Chapitre 17

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- Vas-y, tu peux le faire, Seyna. Tu n'es pas ma petite fille adorée pour rien. Dit mon père avec sarcasme.
 
Je sens mes larmes dévaler ma joue alors que mon père tient fermement ma main contre son GK-Sportpistolen devant moi.
Le souffle de mon père derrière moi est de plus en plus agité alors que je l'entends de loin m'encourager à appuyer sur la gâchette, et donc, tuer cette pauvre femme devant moi.
Il n'a sans cesse répété et encore répété que je devais tuer cette femme, la femme de l'ennemi juré de mon père, et ce depuis plus de trente ans.
Cette femme a eu le malheur d'être la femme de Matteo Messina, le chef de la mafia sicilienne.
D'après la conversation que j'ai entendue devant la porte fermée du bureau de mon père il y a deux jours, entre mon père et son plus grand fidèle, Jorge, je crois, ils ont parlé d'organiser le meurtre d'un certain « Kayron », le fils de Matteo Massina, dans quelques semaines. Ils prévoient d'anéantir toute la famille Massina pour une raison que j'ignore encore.
Je n'ai aucune putain d'envie de la tuer étant donné que ce n'est que sa femme et qu'elle n'a sûrement jamais rien fait de mal dans sa vie, à part épouser Matteo Messina.
Et surtout, je ne comprends pas pourquoi mon père veut absolument que ça soit moi qui signe l'arrêt de mort de cette femme. J'ai eu douze ans hier soir, tout se passait si bien pendant la fête qu'à organiser mon père pour mon anniversaire, jusqu'à ce qu'il me tire de mon sommeil, me force à me faire sortir de mon lit, tenir ce revolver et de tuer cette femme, ce matin.
Je ne comprends pas pourquoi c'est moi qui dois le faire, ne peut-il pas le faire lui-même ? Où ne peut le faire du tout ?
 
- Seyna, prononce anormalement trop doucement mon père. Ne me fais pas attendre et tue là. 
 
On dirait que mon père s'impatiente et commence à refermer sa prise sur ma main et sur le revolver.
 
- Je… Commençais-je alors que je regardais cette pauvre femme attachée, bâillonnée, en pleurant et me suppliant du regard de ne pas la tuer.
 
Je ne peux tout bonnement pas appuyer sur la gâchette, je ne pourrai plus me regarder en face en me rappelant que j'ai tué une femme, une innocente, ou simplement tué tout court.
 
- Tu vas, la putain, de tuer ! Je veux voir son sang qui dégouline entre ses deux yeux et salir ses vêtements, tu comprends ? Grogne mon père en refermant tellement sa prise que je lâche un petit cri de douleur.
 
Mon père met mon index sur la gâchette et la presse un peu, mais pas encore suffisamment pour que la balle sorte.
Je secoue toujours la tête et pleure en réalisant que je ne pourrai pas faire ça de mon plein gré. 
La femme essaie de se débattre en vain, en secouant la tête et me suppliant de ne pas la tuer. Ses larmes et sa salive dégoulinent le long de son voile beige, sans ne pouvoir rien faire du tout.
 
- Je… S'il te plaît, père, pourquoi fais-tu ça ? Je demande à mon père.
 
Les larmes aux yeux, en sachant que je ne ferai pas le moindre mal à cette dame, alors la tuée, jamais je ne ferai ça.
Pourquoi m'obligerai-t-il à faire une telle chose à mes 12 ans ? Mon père n'a pas toujours été très tendre avec moi, au contraire, il était aigris et pas très gentil, bien que parfois il m'offrait des cadeaux.
J'aimerais que maman soit là, mais je ne l'ai vu que parfois. Mon père et elle sont séparés depuis très longtemps, peu de temps après que je suis née. 
 
- Tue-là. Dit mon père en levant mon menton pour que je croise son regard dilaté de colère et de rage. Tout de suite. Dit-il en plissant les yeux.
 
Ma main appuie fermement sur le flingue de mon père. Tout mon corps tremble. Mais il ne tremble pas de peur, mais de colère. J'en ai assez de pleurer pour tout et pour rien, je suis la fille d'un putain de mafieux bordel de merde. Je ne peux pas être faible. La peur à ce moment-là se transforme en haine intégrale envers mon propre père. Il est hors de question que j'appuie sur cette gâchette de mon plein gré. Jamais je ne tuerai cette femme, ni personne d'autre d'ailleurs. Je rassemble tout mon courage pour ce que je m'apprête à dire, avant de prononcer ce seul mot.
 
- Non. Dis-je fermement, faisant comprendre à mon père que je ne tuerai pas cette femme, qu'il le veuille ou non.
 
Je pâli presque quand je vois son expression se refermer après avoir dit non devant lui. Il grimace et plie ses yeux de manière menaçante. Cette fois-ci, je tremble presque plus de rage, mais de peur, encore plus quand il se met à sourire pour une raison que j'ignore.
 
- Tu me déçois beaucoup, Seyna. Il rit, ce qui me provoque des frissons.
 
D'un coup, alors que je ne le vois pas venir, il appuie fermement mon index contre la détente, et là, mon cœur s'arrête. C'est la première fois que j'entends la détonation d'une balle aussi proche, j'ai l'impression que mes oreilles saignent. Mais malheureusement, ce n'est pas mes oreilles qui saignent. Je lâche le flingue, en état de choc. 
La femme s'effondre d'un coup, ses yeux toujours ouverts et remplis de larmes qui ne coulent plus. Parce qu'elle est morte. À cause de moi. 
Ses yeux grands ouverts ne sont plus maintenant visibles, cachés derrière un rideau rouge, tout comme le reste de sa tête.
Je respire fort, très fort. Je sens mes larmes monter, mais je n'arrive pas à les faire sortir de mes yeux.
J'ai du mal à respirer, j'ai l'impression de suffoquer.
Je viens de tuer quelqu'un.
J'essaie de prendre de grosses bouchées d'air, mais rien ne marche. Pourquoi une crise d'asthme m'arrive maintenant ? Ce n'est absolument pas le moment. Je sens mes jambes vaciller et s'écrouler sur le béton dur. Mes yeux sont flous, mon corps s'écroule complètement sur le sol. Mes yeux ne veulent plus s'ouvrir.
 
- Tu vois, chérie, quand tu veux. Tu n'avais besoin que d'un petit coup de pousse de la part de ton père. Dis la voix cruelle de mon père.
 
J'ai besoin d'ouvrir mes yeux, j'ai besoin de ma ventoline.
Mais au lieu de ça, je sens des mains encerclées mon coup et le pressé fort.
Pourquoi mon père m'étranglera t,-il ? J'ai fait contre mon gré ce qu'il voulait que je fasse. Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ?
Je fais un effort insupportable pour ouvrir mes yeux. Et là, j'aurais préféré mourir. 
Mes yeux s'écarquillèrent quand la douleur me terrasse au niveau de mon coup et que je vois un homme à la cagoule noire qui me fixe, ses yeux sont remplis de rage et ses mains m'étranglent fermement mon coup. J'ouvre la bouche pour essayer de pousser le moindre son et de prendre une grosse bouffée d'air, mais impossible. Combien de temps Cet individu est-il entré dans ma chambre ? Et surtout, pourquoi me fait-il une chose pareille ? 
Alors que je pense que je suis complètement fini et récite une prière dans ma tête, l'air qui ne passe plus et le visage tout rouge, je vois des grandes mains tatouées prendre fermement la tête de l'individu et le pousser contre le mur d'une violence tellement inouïe que j'entends la tête du cagoulé fortement cogné sur le mur et le sang qui inonde le mur beige clair. 
Je me lève d'un coup et essaie de prendre de grandes bouffées d'air, mais impossible, il me faut ma ventoline.
Alors que mes yeux sont flous, je sens quelque chose forcer le passage de ma bouche, et comme par miracle, j'arrive à commencer à respirer. Je m'adosse au mur et me penche, mes mains aggripent fermement une… ventoline ?
Comment savait-il que je suis ashmatique ? 
L'incompréhension m'envahit alors que j'observe avec stupéfaction : mon Sauveur.
Enfin, si on peut qualifier ça comme ça.
C'est sûr que sans lui, je serai sûrement morte. Mais s'il croit que je vais le remercier pour ça, alors il peut se mettre le doigt dans le Q. Kayron ne dit pas un seul mot alors qu'il observe le corps écroulant du type qui a essayé de me tuer.
Il a l'air particulièrement énervé alors qu'il respire fort, comme pour contenir quelque chose. 
J'éloigne ma ventoline quand mon souffle redevient un peu près normal.
Mon cou me fait atrocement mal, je suis sûr que des marques sont restées.
 
- Comment as-tu osé ? Demande Kayron en empoignant par le col le faible cordon du cagoulé.
 
Il déchire la cagoule ensanglante. C'est un homme jeune, vers la trentaine qui a essayé de me tuer.
La rage m'envahit alors que je me demande pourquoi a-t-il fait ça. J'aurais pu mourir, merde. 
Je ne suis même pas sûr qu'il soit encore en vie, tant le coup du connard était fort.
Kayron le secoue et l'individu ouvre ses yeux.
 
- C'est… C'est elle… Souffle-t-il avec difficulté. 
 
Merde, de quoi il parle ? A-t-il découvert mon secret ? L'inquiétude m'envahit, alors que j'observe immobilière en attendant sagement le prochain mot que va sortir le mec qui m'a étranglée.
 
- De quoi tu parles, mon gars ? N'avais-je pas dit à tous mes hommes qu'il était interdit pour vous de monter au deuxième étage ? Demande Kayron, les yeux grands ouverts en attendant une réponse.
 
Je me doute que la maison lui appartienne, mais de là à indirectement m'impliquer, je ne comprends pas. Cela me met en colère alors que j'ai envie de sortir un mot. Mais pourtant, je ne dis rien. Et je ne veux rien dire, parce que si ce mec dit ce que je redoute le plus, ça se finira mal pour moi. Déjà que ma jambe est guérie depuis quelques jours, je ne veux pas le faire de nouvelles séquelles. Ou pire, me tuer. De toute façon, il ne peut pas me tuer s'il respecte le marché qu'il a passé avec mon oncle, dont je ne connais toujours pas les circonstances.
J'espère juste que c'est un homme de parole. 
 
- Elle… Elle a tué mon… père… Dit-il.
 
Son père ? Comment ça ? Je n'ai tué personne à part le vieux que j'ai tué il y a quelques semaines. En parlant du vieux, se pourrait-il qu'il ait un quelconque lien paternel avec le vieux ?
Maintenant que j'y pense, il a les mêmes couleurs d'yeux et de cheveux que lui, il a aussi des traits similaires aux siens. 
Kayron le fixe sans rien dire, plissant des yeux en me jetant un bref retard qui me fait frissonner. Merde, il le sait ? Putain. Il n'a encore rien dit, donc je ne peux pas encore le savoir. Mais son regard lui veut dire quelque chose.
Je sursaute quand le mec crie.
 
- C'est elle putain ! Crie l'individu en se redressant, le sang coulant toujours le long de sa tête. 
 
Alors, c'est pour ça que cet enfoiré a voulu me tuer ? J'espère seulement que Kayron ne va pas y croire. De toute façon, il n'a aucune preuve, il ne peut pas m'accuser sans preuve. Enfin, je l'espère.
Je ne dis rien. Il ne vaut mieux rien dire dans cette situation et faire celle qui ne comprend pas. Si je dis quoique ce soit maintenant, ça pourrait bien se retourner contre moi.
Mes poils s'hérissent quand les yeux verts du connard se retournent vers moi, me fixant intensément. J'essaie de paraître normal, que cela ne me fasse rien, même si je suis sûr que c'est presque impossible malgré mes efforts.
Il retourne doucement ses yeux au visage sanglant du mec qu'il empoigne.
 
- Tu délires, mon pauvre. Il approche sa tête de celle du gars. Tu ne refais plus jamais ça sur elle, ni toi, ni personne. Tu m'as bien compris ? Demande-t-il de manière menaçante et en chuchotant presque.
 
Le mec pâli et dégluti en asquiecant doucement.
Le fait qu'il lui dise ce qu'il vient de dire fait naître un sentiment étrange en moi.
Qu'est-ce que ce connard a-t-il fait.
Il traîne le blessé, sort de la chambre et l'emmène je ne sais où.
Il ne m'a pas adressé la parole depuis tout à l'heure. Il ne m'a même pas demandé si je vais bien alors que je viens de me faire étrangler. Pour une raison inconnue, je tremble de rage. Je me suis laissée faire, je l'ai laissée m'étrangler.
Je me suis sentie comme paralysée alors que le cauchemar m'est revenu. Depuis que je suis chez KAYRON, ce genre de rêve s'est intensifié plus qu'il ne l'était.
C'est de ma faute. 
Et uniquement de ma faute. Je le sais bien, j'aurais pu empêcher mon père de faire une telle bêtise ce jour-là.
Je me masse le cou, toujours douloureux, et vais chercher une pommade dans la salle de bain. Je me regarde dans le miroir : les traces de mains de ces enfoirés sont bien ancrées dans mon cou, causant des bleus qui se font assez voir. Je demanderai à Helena de me prêter un peu de son maquillage pour couvrir ça. Et au passage, je demanderai bien des bandes de cire d'épilation, ça fait sûrement un mois que je suis là et mes poils commencent à pousser. J'ai horreur de ça. Ce n'est pas comme si j'étais restée enfermée pendant trois mois dans une cave à cause de mon père et de mon frère, non plus. Repenser à eux me fait faire une grimace. Je me demande ce que fait mon père en ce moment. Sûrement en train de préparer un de ses plans diaboliques. Je me demande aussi si Kayron prépare aussi un plan.
Je regarde la ventoline verte qu'il m'a forcé à me mettre dans la bouche. 
Pourquoi m'a-t-il aidé ?  Il aurait pu laisser son homme me tué, mon oncle étant mort, il n'a plus de compte à rendre, après tout.
Je serre la ventoline dans mes mains.  Je lance un regard déterminé à moi même dans le miroir.  Il faut que je m'échappe de ce cauchemar.  J'ai repoussé le moment de quelques jours, mais c'est officiel.  Je vais le tué demain et être libre, je changerai d'identité, de couleur de cheveux pour ne pas que mon père me reconnaissent et je pourrai enfin vivre en paix.
 
 
 
 
 
 
 
 
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Coucou désolée pour ce long moment d'absence, mais j'étais vraiment occupée ;( Bon, okay, j'avais aussi un petit peu la flemme.
Je pense que maintenant je posterai toutes les deux semaines 🫶
Le prochain chapitre sera un peu spécial 👀
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