Chapitre VIII

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Présent.


Mon envie de sommeil ne fait qu'accroître lorsque j'apporte la tasse de café chaud et que je sens l'odeur m'emplir les narines, alors que je m'apprête à boire une gorgée de ce dernier, je me brûle la langue à cause de sa chaleur.

Surprise, je repose ma tasse avec violence sur cette petite assiette en céramique que m'a apporté la serveuse, suivit de mon café, chaud. Un long souffle quitte mes lèvres, rien ne me plaît dans ce qu'il se trame ces derniers jours. Cela fait déjà plus d'une semaine que Sélène a subitement reprise vie auprès de moi et autant dire que cela ne fait qu'entraver mon existence. Et notre ébat, qui n'avait rien d'épris, ne fait qu'empirer tous ces facteurs.

Je ne suis pas perdue, oh ça non, je sais simplement que Sélène manquait et manque toujours à ma conscience sans que je puisse mettre un mot ou un sentiment quelconque là-dessus. Vivre seule était un abysse de solitude qui n'augurait jamais rien de bon, sortir était devenu un châtiment que je me forçais à m'infliger ne serait-ce que pour pouvoir me nourrir, car lorsque nous n'avions personne, nous étions inévitablement livrés à nous-même.

Mais, aujourd'hui, je n'étais plus isolée, Sélène me devait bien ça. Je pense qu'après tant d'année à me torturer l'esprit pour essayer de comprendre les raisons de sa fuite soudaine, le blâme dont je m'étais acuité, les remords auxquels je pensais mainte et mainte fois n'avait jamais suscité chez moi un très grand plaisir. Alors, ne pas pouvoir les exprimer alors même que j'avais eu l'occasion de le faire les quelques derniers jours où nous nous étions vues et aperçues ou plus... Devant Sélène, ma langue était nouée, ma gorge scellée et je ne pensais qu'à elle. Elle et sa personne si solennelle pour tous.

Je fis abstraction des pensées fugaces qui m'envahissaient lorsque je repensais à ces mois, seule, à me tarir dans le noir, pendant qu'elle devait probablement jouir de la plus grande des richesses. Cela me rendait folle, de savoir que nos rôles avaient ainsi pu être échangés. Sans préoccupations.

Peu importe, cette femme et moi, étions affectés de la même manière. Il n'y avait plus de secrets à partager ou de remords à pleurer, seulement une affaire à sceller. Et plus rien de plus ne pouvait s'y greffer désormais.

***

Le carton poussiéreux glisse sur mes paumes, je le saisis et souffle dessus afin d'y enlever le plus de poussière possible, je le dépose ensuite sur le comptoir de ma cuisine avant de fouiller à l'intérieur.

Ce carton comporte l'entièreté de ma carrière en tant que guitariste, des articles, des médiators, des photographies, mais aussi l'article le plus récent sur le haut de la pile : celui du supermarché d'il y a quelques jours. Le premier que j'ai pu apercevoir en sept ans.

Celui-ci raconte que la mort de Zayn serait subite, trop caché par les médias pour ne pas paraître normale, pour ne pas attirer l'œil ainsi que l'attention. Je le retourne en voyant le visage de la victime.

Je ne veux pas y repenser. Les tremblements s'intensifient, je souffle au moins trois fois de suite avant de continuer de fouiller dans ces papiers.

J'y retrouve ce que je recherchais depuis quelques heures plus tard, un bout de carton rectangulaire, une couleur brune qui a un petit peu jaunit sur le coin, je la retourne, un numéro me fait instantanément face.

Je l'enfonce dans mon blazer que je n'ai même pas pris le temps d'enlever lors de mon arrivée, j'en sors également mon téléphone et m'empresse d'appeler la seule personne que je ne me pensais pas possible de rappeler un jour après tout ce dont nous avons fait face.

Deux sonneries retentissent avant qu'une voix ne m'interpelle :

– Je te fais grâce d'être tragiquement partie comme une mal faiseuse.

Blow That Out ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant