Cela faisait près d'une heure que Shae attendait devant le grand portail en fer. Les gardes avaient fini par abandonner leur poste. Shae avait tout essayé, implorer, supplier, négocier, exiger, menacer et même un sors de persuasion -de toute évidence raté. Les gardes l'avaient d'abord ignoré, puis menacé de la jeter au cachot -ce qu'elle avait accepté volontiers si ça lui permettait de rentrer dans le bâtiment- et avaient finalement été rappelés à l'intérieur. Elle avait tenté de forcer le portail mais une magie bien plus avancée que la sienne le maintenait verrouillé.
A présent, elle restait plantée devant l'entrée inaccessible, la tête contre la grille, à regarder la bâtisse, le regard vide. Elle avait épuisé tout son stock d'idée.
Les citadins s'étaient dispersés, mais les rumeurs sur le retour de l'élémental s'étendaient dans toute la cité.
O'fee-Lye avait raison, la simple mention de l'élémental dans ce monde suffisait à créer une émeute. Des groupes parlaient déjà de prendre d'assaut l'académie des mages pour forcer l'élémental à faire face à ses responsabilités. Shae se rendait compte que la plupart des habitants du Småfolk, tout comme le Nymphe, lui en voulait d'avoir été absent si longtemps et de les avoir abandonnés.
La jeune Hek poussa un profond soupir. Elle était vidée de toute énergie et n'avait qu'une envie, se réveiller chez elle et découvrir que tout ceci n'était qu'un rêve. Elle ne voyait pas comment arranger la situation qu'elle avait créé en échouant à un sort basique et en allant chercher de l'aide dans un autre monde, auprès de vieux sages ermites incapables de réparer leur toit. Elle imaginait Halica en prison ou en plein procès, jugé à la place d'un autre, sur le point de devenir une statue. La pierre avait peut-être déjà atteint ses cordes vocales et elle ne pouvait plaider sa cause. D'ailleurs, à la vue de cette pierre luminescente, Shae craignait que la brune n'ait plus la force d'invoquer sa glace.
Un mouvement attira son attention. A quelques mètres d'elle, une boule de lumière, de la taille d'une boule de bowling flottait à environ un mètre du sol. Des nuances de blanc, violet, rouge et jaune tourbillonnaient à l'intérieur.
Les villageois ne semblaient pas l'avoir remarqué. Quand elle la rejoignit, la sphère s'éloigna et la guida jusqu'aux remparts Nord où une petite porte donnait sur une aile de la collégiale. La sphère traversa le bois et la porte s'ouvrit aussitôt sur une jeune femme encapuchonnée, vêtue d'une longue cape noire. De longs cheveux blonds tombaient sur sa poitrine.
Shae ouvrit la bouche, la tête pleine de questions mais la femme l'arrêta d'un geste de la main et lui fit signe de la suivre.
Elles longèrent des couloirs étroits sans portes ni fenêtres, aux murs vierges. Un simple chandelier éteint ornait les extrémités avant chaque intersection ou changement de direction. Shae devait tenir l'allure, au risque de perdre sa guide de vue. Malgré la très légère aura orangée qu'elle dégageait, l'obscurité régnait. Elles ne croisèrent aucun garde ; ni mage ou serviteur. Enfin, la femme s'arrêta devant une porte semblable à toutes les précédentes et murmura des mots dans une langue inconnue.
A l'intérieur l'attendaient trois femmes vêtues de la même cape. Elles lui souriaient.
-Bienvenue, l'accueillit la plus âgée aux cheveux argentés retenus en un épais chignon.
-Sois louée, jeune Hek, pour avoir ramené l'élémental ! la félicita la brune qui semblait avoir l'âge de sa mère. Ou plutôt, comme sa mère, en paraissait trente.
-Heu, ce n'est pas l'élémental, rectifia Shae, c'est UN élémental. Sur terre -je veux dire, dans le monde des hommes- il y en a un pour chaque élément. Elle, c'est le froid.
-Bien sûr que ce n'est pas l'élémental ! s'insurgea la blonde qui l'avait guidé. Cette petite le beugle devant les grilles depuis plus d'une heure et demi.
VOUS LISEZ
Les élémentaux - Acte 1
ParanormalIl existe un monde, dans l'ombre du notre, dans lequel des créatures en tout genre vivent et prospèrent. Peu d'humain ont la chance de le côtoyer mais si c'est le cas, les heureux élus doivent avoir le cœur bien accroché car le rythme est totalement...