Chapitre 38 : Folie.

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Absente. Vide. Morte...
Des mains agrippent mon corps sans vie, m'arrachant aux dernières effluves de ses bras. Mon âme est enlacée dans la sienne pour l'éternité et mon regard refuse de le lâcher, d'affronter ce qui m'attend plus haut. Nos amis, la foule, Heatedly... Je n'ai pas la force de sourire, car c'est à peine si j'ai encore la force de vivre. Amené en haut de ce fossé, sur ce virage ou mon monde a tourné, on me pose une couverture sur le dos. À quoi bon ? Laissez-moi mourir... Je la repousse, mais Jack me la remet en me serrant contre lui. Je vois des lèvres bougées, des regards meurtris, des larmes qui s'écoulent en cascade dans nos yeux éteint... Les mains tremblent et les gens se recroquevillent, apeurés. Quant à moi, je suis à l'arrêt, n'entendant plus rien d'autre que le sang qui s'écoule lourdement dans mes veines. Mon cœur bat, mais aucune de mes connexions nerveuses ne répond... Mon âme s'en est allée, alors que mes yeux observent leurs visages comme s'ils regardaient un film d'horreur, dans l'écran vide d'une télé sans son...

J'avance, un pas après l'autre, tels un zombie mordu par la peine et le désespoir. Sans but et sans aucune issue, toutes lumières s'étant éteinte. Mais j'avance, car si je m'écroule, je ne me relèverai pas. Fusionné avec le sol, plutôt que dans ses bras... Avec l'envie de hurler, dans l'écho sans vie d'une faille béante. Mais que s'est-il passé, et pourquoi lui ? Une chaleur monte, dans ma poitrine. Une angoisse, indestructible, en voyant l'attente de tous ces gens, me regardant sous le choc, comme s'ils ne comprenaient pas ce qu'il se passe... Il n'y a rien à voir... Circulez. Car la plupart d'entre eux ne le connaissaient même pas. Qu'ils s'en aillent, car le spectacle est terminé...

Mes pieds raclent le sol, mon poids devenant trop lourd à porter. Le regard vide, je sens qu'on me soutient pour maintenir mes pas pendant qu'au loin, les faisceaux lumineux des ambulances se précipitent vers lui... Mais il est déjà parti. L'avion s'est déjà envolé, n'attendant pas le reste des voyageurs qui restent sur le tarmac, une larme à l'œil... Mais un visage se dessine dans la foule. Un démon, au sourire insupportable... Mes instincts sont en alerte et je me pétrifie, arrêtant ma marche morbide. L'ensemble de mes connexions se précipite à mon cerveau, l'encombrant d'une folie douce et meurtrière ou la rage surplombe la désolation. Je repousse mes chaînes et tout ce qui se trouve autour de moi, pour lui courir dessus en me frayant violemment un chemin dans la foule. Telle une grenade, qu'on aurait précipitamment dégoupillée, prête à exploser.

Au ralenti, j'entends chacune des pulsions de mon cœur. Je ressens les larmes qui volent au coin de mes yeux pour remplir l'atmosphère de minuscules gouttelettes d'eau, insignifiante, à côté de ce que Breakstorm viens de faire. Tout est sa faute, et je le sais au fond de moi. Il me l'a enlevé, de la pire des façons qu'il soit, et il doit payer pour ça... Il n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, que mes mains prennent place sur sa gorge. Je la sers avec une force venue des tréfonds noire de mon cœur en cendre... Mes pupilles se dilatent et mes veines ressortent, explosant dans un tourbillon dangereux de haine et de rancœur. Je le maintiens, contre ce lampadaire, en laissant sortir les éclats de rage virulente qui m'animent.

Qu'est-ce que tu as fait, Victor ? Qu'est-ce que tu lui as fait putain ! Tu l'as tué ! Mes cris sortent des enfers, alors que l'ensemble de mes muscles se tend...

Il se met à rire, en me disant qu'une folle comme moi doit être enfermée, et il a raison. Je suis folle, une putain de folle en perdition, as qui on vient d'enlever son plus beau trésor. La personne la plus chère à mon cœur. Et je pourrais bien tuer, pour le faire revenir. Mais ce qui me fait le plus mal, c'est que quoi que je fasse désormais, il ne reviendra pas... Victor et Mickaël vont payer, et les cris de Jack ne m'arrêterons pas... La foule se presse contre les barrières, alors que j'envoie valser au sol le corps de Victor avant de le ruer de coups, pour expulser tout le mal en moi... Je sens les mains de mon ami sur moi, mais je le repousse, redoublant d'une force inconnue. Mes veines noircissent, à mesure que je le frappe, alors qu'un bruit métallique, tombe de sa poche et attire mon regard.

Speedrain [Terminer]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant