Chapitre 8

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Le ciel commence à s'assombrir et les lumières des phares s'allument. Je vois par la fenêtre de loin un gigantesque manoir blanc, encore plus grand et plus large que la baraque sous l'eau. Helena tout excitée de sa mini robe beige qui contraste avec sa fine et soyeuse chevelure brune légèrement moins longue que la mienne. Pendant les trente minutes, elle ne fait que parler de sa vive voix en racontant qu'elle a hâte d'assister au mariage, ou plutôt qu'elle a hâte de manger la belle nourriture qu'on nous servira. Je dois avouer qu'elle n'a pas tort, mon ventre se tord de famine, n'ayant rien mangé de la journée puisque je n'ai fait que de dormir. Je soupçonne Kayron de m'avoir injecté une drogue pour me faire endormir toute la journée, histoire que je ne sois pas au courant de la fête et que je ne vienne pas lui casser les couilles. Sauf que dommage pour lui, il se passera tout le contraire. J'espère seulement que le vieux sera là, sinon, tout mon plan tombe à l'eau. Je compte bien me venger, conséquences ou pas, parce que oui, le connard doit me protéger, ou plutôt, doit me tenir en vie comme il le dit si bien, donc je ne pense pas qu'il hésitera à me faire du mal si je fais quelque chose de travers. Mais qu'il le fait, parce que rien ne changera mon plan. Je tiens à ce que justice soit faite, même si Dieu s'en occupera après moi. Parce que oui, la vengeance est un grave péché, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas faire abstraction de ce qu'il m'a fait, de ce qu'il nous a fait. Pensai-je en baissant ma tête. 
Helena me sort de mes pensées en me disant avec sa voix enjouée et excitée qu'on est arrivé, dit-elle en se garant. Je relève la tête et sort de l'habitacle en gardant ma tête haute. Je compte bien le tuer aujourd'hui, ce soir même. Rien ne doit me déconcentrer ou me barrer le chemin. Je claque la porte et Helena ferme sa voiture. Comme je m'y attendais, toutes les voitures garées sont toutes de la marque la plus luxueuse qui soit. Je doute fortement qu'il y ait quelqu'un qui travaille légalement ici. Je suis Helena qui se dirige vers l'entrée principale tout en me parlant des bons plats qui nous seront proposés. La porte s'ouvre automatiquement et nous entrons. Je plisse les yeux aux contacts des vives lumières qui torturent mes yeux. Je m'avance quand je me fais bousculer par quelqu'un. J'ai à peine le temps de le voir que je me rattrape rapidement avant que mon nez puisse toucher le sol impeccablement blanc avec de jolis motifs losange doré. 
Je me retourne vivement pour aller demander à l'enfoiré qui ne sait même pas excuser, mais c'est mission impossible puisqu'il n'y a pas moins de cinq cents personnes dans cette immense salle. Impossible de reconnaître qui que ce soit parmi cette immense foule. Je remarque aussi qu'Helena a disparu de la circulation, ce qui ne m'étonne pas vu ce monde. Tous sont habillés de costumes ou de robes chics. Certains couples dansent parmi que d'autres discutent entre eux. Je sens toujours une personne me bousculer, mais cette fois-ci, ce sont des enfants qui courent dans tous les sens et qui bousculent à peu près tout le monde.
J'essaie de reconnaître quelqu'un qui m'est familier, mais personne en vue. Tant mieux, je ne voudrais pas que Kayron me découvre ici de si tôt. Je me faufile entre les foules pour me servir un verre d'eau. J'arrive sur la table où toute sorte de boissons sont proposées quand je sens une main se braquer sur mes fesses.
 
- Quelle belle fête n'est-ce pas ? Me dit l'inconnu qui n'a visiblement pas reçu la moindre éducation et qui ne se gêne pas de poser la main sur un endroit si intime. 
 
- Et vous, Monsieur, ne devriez-vous pas ôter votre main de mon fessier ? Demandais-je gentiment à un brun d'au moins vingt ans de plus que moi. Je vous laisse trois secondes. Dis-je en me retournant et en remplissant mon verre d'eau. 
 
À la dernière seconde, je sens sa main s'enlever de mon fessier et j'entends comme un bruit étouffant. Je me retourne vivement pour comprendre d'où vient ce bruit, mais je n'aperçois personne. Le mec sans éducation a totalement disparu de mon champ de vision. C'est comme si il s'était volatilisé. Mais je ne comprends pas comment il a pu faire aussi vite, je ne m'étais retourné que trois secondes pourtant.
Soudain, j'entends une voiture gronder dans le parking. Quelques secondes plus tard, un prêtre entre dans la salle entouré de gardes du corps. Je le vois se diriger vers l'estrade où se montreront certainement les futurs mariés. Je me rapproche vivement de celui-ci quand je vois que sa tête me dit vaguement quelque chose. Je plisse les yeux pour essayer de mieux voir, mais c'est peine perdue, il y a beaucoup trop de monde ici.
Le brouara ne cesse toujours pas de cesser, je suis sûr que j'aurais bientôt des sifflements dans mes oreilles à force.
Je vois le futur marié discuter avec ce qui semble être sa famille. C'est celui qui m'avait bougé à l'entrée du mariage. Helena m'avait montré une photo de lui sur le trajet. Elle m'a dit que les parents du marié n'ont encore jamais rencontré la fiancée de leur enfant. Elle m'avait dit que c'était une vieille tradition dans leurs familles, les parents découvrent la mariée une fois que le prêtre a officiellement annoncé qu'ils sont mari et femme. Étrange tradition, ait-je pensé à ce moment là. C'est vrai qu'il n'est pas si mal, il doit avoir quelques années de plus que moi. J'ai soudain une idée en tête. Les hommes du connard sont tous des vicieux et des tueurs, de plus, il se permet de me pousser sans éprouver le moindre remords. Ses parents se retournent et parlent à un autre couple tandis que je me dirige vers le futur marié. 
 
Toutes mes félicitations pour ce mariage spectaculaire, je vous souhaite une vie entière de malheur et de tromperie. Le félicitait-je avec un grand sourire qui sonnait faux, tout comme ma phrase.
 
Il fronce les sourcils et bouille de colère. Ses joues deviennent encore plus rouges qu'elles ne le sont déjà. Alors qu'il a commencé à ouvrir ses fines lèvres pour parler, ses parents l'interrompent avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit.
 
- OH ! C'est vous ! C'est vous la brune dont notre fils nous a tant parlé ! S'exclame sa mère.
 
- Quoi ? Je crois qu'il y a un, commençais-je, mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase que le père décida d'en rajouter une couche.
 
- Elle est magnifique Nelro, tu as bien choisi ! Mais ce n'est pas une tenue de mariée. Dit son père en fronçant les sourcils tout en étudiant ma tenue.
 
Donc, ils croient vraiment que c'est moi la mariée ? Je laisse tomber un petit rire moqueur. En tout cas, ses parents ont du goût. 
Je leur fais un petit sourire gêné tandis que je m'éloigne au plus vite possible de cette famille pendant que leur fils, Nerlo, je crois, leur explique que je ne suis personne. Et il n'a pas tout à fait tort. Je vois Helena avec Liam de loin, parler à deux femmes. J'avance vers eux avec difficulté. Porter des talons de dix centimètres s'avère difficile. Soudain, je sens un regard me transpercer la nuque. Je me retourne et ne vois personne à part la foule. Mais je n'ai pas besoin de le voir pour être sûr que c'est lui. Il n'y a que lui pour me regarder aussi mal. 
D'un coup, je croise le regard du connard de vieux. Il me regarde presque effrayément et se dirige à l'étage. Il sait très bien que je ne le laisserai pas filer avec tout ce qu'il a fait et que je compte en finir avec lui. Je monte à mon tour les escaliers en me tenant à la rampe. C'est que je ne voudrais pas tomber en marchant sur ma robe. Une fois arrivé à l'étage, je l'ai perdu de vue. Il n'y a personne dans les couloirs et il fait sombre. Seules les bougies produisent un minimum de lumière. Je marche dans les couloirs quand une main me prend le bras et m'entraîne dans une chambre. Je laisse échapper un petit cris de surprise et me retourne en entendant le cliquetis résonné qui indique qu'il a verrouillé la porte.
 
- Tu, sale connard ! Dis-je en voyant, non sans surprise, que c'est Kayron qui nous a enfermés ici.
 
Il a l'air très en colère, mais pas seulement. On dirait qu'il se retient de faire quelque chose. Mais quoi ? Je n'ai aucune envie de savoir. Tout ce que je veux c'est sortir d'ici et tuer le vieux. Aurait-il deviné mon plan ? Non, impossible.
 
- Pourquoi tu es là ? Me crache-t-il alors que sa poitrine gonfle. 
 
- Tu m'as drogué, sale enfoiré, et je fais ce que je veux. Dis-je en retenant un rire nerveux.
 
- Petite pute. J'aurais dû doubler la dose et t'attacher. Dit-il.
 
- Si tu veux vraiment que je ne sois pas là, alors il va falloir que tu me libères.
 
- Que je te libère ? Il laisse échapper un petit rire. Si je ne devais pas honorer les dernières paroles de ton oncle, je t'aurais laissé à ton père depuis bien longtemps.
 
- Honorer les dernières paroles de mon oncle, tu dis ? Tu veux me faire croire que tu le fais par honneur ? 
 
- Qu'est-ce que tu connais de l'honneur toi hein ? 
 
Je vois ses muscles se contracter de colère. Je peux même presque apercevoir les veines de ses bras exploser.
Il me prend par la gorge en resserrant sa prise quand j'essaie de m'en extraire. Il m'étouffe presque, je sens l'air me manquer. Je tente de lui donner des coups, mais comme je m'y attendais, mes coups ne font aucun effet sur lui. Il est solide comme de la pierre. Il reprend la parole en voyant que je ne compte pas lui répondre.
 
- À vingt-trois heures trente précises, je veux que tu me rejoignes dans le parking. Je ne veux pas que les gens te voient dans cette… commence-t-il en regardant ma robe. Tenue. Dit-il en me regardant droit dans les yeux. Je ne veux pas faire de scène au manoir, mais une fois à la maison, je te jure que tu le regretteras de m'avoir désobéi.
 
Je lui crache au visage tandis qu'il me laisse tomber violemment par terre.
C'est officiel, je vais aussi le tuer.
Je l'entends me traiter de tous les noms avant que sa dernière phrase captive mon intention.
 
- Très bien, tu veux la jouer comme ça ? Et bien on verra si tu feras encore la maligne après. Dit-il en essayant de le cracher avec son costume.
 
Il déverrouille la porte et la claque fort en sortant. Je souris, satisfaite de moi-même. Mais je la perds aussi tôt quand je repense à ce qu'il a dit. Je me demande comment il me le fera payer de lui avoir désobéi. Il me frappera ? Très bien. J'ai l'habitude.
Je me lève et claque la porte derrière moi.
Je descends des escaliers et remarque qu'il y a un rassemblement autour du futur marié. Je m'avance et essaie de voir la scène de plus près. Je tombe sur Liam et Helena qui me demandent où est-ce que j'étais passée. Bien sûr, je ne leur explique pas la petite confrontation que j'ai eue deux minutes plus tôt avec le connard. Soudain, tout le monde fait de la place pour une femme et un homme qui se tiennent main dans la main.
 
- C'est la mariée ! Me chuchote Liam et Helena.
 
La mariée arrive aux côtés de son futur homme et le prêtre commence alors à parler. 
 
-Monsieurs Vèrlene et Madame Rénnée, vous avez écouté la parole de Dieu, qui révèle la grandeur de l'amour humain et du mariage.
Vous allez vous engager l'un envers l'autre. Est-ce librement et sans contrainte ?
 
- OUI ! Dit les deux à tour de rôle.
 
- En vous engageant dans la voie du mariage, vous vous promettez amour mutuel et respect. Est-ce pour toute votre vie ?
 
- OUI !
 
Étes-vous prêts à accueillir les enfants que Dieu vous donne et à les éduquer selon l'Évangile du Christ et dans la foi de l'Église ?
 
- OUI !
 
- Alors, je vous déclare mari et femme. 
 
Les cris et applaudissements affusèrent. Helena saute de joie et Liam l'imite comme la plupart des invités. Je remarque que le connard est en retrait, au fond de la salle au milieu des tables, en train de regarder son téléphone. Super comme boss. Pensais-je ironiquement.
Alors que j'avais repéré le vieux dans la foule depuis quelques minutes, il se redirige vers les escaliers et les monte. Je m'assure que personne ne me regarde et monte les escaliers à mon tour. Mais avant ça, je prends un énorme couteau posé sur une des tables pour le buffet. Il ne va pas s'en tirer aussi facilement. Je le vois aller dans une salle de bain et refermer la porte. Je laisse quelques secondes s'écouler avant d'actionner le poignet et d'ouvrir la porte à mon tour. Alors que le vieux connard était en train de se laver les mains, il se retourne vivement en entendant du bruit. En me voyant avec le long couteau, il me regarde tétanisé en sachant ce que je vais faire. Après tout, il ne pensait quand même pas que j'allais le laisser s'en tirer comme ça. Il essaye de se reculer, mais pas de bol pour lui : il est bloqué contre le mur et le lavabo. Alors que je lève le couteau en l'air, je commence :
 
- Alors, mon cher et vieux Sidirro, comme on se retrouve tout les deux. Ça fait combien de temps ? Dix ans, peut-être.

Dis-Je avec un sourire quelque peu inquiétant pour lui avant de verrouiller la porte.
 
 

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Aujourd'hui le chapitre n'est pas vraiment intéressant mais le prochain sera pleines de rebondissements !
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