Chapitre 46 : Route 66.

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Je me réveille une fois de plus seule, dans ce lit bien trop grand pour moi. À la seule différence, Beby's. Ce petit bonhomme est devenu en très peu de temps ma raison de vivre, et de me battre encore. Encore à moitié endormie, j'attrape mon flacon d'huile pour le masser un peu. C'est devenue notre petit rituel, le matin. Et je crois que sans ça, je n'aurais pas la force de commencer ma journée. Je frotte mes mains entre elles pour les réchauffer légèrement, avant de venir dire bonjour à ce petit être qui grandi tant bien que mal, à l'intérieur du petit studio que je lui offre. J'aurais aimé faire plus, en lui offrant une villa huit pièces avec jardin et piscine, seulement... Ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est que l'on soit tous les deux, en vie et prêt à nous battre.

Pensive, ce matin, je regarde par ma fenêtre les branches d'arbres en mouvements et les oiseaux qui tournoient ensemble dans un joyeux ballet hivernal. Ils guident la danse, de mes mains glissant autour du dôme de mon être. Doux, lent, telle la caresse d'une plume sur un visage d'enfant. Puis, le visage d'Andy hier apparait en moi, joyeux et heureux de devenir papa... Il m'a touché, quoi que j'en dise. Sa tendresse et sa joie retrouver, semblant dépourvue de colère et de haine, m'incite à y croire, mais je suis terrifiée à l'idée de lui redonner mon cœur. Une larme s'écoule sur ma joue, alors que je l'imagine avec nous, dans ce lit vide... Moi, blotti contre lui alors qu'il effleurerait l'image de son fils, protégé aux creux de mon corps endoloris. Soudainement, un petit pied vient lourdement frapper contre ma main...

— Ok, mon Beby's... Je laisserai ton papa me parler, ce soir. Je ris lentement, alors que ses coups se multiplient gaiement.

Je souris, bêtement, en me blottissant dans les cousins. Il est encore tôt, et pour une fois depuis très longtemps, je rêve de croquer dans une viennoiserie. Tu as faim, bonhomme, n'est-ce pas ? Alors que je réunis mentalement mes forces pour partir affronter le froid et satisfaire mon petit ogre, la sonnerie de l'appartement retentit... Je me demande qui peut bien vouloir me voir aussi tôt le matin, car il n'est que 7 heures. J'attrape mon déshabillé noir, histoire de ne pas mourir de froid en sortant des couvertures pour partir ouvrir. Je suis une fidèle des pyjamas shorty, ne supportant pas le reste. Et celui que j'ai trouvé pour la grossesse est juste parfait, avec sa ceinture élastique. Bien sûr, comme tout chez moi, il est noir. Je vais devoir faire un petit effort, pour mon bonhomme ! Je me hâte à la porte, prête à râler si c'est une bêtise.

Mais en ouvrant, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Andy, sur le palier, semblant carrément réveiller. Plus que moi, en tout cas... J'ai l'impression que mon bonhomme s'agite, alors que son père et moi échangeons un regard. Ses cheveux recouvrent un peu ses yeux, alors que son regard est vif. Ses cernes ont disparu, et son visage, bien que toujours plutôt fin, n'est plus aussi creusé que lorsque ont, c'est quitté. Il est beau, vraiment beau. Je rougis, intimidée, et ne sachant plus vraiment comment réagir.

—Salut, Andy...

— Tu as enfin fini de m'appeler Andrian, ça, c'est le pied ! Il se met à rire, avant de regarder le sol, puis relève son regard vers moi, intimidé. Bien dormi, mes amours ?

Il me fait fondre, et n'importe quelle femme foncerait directement dans ses bras... Seulement, ce n'est pas possible. Je ne peux pas oublier tout le mal qu'il m'a fait, ce jours-là. Car j'ai bien cru ne jamais pouvoir me relever. Après tout ce qu'on avait traversé, c'était l'abandon de trop, pour mon cœur qui a volé en éclats. Sans Beby's, ils se seraient probablement éparpillés dans l'atmosphère en me laissant vide, pour toujours... 

— Qu'est-ce que tu fais là, à cette heure-ci ? Tu n'es pas vraiment du matin, habituellement... Je croise les bras, en levant un sourcil interrogateur.

— Je me lève à 6 heures, quotidiennement Kiara... Je craignais de venir trop tôt, d'ailleurs, mais... Tu me manquais. Il tend sa main vers mes hanches, mais se ravise, en me voyant prête à reculer.

Speedrain [Terminer]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant