenait,le médecin légiste comprit immédiatement :Toutes mes condoléances maître Touré! Le décès est intervenu hier soir pour cause de crise cardiaque.Je vous laisse un moment avec la défunte ...

Tout doucement il pose sa main droite tremblante sur la tête recouverte de son voile blanc et formule des prières pour elle :Yalna dé dissa noflay Sokhna Moumi,Yalna firdawsi done sa keur (qu'Allah t'accueille dans son haut paradis)...

Il ne put terminer sa phrase.De grosses larmes ont inondé ses joues .
Qui a dit qu'un homme ne devait pas pleurer ?
Un homme n'a t-il pas de sentiments ? De cœur ?
Sokhna Moumi n'était pas seulement sa cousine,c'était son bras droit ,celle en qui il avait le plus confiance ...c'était son enfant et en tant que père ,sa douleur était incommensurable.
Son cœur se fend en mille morceaux en pensant à son époux et à ses jeunes garçons,comment leur annoncer cette nouvelle ?

Ses larmes ne pouvaient s'arrêter de couler ,il se courbe légèrement sur sa cousine pour encore renouveler ses prières quand un vent violent et glacial pris assaut de la pièce soudainement,une sorte de tourbillon phénoménal qui failli le faire tomber .
Solidement,il s'accroche sur le rempart du lit en se confondant en prière de protection quand tout à coup,Sokhna Moumi se leva du lit comme un automate et détourna son regard vers lui avec des gestes programmés.
Elle avait le regard d'un bleu noirâtre angoissant qui lui fit froid au dos si bien qu'il lui était impossible de faire aucun mouvement .
Les yeux grands ouverts,les battements féroces de son cœur avaient paralysé son corps tremblant de peur.

HANTISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant