Chapitre 41 : Menace de trop.

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Je me bats, auprès de celle qui m'a toujours soutenu depuis deux semaines. Mes sautes d'humeurs peuvent être difficiles à encaisser et je ne suis pas en mesure de les faire cesser. Je sais que je ne suis pas un cadeau... J'essaie de toute mon âme, mais malgré mes efforts, et au-delà de tout l'amour que je lui porte, j'ai ce mal-être qui persiste en moi et ne m'abandonne pas. Il me suit où que j'aille, et me rappelle chaque jour que ma vie n'est plus ce qu'elle a été. Pourtant, là, c'est elle qui réunit toutes mes inquiétudes... Je me dirige vers la salle de bain où je l'entends vomir une fois de plus, impuissant. Je sais, qu'elle a fermé la porte et ne me laissera pas rentrer, mais j'essaie, encore et encore... J'enclenche la poignée, qui, à ma grande surprise, s'ouvre sur son visage cette fois. Elle a maigri, est cernée et en pleurs... J'ai horreur de la voir ainsi, en sachant que je suis le seul fautif. Je m'approche, en me maintenant au WC pour m'accroupir auprès d'elle.

— Andy, va-t'en. Je ne veux pas que tu me voies comme ça... J'attrape ses cheveux en les caressant pour les réunir en une queue de cheval improvisé, tout en riant.

— Attend, c'est toi qui me dis ça vraiment ? C'est bon, je pense qu'on a dépassé ce stade. Laisse-moi te tenir les cheveux amour... Qu'est-ce qui ne va pas ? J'embrasse ses cheveux, alors qu'elle finit par replonger la tête dans les WC, pleurant de mille larmes.

Je frotte son dos, en essayant de la réconforter et la soutenir, mais je n'ai pas l'impression de servir à grand-chose... Bordel, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi, même comme ça je la trouve mignonne... En quelques instants, la crise se dissipe et elle finit en pleure, comme une enfant en se blottissant contre moi. Mais moi, je ne peux plus contenir une question qui me brûle les lèvres, depuis quelques jours...

— Amour, tu n'aurais pas un truc à me dire par hasard ? Je peine à réprimer un sourire à cette question, loin d'imaginer qu'elle se braquerait complément...

Bordel, tu sais bien que c'est impossible, j'ai un implant ! Non... C'est juste la fatigue. Ça s'arrête là. Et ne te met pas en tête que sa date est dépassée, il a à peine un an. Je bois juste trop de café, mon estomac le supporte plus.

En colère, elle se relève en attrapant sa brosse à dents... Je me doutais de sa réponse, connaissant son moyen de contraception, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'envoie chier... Ce serait si horrible pour elle qu'on est un mini-nous ? Est-ce ça que je lui fais ressentir, à chaque fois que je la repousse ? Ça fait mal bordel... Je ne pensais pas, qu'elle en détesterait l'idée... J'adorerais ça moi, construire ma vie avec elle... 

Ok, amour... Je te crois, ne t'énerve pas. Je... Je vais nous chercher le petit déj ? Un chocolat pour changer ? J'essaie de l'embrasser, mais elle s'extrait de mes bras...

— Oui, comme tu veux, mais je n'ai pas faim. Je vais à la douche.

La voir ainsi me brise le cœur. Merde, je déteins sur elle... Je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir en ayant l'impression de voir mon reflet en son comportement. Je sais que si on en est là, c'est entièrement ma faute. Je ne me le pardonnerai jamais, si mes démons finissent par l'atteindre irrémédiablement. Elle avait peut-être raison, ce jour-là au Squatte... Notre relation, tels quel, est peut-être toxique. Mais tout ce que je veux, c'est son bonheur. Je veux la rendre heureuse, et qu'on est notre putain de happy life ! Mais je me comporte comme le pire des abrutis... Si elle a raison... Jamais elle n'acceptera que je parte. Mais il le faut, pour elle, pour nous.

Je suis partie de la salle de bain sans même m'en apercevoir et sans mots, perdu dans mes pensées. J'attrape une clope dans mon paquet, puis j'enfile ma veste en cuir. En direction de la boulangerie, mes pensées ne me quittent pas. Au détour d'une rue, je remarque que mes béquilles sont devenues un prolongement de moi-même, à tels points que je commence à avoir l'impression qu'elles ont toujours fait partie de moi... Dire que demain, j'aurai enfin une prothèse. Je sens que je vais me ramasser en posant à peine un pied-à-terre. Et encore une fois, je sais qu'elle sera là. Mais moi, quand est-ce qu'enfin, j'arriverais à être là pour elle, à nouveau ? Elle s'épuise à me relever, et ça me tue...

Speedrain [Terminer]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant