Chapitre 7

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Je me retourne vers l'inconnu aux yeux verts amandes. Il a un faux blond coupé court et de longues boucles d'oreilles qui pendent. Il a l'air d'avoir le même âge que Kayron ou même un peu plus jeune. Maintenant que je le vois, je me souviens de l'avoir déjà vu discuter avec Kayron au loin. Ils avaient l'air de bien s'entendre, ce connard avait des amis ? Je souris à cette pensée. Qui serait assez fou pour faire ami avec un psychopathe qui vend des corps frais à des cannibales ? J'en viens même à oublier où je me trouvais. Sa voix grave me réveille vivement.
 
- Tss, je les fais toutes peur. Dit-il avec un rictus forcé à son ami. Et toi, dit-il en se retournant vers moi, Sois sage, Trésor.
 
Pour faire peur aux femmes, je dois bien admettre mentalement qu'il a raison. En tout cas, ce connard ne me fait et ne me fera pas peur. S'il croit que ces histoires de cadavres ou de tueurs à gage me font peur, il peut vivement aller se faire enculer là où je pense.
Il adresse un dernier sourire à son ami et me lance une dernière œillade remplie d'avertissement comme pour me dissuader de ne pas faire de gaffe ou sinon je finirais comme ces cadavres avant de partir. Son œillade peut aller se faire foutre, je ferais ce que je veux.
L'inconnu dont je ne connais toujours pas le nom daigne enfin tourner la tête vers moi et à prendre la parole en premier.
 
- Excuse-moi, je ne me suis pas encore présenté. Je suis Hermand, enchanté. Dit-il en me tendant la main.
 
C'est vrai qu'il a plutôt l'air sympa avec sa belle gueule, mais je sais que ce n'est peut-être qu'une façade. Je viens de voir des cadavres congelés bien aux frais dans des sortes de tiroirs de congélation bien préparés pour des cannibales, je n'ai pas la tête à sa galanterie. Sa doit faire maintenant quinze secondes qu'il tend sa main vers moi sans que je ne bouge la moindre de mes articulations. Il veut peut-être faire ami avec moi, mais cela ne marchera pas. En tout cas, pas maintenant. Je ne fais confiance à aucun de ces hommes. Même pas encore à Hélène et son petit frère.
Helena peut peut-être paraître gentille avec moi autant qu'elle le veut, mais je ne lui ferai toujours pas confiance. Son petit frère a peut-être l'air jeune et innocent, mais il n'obtiendra pas ma confiance si vite.
Je me demande quelle idée a eu mon oncle de me confier à un malade mental qui vend des corps à des cadavres. Je me demande surtout comment un humain peut faire une chose pareille.
N'empêche, cela rapporte un bon business.
Je fixe sa main toujours tendue tandis qu'il la ramène pour se gratter la tête tout en me faisant un sourire gêné.
 
- Je dois avouer que je n'ai pas l'habitude qu'on laisse ma main tendue sans qu'on y vienne la serrer Dit-il vraiment gêné.
 
- Et bien, ce sera ta première fois. Lui répondais-je.
 
Si Kayron veut se la jouer comme ça, et bien très bien. Je ne serai pas gentille avec tout le monde. Même si je peux bien essayer de faire un petit effort avec Helena et Liam qui, eux, ont l'air de m'apprécier. Ou peut-être qu'ils n'ont juste pas le choix puisque je vais devoir rester coincé ici jusqu'à ce que je trouve une solution pour m'échapper. Sans oublier de tuer le vieux et l'autre connard bien sûr.
Je m'en vais et le laisse en plan entouré.
De cadavres congelés.
Je monte les escaliers quand je vois qu'il est minuit douze sur la grande horloge faisant face à la grande vitre. Je regarde à droite et à gauche en remarquant qu'il n'y a plus personne, plus d'hommes. Ils ont dû tous retourner chez eux. Je monte les escaliers quand j'entends du bruit derrière moi. Je me retourne et vois deux hommes sortir du sous-sol portant avec difficulté un grand sac de congélation détenant très probablement un des nombreux corps et font passer la carte de l'ascenseur afin de remonter à la surface. J'entends le moteur d'une voiture gronder. Donc, même à minuit passé, ils livrent des corps à des cannibales ? Je me fais la promesse qu'une fois que je serai libre, je serai certainement dans une de ces voitures et livrerai le corps frais du vieux et de Kayron vivant. Je laisse échapper un petit sourire et continue mon avancée jusqu'à ma chambre. Je tombe sur un plateau avec de la nourriture dessus. Un sauté de porc accompagné de pommes de terre avec un panna cotta en guise de dessert, je suppose. En dessous de l'assiette de porc, il y a un papier disant :
 
Tu n'as sûrement pas dû manger de la journée, alors on t'a pris un plat pour toi. Ne t'inquiètes pas pour les autres jours, on a un chef cuisinier qui fait des plats vraiment délicieux pour nous, tu pourras en manger autant que tu veux, tu es ici chez toi pour le moment, Kayron ne pourra rien dire. « Bisous H et L »
 
J'ai du mal à l'admettre, mais c'est vraiment adorable de leur part. Et c'est vrai que je n'ai pas mangé de toute la journée. Mais il y a un problème : je ne mange pas de porc. Mais ce n'est pas grave, je ferai sans.
Je rentre dans ma chambre et mange le contenu du plateau sauf le sauté de porc. Il doit être minuit et demi quand je finis de manger. Je prends un pyjama dans l'armoire qui m'est destinée, éteint la lumière et me glisse entre les draps blancs en espérant dormir. Je n'ai bien sûr pas oublié de mettre le verrou de la porte en place, on ne sait jamais si un homme ou qui que ce soit tente quelque chose.
Je tire légèrement les rideaux de la chambre en m'assurant que le requin n'est pas là. Quel fut mon soulagement quand je ne le vois pas. S'il aurait été là, ce serait mission impossible de dormir.
Alors que je commence à m'endormir peu à peu, des gémissements de femmes qui s'apparentent à du plaisir ou de la douleur se font entendre dans la chambre d'à côté. J'ai complètement oublié que ce connard dormait à côté de la chambre. Enfin, dormir n'est pas le bon mot actuellement. J'entends même le lit fortement grincer contre le mur. Déjà que c'était difficile de dormir, alors là, cela va juste être impossible. Je patiente en attendant qu'ils finissent leurs affaires. Ça doit bien faire dix minutes que je patiente sans que les gémissements infernaux de la femme ne cessent. Résigné, j'enlève les draps qui me tiennent à chaud et me lève. Je m'arrête devant ma porte et plaque ma tête et mon oreille sur celle-ci. Après quelques secondes, les gémissements s'arrêtent pour laisser place à ce qui ressemble fortement à des pleurs, je suppose. Des pleurs de femme. Soudain, la porte de Kayron s'ouvre brutalement laissant place à une femme en sanglots et qui court vers l'ascenseur afin de sortir le plus vite d'ici.
Je recule vivement quand j'entends quelqu'un s'approcher et prendre la parole.
 
- Boss, on a vu une femme sortir en courant de votre chambre, tout va bien ? S'inquiéta un des gardes de la baraque.
 
- Tout va bien ? J'ai payé deux cent cinquante euros la nuit pour pouvoir baiser une pute, mais elle n'est même pas foutue de sucer correctement.
Mettez-la dehors, si je la revois encore une fois, je la tue. Dit-il en claquant fortement la porte de sa chambre.
 
Le garde s'éloigne et je finis par entendre le bruit de l'ascenseur monté. Ils sont sûrement sortis d'ici. Je donnerai tout pour moi aussi sortir de ce trou à rat, même si je suis plutôt pas mal logé dans cette chambre. Alors comme ça, ce connard veut tuer ses putes parce qu'elles sucent mal ? De mieux en mieux, il est vraiment fou.
Je retourne dans les draps et éteint la lumière une bonne fois pour toute. Normalement, plus rien ne peut m'empêcher de dormir. Sauf si l'autre connard déniche une autre pute, mais vu celle d'aujourd'hui, cela m'étonnerait.
Je finis enfin par m'endormir.

                                  ***
 
Plusieurs voix me réveillent vivement, moi qui avais enfin trouvé le sommeil. J'entends des bruits de pas courir de partout, des vases et plusieurs choses qui tombent. J'entends aussi plusieurs moteurs de voiture en marchent en haut. Mais qu'est-ce que c'est tout ce raffut, je ne peux donc pas dormir tranquillement ! ? La porte de ma chambre se retrouve vivement plaquée contre le mur malgré le verrou. Et pour cause : Helena. 
 
- Vite prépare-toi, on est déjà très en retard ! Me crie-t-elle.
 
- De quoi parles-tu enfin ? Et qu'est-ce qui te prend de défoncer la porte comme ça ! ?
 
- Madame, il est dix-neuf heures trente du soir, tu as dormi toute la journée ! Et maintenant vite, vas te préparer, je vais te ramener ! Dit-elle en me jetant la robe sur moi.
 
QUOI ? J'ai dormi toute la journée ? On m'a injecté une drogue ou quoi ! Je n'ai jamais dormi autant ! Je me lève vivement et demande des explications à Helena. Pourquoi me tend-elle cette robe ? Et pourquoi elle en porte une elle aussi ? 
 
- Aujourd'hui, c'est le mariage de Matteo, un des hommes de Kayron ! Tout le monde est déjà sur place, il ne manque plus que toi ! Dépêche-toi de mettre cette robe, je vais te faire le maquillage !
 
- Mariage Tu me demandes d'y aller ? Et Kayron ? Tu es folle !
 
- Oh, ne t'inquiètes pas pour lui, il n'était pas d'accord que tu viennes avec nous, mais je t'emmène quand même ! Une fois sur place, il ne pourra rien dire, il ne risquerait pas de faire un scandale devant la famille des mariés ! Dit-elle en me faisant un clin d'œil.
 
Si ça peut énerver Kayron, pourquoi pas. Finalement, tant mieux qu'elle m'a réveillé. Je compte bien y aller que Kayron le veuille ou non !
 
- Dit-moi quand tu as fini de t'habiller ! 
 
Je laisse la robe sur mon lit et vais directement prendre une douche. Je passe devant le miroir et vois que mes cernes ont quasiment disparu. C'est sûr qu'après avoir dormi une journée entière, cela ne restera pas plus longtemps. Je me sèche vite et prends la robe en main. Je dois avouer qu'elle est plutôt pas mal. Je l'enfile et l'appelle Helena. 
Elle défonce la porte comme à son habitude et me regarde de la tête aux pieds.
 
- Seyna, cette robe te va à merveille ! Dit-elle avec presque des étoiles dans ses yeux.
 
En effet, je me trouvais plutôt pas mal et un peu provocante. La robe entièrement de couleur noire avec un grand décolleté accompagné d'une fente à droite qui laisse presque toute ma jambe droite à l'air libre.
Je la remercie timidement et elle m'invite dans sa chambre afin de me maquiller. Sa chambre est aussi grande que la mienne, ses tiroirs débordent de vêtements et de maquillage.
Les murs sont rose clair et le sol débordé de toute sorte de choses.
Elle me demande de m'asseoir sur la chaise en face de son grand miroir.
Elle aussi, elle est plutôt bien apprêtée. Surtout avec son maquillage, c'est sûrement une pro. Dix minutes après, elle finalise mon maquillage avec un fixateur. 
 
- Regarde-toi !  Tu es magnifique, je suis même sûr que le marié tombera sous ton charme ! Dit-elle en rigolant.
 
C'est vrai qu'elle m'a super bien maquillée, tout est clean sur mon visage.
Elle me coiffe vite fait les cheveux, elle prend son sac et nous finissons par partir. Personne dans la maison, ni nulle part. Ils sont tous partis pour le mariage, on dirait. Helena sort la carte de l'ascenseur et la passe. On entre dans l'ascenseur et elle appuie sur le quatrième étage. D'après ce que j'ai compris, il y a quatre étages ici. Alors que l'ascenseur s'ouvre sur la terre ferme, le soleil m'éblouit de plein fouet. Ça fait des jours que je ne l'ai pas vue, je laisse échapper un petit sourire avant de m'échapper au plus vite d'ici. Non, mais franchement, Helena ne peut pas dire que j'allais peut-être m'enfuir d'ici ? Après tout, on est enfin dehors, sur la terre ferme où il y a l'océan qui nous entoure. Mais problème : il n'y a qu'une route pour sortir de la petite Île où nous nous situons. Ce n'est même pas une route, mais un pont. Un pont tellement long que je ne vois pas le bon chemin. Helena me tire dans ces pensées et m'entraîne sur le siège avant de la Maybach bleue et démarre en quatrième vitesse. Je finis par m'avouer vaincu et me laisse faire, en voyant un homme armé assis sur le siège arrière de la voiture. Helena m'expliqua que Kayron ne veut jamais la laisser seule dehors parce qu'il a beaucoup d'ennemis qui seraient prêts à faire du mal à Helena pour l'atteindre. 
Pendant les trente-cinq minutes de trajet jusqu'au lieu du mariage, je me suis creusé les méninges pour trouver un plan pour m'échapper de cette prison. Mais au lieu de ça, j'ai trouvé un plan pour tuer le vieux. Je souris en repensant à la manière dont je le tuerai.






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