Chapitre 19

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Cela fait précisément six jours que l'incident de l'autre fois s'est passé, et je l'ai délibérément ignoré depuis.
Et bien-sûr, pour ne pas changer, ce connard m'a aussi ignoré, m'a aussi évité. Il ne m'a même pas jeté le moindre regard, et pour une raison inconnue, ça me met en rogne.
Sûrement que pour la première fois depuis mes vingt-deux années d'existence, quelqu'un m'a procuré du plaisir. Et pas n'importe lequel, celui qui était autrefois le chef de la mafia sicilienne, la Cosa Nostra, et pour une raison qui m'échappe jusqu'à aujourd'hui, ils ont décidé de ne plus en faire partie et il est parti pour fonder une autre mafia, ici, en France. Et qui plus est, le meurtrier de ma mère.
Je me haïe pour ça, pour avoir ressenti du plaisir envers le boss d'une mafia qui gère une organisation de tueurs à gage, de drogue et surtout, l'activité qui me répugne le plus chez eux, vendre des cadavres à des cannibales, et par dessus tout, avoir tué ma mère.
Je ne peux pas vraiment décrire les sentiments que je ressens actuellement, tout ce que je sais, c'est que ça ne doit absolument plus jamais se reproduire.
Je ne vais plus tenter de le tuer, en tout cas, pour l'instant.
On dirait que ma liberté n'est pas pour tout de suite. 
Depuis que ça s'est passé, je n'ai qu'une envie, l'étrangler. M'étrangler moi-même ne sera pas plus mal, tant que j'y suis. 
Je remercie Dieu pour avoir envoyé l'homme toqué à sa porte. 
Je haïe aussi la façon dont cette pourriture m'a traité après que l'individu m'a traité après cette interruption.
Dès que l'homme a toqué à la porte, il m'a tout de suite relâché par terre, comme je ne m'y attendais pas, mon front a cogné en premier sur le sol gris et dur, suivi du reste de mon corps. Je me suis souvenue d'avoir atrocement mal, surtout que ma jambe n'était pas à cent pour cent rétablie. Mais Kayron, connard comme il est, s'est royalement foutu de ma gueule en me laissant seule dans sa chambre et claqué la porte après s'être rhabiller. Je ne devais pas être étonnée de son comportement, mais je pensais qu'il serait peut-être plus doux et plus gentil avec moi, surtout pour ce qu'il s'apprêtait à me faire. Je me suis complètement trompé sur son compte. À ce moment-là, j'ai reçu comme un sentiment de déchirure et de trahison. Je me suis enfui après être resté au moins dix bonnes minutes sur son sol et je suis directement allée à la salle de bain pour enlever sa semence de mes fesses, le toucher de son doigt dans ma chatte ainsi que son odeur. Pendant ces dix jours, j'ai vraiment hésité à refaire une tentative d'assassinat, mais à chaque fois que je me rappelais comment ça s'est fini, je me défilais. 
Si pendant cette semaine je me suis sentie sale et honteuse, ma haine n'a fait qu'augmenter à chaque fois que je me rappelle de la discussion de la veille de l'incident, entre Hermand et le connard. Je n'ai pas oublié son prénom, Richard Durant. Ce vieux pédophile ne perd rien pour attendre. Je n'ai peut-être rien fait cette semaine à part m'apitoyer sur mon sort, mais j'ai préparé un plan pour torturer ce fils de pute, et plus important, libérer ces enfants de son sous-sol. Kayron m'a indiqué qu'il y avait un code et un coffre là dedans qu'il cherchait désespérément, mais pas de chance pour lui, j'ai prévu de lui dérober le code ainsi que le coffre bien avant lui. J'avais longtemps hésité à lui en parler, de peur qu'elle le répète à son connard de cousin, mais étonnement, elle a été partante avec moi. Quand elle m'a écouté lui dire que le maire renfermait des enfants, elle a tout de suite pris partie. Mais bien sûr, elle ne sait pas pour le code ni pour le coffre, je ne suis jamais trop prudente. L'opération de Kayron a été prévue pour demain, hors j'agirai aujourd'hui avec Helena. Je me demande qu'elle serait la tête du connard quand il verra que le coffre ainsi que le corps mutilé du maire lui feront face. 
On a profité de l'occasion aujourd'hui parce que Kayron et son acolyte ont été absents aujourd'hui, ainsi qu'hier et avant hier, pour livrer une cargaison de cadavres à l'île Maurice, puis doivent normalement revenir dans la nuit, d'après ce que j'ai entendu dire les quelques soldats qui discutaient sans avoir fait attention ou traînaient leurs mots. 
Oh, et je ne l'ai pas encore mentionné, mais je prévois de m'enfuir juste après avoir remis les enfants à une association et avoir volé le coffre, qui renferme très certainement un paquet de pognon. Mais bien-sûr, Helena, naïve comme elle est, ne remarque absolument rien. 
Alors que je découvre les paysages de la France, plus précisément ceux de Monaco par dessus la fenêtre de la Bugatti d'Helena, je l'entends mettre la musique à fond et chanter en même temps. Si j'étais de meilleure humeur, je la suivrais sûrement dans son délire, mais là, l'amusement n'a pas sa place.
 
- Oh aller, Seyna, ne fait pas ta coince. Tu stresses trop pour rien, il ne s'apercevra de rien du tout, et puis tu as les armes. Me dit la voix enjouée d'Helena, par-dessus la musique.
 
Effectivement, j'ai ramené au moins trois couteaux et un flingue que Helena m'a prêté. Elle m'a aussi prêté un de ses costumes élégants pour l'entretien d'embauche que j'aurais avec le maire. Helena m'a inscrit sous un faux nom, il n'y a donc pas de quoi s'inquiéter. Mais le risque n'est jamais de zéro, je vais devoir être très discrète. 
Déjà que l'on a galéré à sortir de l'enceinte du tsar Kayron, je ne pense pas qu'on devrait pousser le bouchon trop loin, du moins pour l'instant.
 
- Tu as raison. Avoué-je. 
 
Elle sourit de toutes ses dents et on se met à chanter et discuter par dessus la chanson, sans penser à une seconde à ce qui nous attend. Où plutôt ce qui m'attend. Helena ne m'attendra qu'à l'extérieur, et prendra en charge les enfants que j'aurai libérés puis appellera la police. Quant à moi, mon rôle est de soutirer le code et le coffre du maire, ainsi que de libérer ces pauvres petits enfants qui doivent être sûrement traumatisés à l'heure qu'il est.
Nos voix et la voiture s'atténuent à mesure que l'on s'approche du gigantesque portail du maire. Helena s'arrête et coupe le moteur. Je souffle un bon coup avant de tirer la porte.
Mais avant que j'ai le temps de faire quoique ce soit, Helena prend ma main.
 
- Fais très attention, s'il te plaît. S'il y a un quelconque problème, appelle-moi sur le téléphone prépayé que je t'ai donné. Me dit-elle.
 
Sa sincérité me touche, je commence à frissonner, mais il est trop tard pour reculer.
 
- Promis. Je reviendrai en un seul morceau, ne t'inquiètes pas. J'espère. Dis-je en lâchant sa main.
 
Je ferme la porte après lui avoir jeté un dernier coup d'œil, puis me tourne devant le grand portail.
Ce domaine est bien protégé. Même un peu trop à mon goût.
Ça ne devrait pas être très difficile. Je le menace et tortue pour qu'il me dise où est rangé le coffre ainsi que le code, qui est en même temps dans la même pièce que celle des enfants, normalement.
Je sonne sur l'immense sonnette et attends. 
 
- Qui êtes-vous ? Me dit l'interlocuteur.
 
Même pas de bonjour ? Sympa comme personnel.
 
- Je suis Agathe Limentre, je viens pour l'entretien avec le maire Richard Durant. Reponds-je.
 
Il ne me répond pas et quelques minutes passent, sûrement pour vérifier mon nom sur la liste. Heureusement que Helena m'y est inscrite à l'avance. 
 
- Bien, vous pouvez entrer. Le personnel va vous guider jusqu'au bureau de Monsieur Durant. 
 
Je n'ai pas le temps de répondre que les immenses portails bleu foncé s'ouvrent au ralenti. Avant que je ne puisse mettre un pied dans la demeure, un homme vient me voir. 
 
- Vous êtes vraiment Agathe Limentre ? Je vous imaginai, comment dire… plus blanche. Dit-il avec hésitation. Il s'approche de moi et me dévisage, surtout à la vue de ma couleur de peau. 
 
Quel connard.
Il est vrai que je ne suis pas tout à fait blanche, mais plutôt de couleur mat foncé. 
Il se penche vers moi et me chuchote :
 
- Entre nous, vous savez qu'une étrangère n'a pas grand-chose à faire à Monaco, et que si par miracle vous êtes acceptée par le maire de Monaco, alors c'est uniquement pour vos attributs. Dit-il en regardant ma poitrine et mes hanches. Mais si vous insistez vraiment, alors suivez-moi. Dit-il en se tournant.
 
Mes pieds ne veulent pas bouger du sol, ainsi que mon corps. Je suis ahuri par cette remarque raciste. Je ne pensais pas qu'en venant en France, ou encore à Monaco, j'aurai affaire à un raciste de ce genre. Il est vrai que je ne suis pas cent pour cent Espagnol, j'ai aussi des origines d'Afrique du Nord, plus précisément de la Tunisie du côté de ma mère. Cette origine ne m'a jamais fait honte, au contraire, j'en ai été même fière. J'ai mal vécu les années de mon enfance en Espagne, parce que je subissai du racisme envers des membres de la famille. Ils ne voulaient pas me parler et me jetaient des regards désagréables avec moi. Quand j'avais demandé à mon frère, quand il était encore gentil avec moi, il me disait que c'était parce que j'avais des origines étrangères, surtout maghrébines. 
À l'époque, j'étais jalouse de mon frère parce qu'il n'était pas tunisien comme moi, ma mère n'étant pas la sienne. 
Ma mère m'a toujours dit d'ignorer ces clochards et de continuer sans prêter attention à eux. Ce que j'ai fait sans rechigner, et je n'ai pas eu ce genre de problème jusqu'à maintenant, plus précisément à l'instant où ce connard a ouvert la bouche. Je pourrais le frapper ou encore mieux, prendre mon arme dans mon sac et lui coller une balle à la bite, mais je pense avant tout aux enfants enfermés et maltraités qui ne demandent qu'à être libérés. Il se rend compte que je n'ai pas bouger d'un poil et fronce un sourcil.
 
- Vous me suivez, Mademoiselle Limentre ? Demander la voix posée du personnel.
 
Je mime un sourire crispé et réponds.
 
- Oui, bien-sûr. Me force-je à dire.
 
Je le suis loin derrière lui. J'aperçois deux gardes me regardant de travers. Je leur fais à chacun un doigt d'honneur derrière mon dos, une fois la porte passée. Je regarde derrière moi et souris, je vois leur incrédulité et la colère qui colorent leurs visages. Je me retourne satisfaite et décide de regarder la structure et la décoration du domaine du pédophile. 
Les murs sont couleur or et de grands lustres illuminés me piquent les yeux. 
De fades tableaux qui coûtent certainement une fortune décorent les murs, ainsi que de grandes vitrines transparentes qui laissent apercevoir des traces de mains. Cela doit faire au moins deux mois qu'ils ne l'ont pas lavé. Il y a tellement de portes que ça me donnerait presque le tournis. Une fois que nous arrivons devant une porte plus imposante, le blindé avec lequel il est marqué en grand « Monsieur Durant ». Comme si ce genre de criminels était un roi. L'homme appuie sur son oreillette et parle d'une langue qui m'est étrangère. Sûrement du Russe, au vu de l'accent de ce dernier.
Cela me dégoûte quand je pense que son personnel, ou plutôt tout son personnel, est au courant de ce qu'il fait, mais ne fait rien pour l'arrêter. Je suis sûr qu'ils sont même complices et que c'est eux qui lui kidnappent les enfants qu'il choisit précautionneusement. Si je pouvais tous les tuer, je les aurais déjà fait. Mais malheureusement, il y a beaucoup trop d'hommes pour moi, pour l'instant. Torturé, le maire est déjà bien pour l'instant. Mais les autres ne perdent rien pour attendre, à un moment ou un autre, ça sera leurs tours à chacun de ces connards. L'homme vient de couper la communication et toque sur la porte blindée. Je suis surprise quand je vois qu'il y a six serrures dans la porte. C'est sûr que ce genre d'individus doit avoir beaucoup d'ennemis, s'il a un ordre de gardes et de serrure. La porte s'ouvre lentement et automatiquement. 
L'homme me prie de le suivre, ce que je fais. Je baisse la tête et vois que le sol est tellement propre que je peux presque voir mon reflet à travers. Ce n'est pas normal qu'il soit aussi propre, ça cache quelque chose tout ça. Je me demande si c'est pour cacher toutes sortes de cadavres ou même d'enfants. Je lève la tête, et une couleur me vient directement. Blanc. Tout est Blanc, absolument tout. La pièce donne directement sur le Salon, qui est entièrement blanc et gigantesque. Il y a aussi un ascenseur au bout et des escaliers qui donnent sur les chambres, je suppose. Je ne perds pas de vue le personnel et le suis juste devant une autre porte. Je suppose que cela doit être le bureau du pédophile. Il me jette un regard de travers que je lui renvoie avec plaisir avant de toquer.
Je reste immobile en me demandant quelle serait la gueule de celui qui subira mes châtiments.
 
- Entrées. Dit une voix à demi inconnue.
 
L'autre raciste le salue et sort du bureau, me laissant seule avec un homme que je reconnais aussitôt. Mais pas sûr que lui, me reconnaîtra.
 
 
 

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Finalement je suis revenue encore plus tôt que prévue.
Il n'y a pas vraiment d'action dans ce chapitre, mais le prochain sera plus divertissant, Seyna à plein de méthodes de tortures prévues à vous montrer, mais je crains qu'elle ne pourra pas vous les dévoiler au prochain chapitre à cause de quelqu'un qui sera très en colère en la voyant dans un endroit où elle n'aurait pas dû être 👀
Instagram : theunknoww92

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