Chapitre I

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Sept ans plus tôt.


Mes doigts caressent intelligemment les cordes de la guitare électrique rouge qui est lâchement attachée à mon épaule droite. Je les glisse une fois, puis à nouveau, laissant les notes se confondre dans la salle. Les chuchotements fusent, l'épais rideau rouge se lève alors que Zayn tourne les baguettes de sa batterie entre ses doigts, le torse seulement recouvert de son blazer noir.

Je positionne mon médiator contre le manche de ma guitare, parée à jouer. Mes paupières sont fermées, je respire l'air de la pièce, je sens les spots nous illuminer alors que Zayn entame le décompte du commencement à l'aide du bruit sourd que forme la rencontre de ses baguettes en bois entre elles.

Mes pupilles scindent les spectateurs du regard, mon regard maquillé de noir à paillettes les rencontre alors que mon coéquipier porte le dernier coup avant le début du concert.

Le pouce appuyé contre le manche de mon instrument, je fais glisser mes doigts contre les sillets, les notes vibrent en moi, mon estomac se retourne un petit peu plus à chaque retentissement. La mélodie prend forme sous mes doigts, je laisse Zayn performer quelques instants avant d'y ajouter ma voix.

Formant une harmonie presque lugubre, la musique se joue devant nos invités. À mesure que je chante, je me laisse abandonner au plaisir que cela me procure, de la sueur se forme sur mon front alors que mes épaules sont bientôt dénudées de la chemise blanche que j'ai revêtue par-dessus mon corset en cuir rouge.

Mes pieds tremblent sur le sol en parquet de la scène.

Je nous sens nous perdre dans le bruit de nos instruments respectifs, tantôt, les lumières brillent, tantôt, elles restent stables. Mon cœur flanche lorsque la batterie se stoppe, cela signifie que la musique est bientôt finie, je m'arrête de chanter, mes doigts glissent plus lentement alors que le son se tait finalement.

Une seconde de silence nous attend avant que de lourds applaudissements viennent nous submerger, à cette résonance s'ajoute quelques sifflements, tous nous acclament avant de nous demander de continuer.

L'ecstasy que j'ai prise plus tôt court dans mes veines avec vivacité tandis que je lève les bras en caressant mes cheveux qui retombent ensuite à leur place, la foule me suit et me demande, je ferme les yeux à nouveau : ce sentiment de victoire me plonge dans un bonheur éternel auquel je suis habitué qui me manque à la seconde où je descends les marches de la scène.

C'est inévitablement ce qui m'arrive alors après avoir joué presque l'entièreté de nos musiques sur cette nouvelle scène que nous ne connaissions pas et que le rideau s'est refermé. Zayn m'attrape les épaules en me rattrapant après notre performance alors que je me dirige au bar : au contraire de moi, Zayn reste calme sur scène tandis qu'il devient euphorique par la suite.

Cela m'aide à rester fière de notre travail, nous avons extrêmement bien joué ce soir pour une première dans ce bar plutôt connu des personnes aisées de New-York.

– Finissons la soirée en beauté, me glisse-t-il alors qu'il sort un joint de sa poche de costume, toujours torse nu.

– Allons d'abord fêter ça autour d'un verre, après, nous pourrons profiter, je lui réponds.

Je le gratifie d'un clin d'œil, les coins de sa bouche se relèvent en un rictus. C'est notre petite routine d'après concert, nous avons toujours fonctionné comme ça.

Ma carrière – en tant que guitariste – cependant, n'avait pas toujours été aussi prodigieuse. J'avais d'abord commencé, seule, dans les rues peu stratégiques. Seulement, mon but d'attirer les regards sur ma musique n'allait pas fonctionner si je restais livré à moi-même. Ma production n'était que des reprises, quelques chants par-ci et quelques coups de guitare par là : cela n'avait jamais été concrétisé au sein de New-York.

Blow That Out ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant