Chapitre V

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Sept ans plus tôt.


Selene Bell. La jeune femme à l'odeur de café, assises à côté de moi, se nommait Selene, elle m'avait monologué sa vie en vif pour que nous fassions rapidement connaissance, Zayn et moi avions également partagé la nôtre ensuite.

Elle vivait d'abord dans une maison calme avec ses parents avant de se déplacer à New-York lors de sa majorité pour réaliser ses rêves de petite enfant, devenir journaliste ou avocate... Quelque chose qui lui allait bien. Elle m'avait expliqué ne pas être contrainte d'effectuer un métier, mais que l'illusion d'être une femme de la société normale lui donnait plus de réconfort que de se sentir oppressé par l'argent. Finalement, je l'appréciais plutôt bien après avoir pris la peine de patiemment l'écouter. Sa personne, au contraire des conclusions hâtives que j'avais faites à son sujet, m'étaient maintenant complètement venimeuses lorsque je repensais à la vie difficile qu'elle semblait mener, même avec tout l'argent qu'elle possédait sûrement.

Alors que les mains de Zayn s'affairaient à faire tourner le guidon du véhicule, nous sentions les graviers crisser sous les pneus et le van se secouer. Nous sommes arrivés.

– Bordel ! Bell, tu nous régales !, s'exclame la voix enjolivée du batteur en claquant la portière avant, le regard rivé sur l'immense bâtiment devant nous.

Je suis contente de ne plus être agacée lorsque je reviens à la réalité en ouvrant à mon tour la porte pour poser les pieds à l'extérieur. Selene me suit. Son élégante sournoise se déplace comme la brise dans l'entrée de l'hôtel, la puissance avec laquelle elle respire la richesse qui en ressort me tord l'estomac, c'est divinement excitant, et elle le sait à en regarder comment son corps bouge alors qu'elle traverse l'allée pour se rendre à l'accueil. Je lance un regard complice à mon ami, il lève les sourcils, étonné de la beauté et la valeur dans laquelle nous allons baigner cette nuit et les suivantes.

– Je t'avais dit que nous avions bien fait de faire connaissance avec elle.

Je lui décoche un léger coup de coude avant d'avancer dans l'allée, entrant dans un monde complètement parallèle au nôtre.

Les lustres illuminent mes yeux alors que je découvre totalement la beauté innée de cet endroit qui m'était jusqu'alors inaccessible. Selene veut probablement nous séduire avec sa richesse, le problème est qu'elle en use que trop bien. Il m'est incapable de la détailler du regard sans penser à elle sous des draps, c'est une femme attirante qui sait jouer de ses atouts pour que vous la dévoriez des yeux à vous en languir. Une certaine patience, avec laquelle elle jouait, qui émanait de ses mouvements expressifs.

Nous arrivons à proximité d'elle et du comptoir qui trône au milieu du hall qui ressemble plus à une piste de danse pour un bal qu'une entrée d'hôtel tant, c'est gigantesque.

La réceptionniste reçoit Selene avec gentillesse, son blouson sur les épaules à l'effigie de l'entreprise, ses lunettes sont détendues sur son nez, tout en attendant que la brune en notre compagnie lui indique ce qu'elle désire.

– Pourriez-vous nous attribuer vos deux plus grandes chambres au nom de Bell, s'il vous plaît, le timbre de Selene est si détendu que cette bienveillance m'étonne tandis que la vieille femme lui apporte deux clés dorées, merci.

– Au plaisir, répond la femme derrière le comptoir en un sourire chaleureux.

Les bottes caramel de Selene claquent contre le sol qui brille sous nos pieds, je peux y apercevoir mon reflet tant il est étincelant. Je ne me sens soudainement pas aussi légitime de marcher sur ce sol qui sent la richesse et le luxe à plein nez, alors que je porte mes bottes favorites aux pieds, au contraire de Selene, qui doit y être sacrément habituée dû à son mode de vie.

Zayn a du mal à se défaire de sa contemplation lorsque la brune et moi nous dirigeons vers l'ascenseur afin de monter dans nos chambres pour la nuit alors, je le prends par la main. Ce n'est que lorsqu'il est maintenant en train de marcher à côté de nous que je le lâche.

– Tu m'épates franchement Bell, s'exprime soudain Zayn d'une voix ferme.

Pour toutes réponses, elle lui lance un petit rire suivi d'un rictus accroché à ses lèvres.

Nous continuons ensuite ainsi jusqu'à atteindre nos chambres respectives. Selene nous a mises ensemble dans la même chambre, cela ne me dérange pas, j'ai déjà dormi avec des femmes et si cela me permet d'avoir accès à toute cette fortune alors ce n'est vraiment pas de refus pour notre groupe. Je salue Zayn avant de me diriger dans notre chambre où Selene est déjà entrée.

Il me jette un clin d'œil avant de disparaître dans l'embrasure de la porte tandis que je referme la mienne. Cela doit faire au moins deux années que je ne me suis plus séparé de lui, je ne suis pas inquiète au contraire, j'apprécie cette petite pause dans la vue de mon ami et je pense que lui également. Nous sommes inséparables, évidemment, mais une pause était nécessaire, maintenant que j'y repense. Et c'est l'occasion parfaite pour en apprendre plus sur cette mystérieuse et charmante jeune femme qui ne sort de nulle part et qui pourtant nous amène dans des hôtels complétement mythiques pour nous.

Je suis choquée par l'impassivité dont Selene fait preuve lorsque je me retourne et que je remarque que ses bottes jonchent sur le sol en parquet et que ses bras se lèvent afin de se débarrasser de sa robe, sa peau olive luit dans la faible et unique lumière diffusée par de petites lampes accrochées au mur de part et d'autre du grand lit qui se trouve devant moi. Sa fine silhouette se glisse dans la gauche, ce que je pense être la salle de bain, seulement vêtue de ses sous-vêtements à dentelles noirs, comme si je n'étais pas présente dans la pièce. Ça aussi, elle me l'avait très bien expliqué, sa facilité à être transparente avec d'autres femmes.

Alors qu'elle s'affairait dans la pièce d'à côté, je me laissais tomber sur le lit gigantesque aux draps blancs et soyeux quelques minutes. Ce temps se rallongea tant que je pensais que j'étais en train de somnoler jusqu'à ce que la porte s'ouvre à la volée. Je fus surprise par cet énorme bruit qui m'obligea à me lever en sursaut, la main sur le cœur.

Mes sourcils se froncèrent alors à la vue de la tenue extravagante que portrait Selene, elle n'avait amené aucun vêtements, aucuns bagages, comment cela se faisait-il qu'elle ait cette robe sur elle et qu'elle soit apprêtée de la sorte. Si elle dormait dans ce genre de tenue, il valait plutôt fuir aussi vite que possible.

Une petite et fine robe noire qui s'apparentait fort à une nuisette tombait sur ses hanches, laissant le tissu virevolter contre ses formes, un gros manteau de fourrure noir également pendait à son bras et des escarpins aux talons dorés luisaient contre ses doigts qui les tenaient alors que son regard plein de malice venait rencontrer mes yeux qui lui lançaient des interrogations.

Confuse, je ne tarde pas à prendre la parole.

– Où est-ce que tu as trouvé tout ça ?, demandais-je sans même essayer de cacher mon étonnement.

Elle lance un coup d'œil vers le fond de la pièce d'où elle sort, je m'accoude contre le matelas à l'aide de mon coude pour entrevoir un gros dressing surplomber la moitié de la salle de bain déjà immense. Sa tête se retourne vers moi, mais je ne comprends toujours pas pourquoi elle est habillée de la sorte. Son expression se décompose face à mon désintérêt, elle dépose les escarpins au sol et les chaussa à ses pieds avant d'accourir en ma direction, je me redressais, tous mes sens en alerte.

– Attrape quelque chose à te mettre sur le dos, tu ne vas pas rester là, nous sortons !, m'explique-t-elle.

Presque ahurie par son autorité et sa façon de me demander de sortir avec elle, je me démène pour me trainer jusqu'à la salle de bain dont elle vient tout juste d'en ressortir. Elle s'assoit sur le lit afin de patienter pendant que je me pime pour aller en soirée avec cette femme avec laquelle je viens tout juste de faire connaissance.

Blow That Out ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant